SOTCHI, Russie - C'est connu depuis longtemps: le double champion olympique des bosses Alexandre Bilodeau puise énormément d'inspiration en son frère aîné, Frédéric, qui est atteint de la paralysie cérébrale.

Comme après sa victoire à Vancouver en 2010, Bilodeau cherchait Frédéric des yeux, lundi soir, au bas de la piste du Parc extrême Rusa Khutor, où il est devenu le premier Canadien à défendre avec succès son titre olympique. Une fois qu'il l'a trouvé, plus rien ne comptait. Il est allé le trouver, l'a enlacé et l'a même soulevé par-dessus la clôture afin qu'il célèbre avec lui son triomphe.

Mais on a aussi vu que Frédéric, qui est âgé de 32 ans, a maintenant du mal à se tenir debout. C'est que depuis Vancouver, son état se détériore. La condition de Frédéric a forcé la famille Bilodeau à quitter la résidence de Rosemère qu'ils habitaient afin d'emménager dans un condo de Montréal, dans lequel toutes les pièces sont sur le même palier.

«Des amis de la famille avaient un enfant handicappé. Un jour, en revenant de faire l'épicerie, le petit avait déboulé les escaliers et il en est mort. Mes parents ont réalisé qu'ils devaient faire quelque chose. Ce n'est pas évident et il en est très conscient: depuis son arrivée en Russie, il voit que c'est plus compliqué avec la chaise roulante et il se sent un fardeau pour nous. Nous passons notre temps à lui dire que ce n'est pas le cas, mais c'est difficle pour nous de réaliser tout ça, a raconté Bilodeau, avant de fondre en larmes. Excusez-moi, ça me fait mal au coeur.»

Après lui avoir laissé le temps de reprendre ses émotions, les journalistes lui ont fait remarquer qu'il lui apportait du bonheur.

«Du mieux que je peux en tout cas.»

Bilodeau a raconté comment Frédéric vivait certains de ses rêves «par procuration», soit avec Alexandre dans les bosses, ou avec Béatrice, sa jeune soeur de 20 ans qui entamera bientôt ses études en droit.

«J'apprends à chaque jour (avec lui). Il m'inspire beaucoup, a-t-il poursuivi. Ça m'aide à voir la vie. Ça m'en dit beaucoup. Il est tout à fait conscient: c'est physique surtout, son handicap. Il accepte ça si bien. Moi, il y a des choses insignifiantes que je n'accepte pas. C'est pathétique comme ça. Ça te ramène sur terre.

«J'ai la chance de tout réaliser, de tout mettre en place pour poursuivre mes rêves, mais lui, il n'a même pas ça. Il n'a même pas espoir de réussir certaines choses et il réussit à le faire à travers moi.»

Et Frédéric est aussi celui qui l'a motivé ces quatre dernières années.

«Oui, j'ai une famille, une copine extraordinaire, une équipe d'entraîneurs. Mais la personne qui me motive à continuer dans les hauts et les bas, c'est mon frère. Maintenant, il veut voir le Alex qui n'est pas skieur. Il va m'encourager dans tout ce que je vais faire. Et il est aussi intense avec ma soeur: il ne l'a pas lâchée pour qu'elle aille chercher ses lettres de référence pour ses inscriptions. Il est motivant.

«C'est mon frère, c'est le 'happy camper' qui va nous motiver à chaque jour.»