Laurie Blouin avait pour terrains de jeux le Centre de ski le Relais et la Station touristique Stoneham. Elle entend mettre à sa main le Parc à neige de Genting et le site de grand saut de Shougang au cours des prochaines semaines.

La médaillée d'argent du slopestyle aux Jeux de Pyeongchang, en 2018, ne se voyait pas nécessairement aux Olympiques quand elle passait ses journées dans les « snow parks » de la région de Québec. Après avoir mis la main sur le titre mondial un an plus tôt, sa médaille ne constituait pas nécessairement une surprise pour les initiés. Mais soudainement, le nom de Blouin est devenu familier.

« Je trouve ça cool d'être plus connue au pays, que les gens savent un peu plus qui je suis », a-t-elle admis à La Presse Canadienne quelques jours avant de s'envoler pour la Chine.

« C'est certain que mon histoire, après ma chute (NDLR : en qualifications du slopestyle en Corée du Sud), je pense que les gens ont accroché à ça. Plus que si j'avais "seulement" gagné une médaille. Il y avait une histoire autour de cela. C'était aussi la deuxième fois que le slopestyle était présenté aux Jeux : c'est certain que ça a aidé à le faire connaître davantage auprès de Monsieur et Madame tout le monde. »

Après sa médaille d'argent et une 12e place au grand saut (big air), Blouin a par la suite enchaîné les succès sur la scène internationale, dont un titre mondial au grand saut en 2021. Elle sera assurément « attendue » aux JO 2022. Rien toutefois pour l'ébranler.

« J'aborde cette compétition un peu comme toutes les autres. Oui, ce sont les Olympiques, mais ce n'est pas une raison pour me mettre plus de pression. Ça ne fonctionnerait pas. Je vois cela comme toutes les autres compétitions et je me prépare de la même façon. »

L'esprit compétitif

Blouin a eu la piqûre du slopestyle et du grand saut il y a une quinzaine d'années. Dès sa première compétition, un Rail Jam au Relais à l'âge de 13 ans, elle est accrochée.

« Le côté compétitif, le fait de devoir atterrir tes sauts sur demande, l'adrénaline, le bon stress que ça te procure, c'est ce qui a fait en sorte que j'ai aimé ça et que j'ai continué.

« Tout de suite, on a vu un certain potentiel en moi, alors je n'ai jamais senti le besoin d'essayer autre chose, comme le snowboard cross, par exemple. Peut-être si ça n'avait pas fonctionné! J'aime tellement l'adrénaline de prendre des gros sauts : c'est malade! On vole, en quelque sorte. »

Ces vols, elle ne peut les perfectionner à Stoneham ou à Lac-Beauport. Elle s'est donc tournée vers Maxime Hénault, de Maximise, à Sainte-Agathe-des-Monts, son entraîneur depuis plusieurs années.

« Je crois que c'est plus facile maintenant si tu es jeune et que tu trippes sur le slopestyle et le grand saut qu'à l'époque où j'ai commencé, note-t-elle. Chez Maximize, il y a un gros saut où tu peux faire toutes tes manoeuvres. Quand tu es jeune, le Relais et Stoneham, je pense que c'est en masse. Mais quand tu sens que tu as besoin de plus, on a des endroits pour cela maintenant. »

Elle est heureuse de côtoyer là-bas la relève de son sport, qui bénéficie maintenant d'une notoriété étendue en raison de sa présence aux Olympiques. De façon surprenante, ce ne sont pas tous les planchistes qui souhaitaient ajouter les JO à leur calendrier d'événements.

« C'est clair que les JO font maintenant partie du portrait. Même ceux qui ne souhaitaient pas qu'on se retrouve aux Olympiques parmi les athlètes de slopestyle et de grand saut sont obligés d'admettre qu'il s'agit d'une compétition très relevée.

« Qu'on soit aux Jeux olympiques ou aux X Games, c'est le même sport. C'est cool que ce soit rendu un sport olympique. Ça le fait connaître davantage. Si ça contribue à le faire connaître davantage auprès des jeunes, c'est super : ça prend de la relève! »

Un parcours à découvrir

Le parcours de Zhangjiakou constituera une découverte pour toutes les athlètes du plateau, à l'exception peut-être des représentants de la Chine. Blouin ne se formalise pas de fouler un parcours pour la première fois lors d'une compétition aussi importante.

« Ça fait partie de la "game" : chaque compétition, on ne le connaît pas vraiment. Parfois, nous avons des photos en trois dimensions qui nous sont envoyées avant la compétition. Ils ont fait ça aux derniers X Games. Mais je suis quelqu'un de très visuel, alors c'est une fois sur place que je vais me faire une idée.

"En ayant vu le plan, tu t'attends à quelque chose, mais j'ai tendance à ne pas trop le regarder et à découvrir une fois sur place. C'est trop facile de s'imaginer une descente ou un enchaînement de sauts pour te rendre compte que ça ne se déroulera pas comme tu l'avais imaginé.

« Tu peux avoir une idée préconçue : je sais les manoeuvres que je veux faire, mais tout dépend de la façon dont répond le parcours cette journée-là. J'ai un peu un catalogue de jeux en tête dans lequel je pourrai piger une fois que j'aurai vu comment se comporte la piste. »

***

Blouin s'élancera dans ce parcours de slopestyle les 5 et 6 février, au parc à neige Genting de Zhangjiakou. Elle se déplacera ensuite vers le tremplin de Shougang, en banlieue de Pékin, où sera disputé le grand saut, les 14 et 15 février.