Le rugby à sept, c’est un drame en deux actes, un court métrage où on va droit au but, en sautant le générique et la mise en place. Chaque erreur peut coûter le match, chaque point marqué vaut son pesant d’or. Le Canada a d’abord joué dans un mauvais film dans le premier bloc de matchs de la journée, la dernière ronde des matchs de poule. Il y affrontait la Grande-Bretagne, classée 4e dans le tournoi, juste derrière lui.

Jamais en contrôle de la rencontre, bousculées sans pouvoir relever la tête, les Canadiennes, qui avaient été parfaites en ne concédant aucun point dans leurs deux premiers matchs, n’ont pu en marquer un seul devant leurs grandes rivales. La dégelée de 22 à 0 aurait pu leur être fatale, sabordant leur confiance et semant un doute profond en elles. Une victoire leur aurait donné les Fidji comme adversaire, une défaite les a plutôt mises sur le chemin de la France.

Ce match de quart de finale a commencé sur des bases chancelantes, Ghislaine Landry ratant le coup d’envoi et permettant à la France d’amorcer la rencontre en force, et lorsque Le Pesq a marqué l’essai français à a 3e minute, on craignait le retour d’un scénario catastrophe comme plus tôt dans la journée. La réplique de Moleschi, dans un brillant effort individuel, a permis au Canada de niveler la marque, relançant ainsi les espoirs canadiens.

Le scénario a pris une nouvelle tangente quand Bianca Farella, en artiste invitée, a fait son entrée après la pause et marqué un essai qui poussait son équipe en avant pour la première fois en quatre demies consécutives. L’histoire se corsait, la France acculée au pied du mur multipliait les efforts et une faute de mains dans les derniers instants l’a privée d’un ballon qui aurait pu la mener en prolongation. Ce fut plutôt l’essai de Ghislaine Landry qui ponctua le match, en une belle rémission pour son amorce en demi-teinte. Par cette victoire à l’arraché, le Canada passe en demi-finale contre l’Australie, la grande favorite du tournoi olympique.

Quelle sera la teneur de l’intrigue cette fois-ci? Un thriller avec embuscades et coups fourrés? Un film d’action avec enchaînement de péripéties? Un film d’horreur avec une chute qu’on préférerait ne pas connaître? Une science-fiction avec Capitaine Kish en vedette ou un drame épique avec une fin heureuse? Toutes les trames sont possibles et dans les deux camps on a des interprètes de grand talent.

Karen Paquin pourrait bien prendre un premier rôle pour le Canada, elle qui a été choisie sur l’équipe du jour par le « World Rugby Sevens ». Sa détermination sur le terrain est un grand atout pour son équipe parfois en manque de leadership. Kayla Moleschi pourrait aussi partager la vedette, elle qui a été très constante depuis le début du tournoi. Dans des rôles de soutien, Capitaine Kish bien sûr ou même Bianca Farella, celle qui amène la cavalerie sauver les héros. Mais pour leur donner la réplique, on est bien outillé chez les Australiennes avec une Charlotte Caslick, sérieuse prétendante à l’Oscar de la meilleure actrice. Emma Tonegato pourrait aussi être celle qui attirera les feux des projecteurs. Tout comme Caslick, elle est en tête des marqueuses d’essais avec six à sa fiche.

Les deux équipes se sont rencontrées quatre fois durant la saison 2015-2016 des séries mondiales : trois victoires pour l’Australie, mais une victoire du Canada en finale du dernier tournoi de l’année à Clermont-Ferrand par 29 à 19. Et l’Australie, bien que redoutable à Rio, a montré qu’elle n’était pas inaccessible quand elle a fait match nul avec les États-Unis en dernier match de phase de poule.

Dans l’autre demi-finale, la Nouvelle-Zélande affrontera la Grande-Bretagne et encore là tous les scénarios sont envisageables. La grande constance des Néo-Zélandaises dans le tournoi les plaçait comme grandes favorites, jusqu’à cette courte victoire 5 à 0, le plus petit score jusqu’à maintenant, devant des Américaines courageuses et opiniâtres. Elles non plus ne sont pas hors d’atteinte.

Toutes joueront pour décrocher enfin le rôle de leur vie, accéder à la finale pour remporter l’oscar suprême des Jeux de Rio, une médaille d’or.