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ZHANGJIAKOU, Chine - Pour la première fois depuis que le sport est inscrit au programme des Jeux olympiques d'hiver, le Canada n'est pas monté sur la plus haute marche du podium du ski cross féminin, jeudi, à Pékin. Mais ce n'est pas faute d'avoir essayé.

La Britanno-Colombienne Marielle Thompson est venue de l'arrière dans les derniers instants de la course pour terminer au deuxième rang et récolter la médaille d'argent.

Il s'agit de sa deuxième médaille olympique après l'or décrochée aux Jeux de Sotchi, en 2014.

Thompson n'a été devancée que par la Suédoise et championne du monde en titre Sandra Naeslund. L'Allemande Daniela Maier a complété le podium dans la controverse, après qu'une longue révision de la course eut entraîné la relégation de la Suissesse Fanny Smith.

Traînant de l'arrière pendant la majeure partie de la course après un mauvais départ, la Canadienne de 29 ans y est allée d'une man?uvre audacieuse après le cinquième virage, jouant du coude avec Smith pour compléter sa remontée.

« J'ai vu que sur cette portion ondulée, les deux autres skieuses devant moi s'élevaient dans les airs. J'ai alors compris que si je restais au sol et effectuait un virage propre, j'aurais assez de vitesse pour les devancer, a expliqué Thompson. Ça a fonctionné. »

Thompson était d'autant plus heureuse qu'elle n'avait pu se faire justice aux Jeux de Pyeongchang. Après une opération au genou droit pour une déchirure ligamentaire, elle n'a eu que quelques mois pour se préparer et a terminé 17e.

Sa préparation allait cette fois bon train, jusqu'en mars dernier, alors qu'une deuxième intervention chirurgicale au même genou a été rendue nécessaire à la suite d'une nouvelle déchirure ligamentaire.

« Au début de l'hiver, je ne savais pas de quoi j'aurais l'air face à ses filles, car je n'avais pas fait de course depuis un bout, a-t-elle dit. J'ai retrouvé mon rythme en décembre et j'ai bâti ma confiance de course en course après cela, m'amenant ici avec mon meilleur ski. Je n'aurais pu demander mieux.

« Sotchi, je suis arrivée là comme no 1 au monde. C'étaient mes premiers Jeux, alors évidemment que cette médaille est spéciale à mes yeux. Mais celle-ci, après deux opérations majeures au genou et tout le travail que j'ai dû accomplir pour me retrouver ici, c'est une super sensation. C'est vraiment bon de réaliser que tout ce dur labeur a été payant. »

Thompson n'a toutefois jamais pu combler l'écart creusé par Naeslund, impériale toute la journée sur la piste du Parc de neige de Genting, à Zhangjiakou.

« Ce n'est pas grave que le Canada n'ait pas gagné l'or: Sandra le mérite tellement. Elle a été super rapide dans chacune des courses, c'est bien mérité », a indiqué Thompson.

Controverse

Le ton n'était pas aussi harmonieux sur la troisième marche du podium, où Maier s'est retrouvée après une révision de course qui a duré une bonne dizaine de minutes.

Dans le dernier droit, après que Thompson eut touché Smith en la dépassant, le ski droit de Maier, alors quatrième, a touché l'arrière du ski gauche de Smith. Cette dernière a été déséquilibrée et ce faisant, elle a bousculé accidentellement Maier, qui a d ralentir pour ne pas chuter.

Smith a franchi le fil d'arrivée en troisième place, au grand désarroi de Maier, qui a pris un long moment avant de sécher ses larmes et d'aller féliciter ses adversaires, avant de se voir décerner quelques minutes plus tard cette médaille de bronze.

Désemparée et ayant accepté son sort, Maier semblait ne pas croire qu'on venait de déloger Smith. Elle a d'ailleurs plusieurs fois pointé la Suissesse en faisant 'non' de la tête, comme pour dire que Smith devait monter sur le podium lors de la cérémonie protocolaire.

« C'est une décision qui n'a pas de sens, a déclaré l'entraîneur-chef de la délégation helvétique, Ralph Pf?ffli. Aucun athlète de ski cross ne poserait intentionnellement ce geste, comme Marielle Thompson n'a pas intentionnellement bousculé Fanny Smith quelques instants plus tôt », a-t-il dit en français.

Avec les journalistes francophones, il a ajouté que la Suisse ne comptait pas déposer un protêt.

« Ce ne serait pas bon pour le sport. Vous ne laissez pas une athlète recevoir sa médaille lors de la cérémonie et la lui retirer le lendemain quand une décision sera rendue. »

Aux journalistes anglophones, il a toutefois laissé sous-entendre que la Suisse pourrait contester.

« Mes patrons étudient ce qu'ils peuvent faire. Mais tout ce que ça ferait, c'est de retirer le carton jaune à la fiche de Fanny. Ça ne changerait pas le classement. »

Quatre Canadiennes dans le top-7

Les quatre Canadiennes inscrites à la compétition ont participé aux demi-finales. Toutefois, seule Thompson s'est qualifiée pour la grande finale.

La Québécoise Brittany Phelan a remporté la petite finale pour obtenir le cinquième rang. Ses compatriotes Courtney Hoffos et Hannah Schmidt ont suivi respectivement aux sixième et septième échelons, devant l'Australienne Sami Kennedy-Sim.

Phelan a raté la finale par trois centièmes de seconde, alors que dans le dernier droit, Smith a perdu le contrôle de ses skis et a coupé la native de Mont-Tremblant, l'empêchant de la coiffer à la toute fin.

« Vous êtes aux Olympiques et tout le monde veut se retrouver sur le podium, mais seulement trois filles réussiront cela, a indiqué Phelan, médaillée d'argent à Pyeongchang. C'est certain que je suis un peu déçue. J'ai été dans des vagues difficiles toute la journée et en demi-finales, j'ai commis une petite erreur. Ça s'est décidé à la photo-finish. C'est la course. Tout le monde pousse à fond et je suis arrivée un peu à court. [...] En même temps, le Canada a terminé sur le podium et je serai de retour en 2026. »

Pour Schmidt, ce contingent canadien dans les deux finales prouve toute la force du programme national de ski cross.

« Il y avait sept filles (au Canada) qui se battaient pour ces quatre places. Ça démontre toute la profondeur de notre programme. »

« C'est préférable quand on peut se diviser à travers les vagues, mais au bout du compte c'est fou de se retrouver avec ses coéquipières, a ajouté Hoffos. Je suis toujours heureuse de voir mes coéquipières progresser si moi je ne peux pas. Ça démontre à quel point nous sommes fortes. »