Le hasard fait parfois bien les choses. David Desharnais a admis avoir contemplé la retraite à l'aube de la présente saison, mais il s'est ravisé et représentera maintenant le Canada aux Jeux olympiques d'hiver de Pékin.

Desharnais et ses coéquipiers de l'équipe canadienne se trouvent présentement à Davos, en Suisse, où ils prennent part à un camp d'entraînement qui s'étalera sur huit jours, en prévision du tournoi olympique.

« Dans un monde normal, il n'y aurait eu aucune, mais aucune chance (que je fasse partie de l'équipe olympique). Heureusement, ou malheureusement, nous vivons dans un monde un peu bizarre présentement et la LNH a décliné, donc ç'a donné l'opportunité à d'autres joueurs de représenter le Canada, et j'en fais partie. Je suis très excité », a déclaré le Québécois en visioconférence lundi matin.

Ainsi, à défaut d'avoir pu soulever la coupe Stanley pendant son séjour dans la LNH, le vétéran âgé de 35 ans pourrait maintenant se retrouver avec une médaille olympique accrochée au cou. Tout un revirement de situation pour un joueur qui a failli accrocher ses patins à l'aube de la campagne.

« La pandémie, le fait de jouer devant des gradins vides et être loin de la maison... Je me suis retrouvé en quarantaine ici, dans un plus petit appartement - on ne pouvait pas aller dehors, des petites choses comme ça. Si j'avais été au Québec, et bien au moins j'aurais eu mon terrain, j'aurais été chez moi et j'aurais eu de la famille pour m'aider avec les enfants quand ça va moins bien. C'était tout ce contexte-là. Nos matchs étaient annulés, et je me demandais vraiment combien de temps ça allait durer. »

« Si ça dure encore deux ou trois ans, je me demandais: 'Est-ce que ça te tente de continuer de jouer dans ce contexte-là?' Mais je crois que je n'étais tout simplement pas prêt (à prendre ma retraite) », a-t-il ajouté.

Le hockeyeur de cinq pieds, sept pouces et 180 livres s'est donc retrouvé au sein d'une longue liste de candidats pour porter l'uniforme orné de la feuille d'érable, qui a été écourtée à 90 joueurs au début du mois de janvier après le retrait des joueurs de la LNH. Il a finalement appris, il y a une dizaine de jours, qu'il avait obtenu son poste avec Équipe Canada. Un rêve devenu réalité.

Desharnais croit qu'il a été retenu entre autres parce que son style de jeu correspond à celui que recherchait l'équipe canadienne en vue des JO.

« Au-delà du talent, Équipe Canada sera très structurée et travaillera très fort. C'est sûr que ce sera notre ADN. Ce sera un mélange de très bons jeunes joueurs - Owen Power, le premier choix du dernier repêchage de la LNH, en fait partie - et de vétérans. Évidemment, nous n'aurons pas le talent de la LNH, mais c'est un bon mélange et on va essayer de cliquer au bon moment tout le monde ensemble », a-t-il décrit.

Évidemment, comme bien des gens, l'ex-no 51 du Bleu-blanc-rouge a admis qu'il avait été estomaqué d'apprendre le retrait de l'entraîneur-chef Claude Julien, qui s'est fracturé des côtes le week-end dernier. Il croit cependant que Jeremy Colliton sera en mesure d'amener sa troupe à bon port.

« Ç'a été toute une nouvelle (le retrait de Julien), a admis Desharnais. Je suis arrivé ici samedi et j'ai appris la nouvelle lors de notre première réunion d'équipe. C'était surprenant, mais vous savez, les blessures se produisent tout le temps, même si c'est rarement le cas pour un entraîneur. Ce n'est qu'un obstacle de plus sur notre route, et il y en aura d'autres, avec la COVID-19 et les blessures aux joueurs. C'est malheureux pour lui (Julien), mais il faut continuer et s'assurer qu'on le rende fier. »

Selon l'ex-espoir des Saguenéens de Chicoutimi, dans la LHJMQ, les Canadiens devront aborder le tournoi olympique dans le même état d'esprit que s'ils étaient les favoris - même si, de prime abord, la Russie, championne en titre, semble l'être en raison de la présence des joueurs de la KHL.

« Il faut qu'on pense que nous sommes les favoris. Nous avons déjà prouvé par le passé que nous pouvons être les meilleurs, donc c'est notre approche pour le tournoi. Nous entamerons le tournoi en nous disant que nous pouvons l'emporter », a-t-il dit, sans hésitation.

Le patineur de Laurier-Station dispute sa troisième campagne avec le HC Fribourg-Gottéron, en Ligue A Suisse. Desharnais a marqué 13 buts et amassé 19 mentions d'aide en 38 parties jusqu'ici cette saison. Une renaissance qu'il explique de façon bien simple.

« Dans mes dernières années dans la LNH, je jouais moins, donc j'avais moins d'opportunités offensives. Et je ressortais peut-être un petit peu moins. J'ai retrouvé cette touche-là depuis quelques années, et on me fait plus confiance. J'ignore le rôle qu'on me confiera (avec Équipe Canada), mais ç'a été de bonnes années ici en Suisse, qui m'ont permis de retrouver ma confiance et ma touche offensive. C'est ce qui me rend heureux », a mentionné celui qui a aussi porté l'uniforme de l'Avangard d'Omsk, en KHL, au fil de sa carrière de hockeyeur professionnel.

Quant à savoir s'il compte poursuivre sa carrière encore longtemps, le principal intéressé a simplement dit: « On verra, ce sera une réflexion chaque été. Les enfants grandissent et on verra où nous en serons. Mais on aime bien la vie ici (en Suisse) ».

Desharnais a marqué 87 buts et récolté 195 mentions d'assistance en 524 matchs en carrière dans la LNH, surtout avec le Canadien de Montréal, mais aussi avec les Rangers de New York et les Oilers d'Edmonton.

Le tournoi olympique de hockey masculin se déroulera du 9 au 20 février à Pékin, en Chine.