TOKYO - Après 30 mètres dans sa course vers le bronze, le sprinter étoile canadien Andre De Grasse occupait le dernier rang.

Si ses départs sont sa faiblesse, son habileté à venir de l'arrière est sa force, particulièrement sous les projecteurs.

L'Ontarien âgé de 26 ans a donc réussi à terminer en troisième position au 100 mètres aux Jeux olympiques de Tokyo. Il a mis la main sur une quatrième médaille olympique en carrière et une deuxième en bronze d'affilée dans la course qui couronne l'homme le plus rapide au monde.

« J'ai réussi mon meilleur chrono à vie par un centième de seconde. Je sais que je peux faire encore mieux, a dit De Grasse. Je dois continuer à travailler sur mes départs, parce que c'est ce qui va m'aider à devenir un médaillé d'or un jour. »

S'élançant dans le neuvième couloir, De Grasse a franchi la distance en 9,89 secondes.

L'Italien Lamont Marcell Jacobs a surpris tout le monde en s'imposant en 9,80.

« Je croyais que ma compétition principale serait les Américains. Je suis donc très surpris, a dit De Grasse, soulignant que c'était la première fois qu'il affrontait Jacobs. Ça démontre que notre sport va dans une bonne direction parce que personne ne sait qui va gagner. N'importe lequel d'entre nous peut gagner. »

L'Américain Fred Kerley a terminé deuxième avec un chrono de 9,84.

Les trois médaillés ont fracassé des records personnels.

« Je crois que je vais avoir besoin de quatre ou cinq ans pour comprendre ce qui est arrivé », s'est exclamé Jacobs.

Pour le Canada, il s'agit d'une première médaille en athlétisme aux Jeux de Tokyo et pour De Grasse, d'une autre médaille à sa collection. Le natif de Markham est devenu le premier Canadien à remporter une médaille à Tokyo, après que les 13 premières médailles canadiennes eurent été gagnées par des femmes.

« Je ne l'avais même pas réalisé, a dit De Grasse en éclatant de rire. C'est super! »

De Grasse a noté que la nervosité avait contribué à son mauvais départ. Le Britannique Zharnel Hughes a été disqualifié pour un faux départ.

« Quand il y a autant de faux départs, vous devenez un peu plus tendus. Vous êtes un peu nerveux. Vous ne voulez pas commettre un faux départ, a dit De Grasse. Mais j'ai essayé de courir le mieux possible. »

De Grasse allait profiter d'une journée de congé avant de reprendre l'action mardi avec la présentation des préliminaires et du 200 m, mardi. C'est sur cette distance qu'il a remporté l'argent à Rio, derrière Usain Bolt.

Un nouveau roi du sprint

L'absence de Bolt, qui a pris sa retraite en 2017, signifiait qu'un nouvel homme le plus rapide au monde serait couronné pour une première fois depuis les Jeux d'Athènes en 2004.

Et même dans une course sans favoris, Jacobs a causé une surprise.

« Je ne connais vraiment pas grand-chose à son sujet, a dit Kerley en parlant de Jacobs. Il a fait un travail fantastique. »

Bolt avait dominé le 100 m et le 200 m aux Jeux de 2008, 2012 et 2016.

La couronne sur 100 m appartient maintenant à Jacobs, qui est né au Texas d'un père américain et d'une mère italienne. Il a déménagé en Italie pendant l'enfance, quand l'armée américaine a transféré son père en Corée du Sud.

Jacobs était un spécialiste du saut en hauteur pendant des années et son plus grand succès était survenu en salle sur 60 mètres aux championnats européens plus tôt cette année.

Son nom est maintenant inscrit aux côtés de ceux de Jesse Owens, Carl Lewis, Donovan Bailey et Bolt.

« Il a changé l'athlétisme pour toujours, a dit Jacobs au sujet de Bolt. Je suis celui qui a gagné les Olympiques après lui. C'est incroyable. Mais ce n'est pas le temps de tenter de faire des comparaisons. »

Le record du monde de Bolt est de 9,58 secondes.

Avant son arrivée à Tokyo, le meilleur chrono de Jacobs était de 9,95, un record italien établi en mai. C'était la première fois qu'il courait sous les 10 secondes.

« Mon rêve était de me présenter ici et de participer à la finale, a avoué Jacobs. Et j'ai couru en finale. Et j'ai gagné. C'est incroyable. Je ne trouve pas les mots pour décrire ce moment. »

Son parcours vers la victoire a été facilité par l'élimination de l'Américain Trayvon Bromell lors des demi-finales.

L'Américain Christian Coleman, champion du monde en titre, était absent des Jeux de Tokyo en raison d'une suspension pour dopage.