Copacabana a consacré samedi le Belge Greg Van Avermaet, qui a remporté l'épreuve de cyclisme sur route des JO de Rio, le plus beau titre de sa carrière, dans un décor de carte postale en mondiovision.

Van Avermaet, vainqueur d'étape et maillot jaune pendant le Tour de France, a réglé au sprint ses deux derniers compagnons, dans l'ordre le Danois Jakob Fuglsang et le Polonais Rafal Majka, lequel a été rejoint à seulement 1400 mètres de l'arrivée.

La formation canadienne était représentée par Antoine Duchesne, Hugo Houle et Mike Woods. Woods, qui constituait le meilleur espoir de médaille dans cette épreuve, a été le seul d'entre eux à compléter l'épreuve au 55e rang, à 20 minutes du vainqueur.

Après avoir croisé le fil d'arrivée, l'Ottavien a toute de même tenu à rendre crédit à Duchesne, de Saguenay, et Houle, de Sainte-Perpétue, qui ont respecté leur promesse de l'amener jusqu'au circuit « ista Chinesa ». Ce col est extrêmement dénivelé, et il a séparé les meilleurs grimpeurs du reste du peloton.

Les premiers poursuivants ont échoué à une poignée de secondes sur le front de mer de Copacabana, envahi doucement par l'ombre après une chaude journée à plus de 30 degrés de température.

Dans un scénario dramatique, une chute dans la dernière descente a sorti du jeu à 12 kilomètres de l'arrivée l'Italien Vincenzo Nibali, grand protagoniste de cette course olympique, et le Colombien Sergio Henao. Tous deux étaient échappés avec Majka et disposaient d'une quinzaine de secondes d'avance sur les poursuivants.

Majka a poursuivi son effort mais le meilleur grimpeur du Tour n'a pu résister au forcing de Van Avermaet, plus puissant, et de Fuglsang, sur les 7 derniers kilomètres de plat menant à la ligne d'arrivée.

La course, longue de 237,5 kilomètres, a pris la forme d'un match à trois entre les équipes les plus nombreuses numériquement (Espagne/Italie/Grande-Bretagne) dans la descente du deuxième des trois tours du circuit de Canoas/Vista Chinesa, en surplomb des célèbres plages de Rio.

Chutes en série

Auparavant, une échappée lancée dès la première demi-heure avait réuni sept coureurs (Kwiatkowski, Pantano, Geschke, Albasini, Kochetkov, Byström). Leur avance avait approché les huit minutes avant que les trois équipes réduisent l'écart.

Nibali, aidé par Fabio Aru pour la « Squadra », s'est lancé à l'offensive à 35 kilomètres de l'arrivée. Derrière le groupe de dix formé à son initiative (avec Caruso, Zeits, Thomas, Henao et Van Avermaet, premiers contre-attaquants, puis Yates, Fuglsang et Majka), les Espagnols ont mené la chasse en demandant de l'aide pour réduire l'écart d'une cinquantaine de secondes.

Dans l'ultime ascension, le Britannique Chris Froome est parti à l'attaque dans son style caractéristique. Son dauphin du Tour de France, Romain Bardet, a tenté en vain de le suivre. Mais à l'avant, Nibali a forcé l'allure et a fini par provoquer la décision avant le sommet, au seuil des 20 derniers kilomètres, avec Majka et Henao.

Le trio n'a basculé qu'avec une vingtaine de secondes d'avance sur le groupe de contre-attaque renforcé par le Français Julian Alaphilippe. C'est dans la descente piégeuse de Vista Chinesa, où l'Australien Richie Porte était tombé au tour précédent, que Nibali et Henao ont perdu toute chance, tout comme le Britannique Geraint Thomas. Alaphilippe, lui aussi, a frôlé le pire mais a pu repartir.

Van Avermaet, auteur d'un superbe Tour, est passé à travers ces embûches. À 31 ans, le Flamand, qui court le reste de la saison pour l'équipe BMC, a magistralement saisi sa chance et remporté un triomphe qui correspond bien à sa devise choisie pour son compte Twitter : « Travailler dur en silence, laisser le succès parler ».

Duchesne et Houle au service de Woods

Ils savaient que le parcours des Jeux olympiques de Rio avait tous les atouts pour rendre l’épreuve ardue et c’est ce qui est arrivé. Samedi, l’équipe canadienne a bien mis en œuvre son plan, sauf que le résultat n’a pas été celui espéré.

Antoine Duchesne et Hugo Houle protégé leur coéquipier Mike Woods qui a ensuite été laissé à lui-même dans le dernier tiers du parcours de 237,5 kilomètres.

« C’était dur! Une fois dans le premier circuit, c’était très tendu et il n’y avait pas de moment où nous pouvions souffler, a expliqué Duchesne après l’épreuve. Il y peut-être 40 gars qui vont passer la ligne d’arrivée aujourd’hui et peu de personnes qui pouvaient se battre pour aller chercher la victoire. C’est une des plus dures course que j’ai faites. C’est rare que j’abandonne une course. »

« Je savais que le col serait trop dur pour moi. Ma course était surtout les 170 premiers kilomètres pour s’assurer d’amener Mike le plus frais possible », de poursuivre le cycliste de Saguenay qui a visionné la fin de l’épreuve les deux pieds dans l’océan, en compagnie de ses parents.

« Ce n’était pas évident de toujours retrouver Mike, car nous ne sommes pas habitués de courir avec lui. Je pense que nous avons fait du bon travail. Après la première montée du circuit final, on a l’a placé devant et là notre job était faite! La montée était dure et je n’avais pas les jambes pour suivre », a commenté Houle.

« Je suis entré dans le circuit dans une position parfaite. Je me sentais bien à la première côte, mais à la deuxième, j’ai explosé après 3 kilomètres. Les jambes n’étaient pas là. J’ai terminé et c’était la course la plus dure de ma vie », a reconnu l’Ontarien Woods.

Un parcours à la limite de la sécurité selon Houle

L’abandon d’Hugo Houle sur un parcours aussi accidenté était non seulement prévisible parce qu’il ne lui convenait pas, mais aussi parce que l’athlète de Ste-Perpétue a voulu économiser ses énergies en prévision du contre-la-montre de mercredi prochain où il sera le seul Canadien en lice.

Plusieurs chutes sont survenues dans la dernière descente du circuit final et Houle ne s’est pas gêné pour affirmer qu’il jugeait que le circuit était à la limite d’être sécuritaire.

« Je ne suis pas super enchanté de faire des parcours où on peut se tuer à tous les virages. À un moment donné, il faut aussi mettre des limites. Nous ne sommes pas des bêtes de cirque non plus et il faut trouver un équilibre. On ne veut pas voir un Nibali entrer dans un poteau. On imagine un scénario où il y aurait eu de la pluie, on aurait fait quoi? Dans ces conditions, ce n’est pas le plus fort qui gagne, mais le plus fou qui descend. »

Karol-Ann Canuel, Leah Kirchmann et Tara Whitten seront les représentantes canadiennes à l’épreuve féminine qui sera disputée dimanche.