TOKYO - À l'image de Jeux olympiques hors-normes, la cérémonie d'ouverture de Tokyo 2020 ne fera pas vivre la magie de l'événement aux milliers d'athlètes qui ont dû patienter un an de plus que prévu pour s'y produire, pandémie oblige.

Présentée à huis clos et avec moins d'athlètes présents en raison des restrictions sanitaires, la fête n'aura pas son cachet habituel même si les organisateurs promettent un spectacle grandiose autour de l'idée que les Jeux peuvent apporter de l'espoir et de la joie.

Le directeur du comité organisationnel de la cérémonie d'ouverture, Kentaro Kobayashi, a d'ailleurs été relevé de ses fonctions, jeudi, en raison de blagues antisémites qu'il a dites en 1998.

La délégation canadienne sera limitée à une trentaine d'athlètes avec en tête les porte-drapeaux Miranda Ayim et Nathan Hirayama.

L'ex-judoka Nicolas Gill est en mesure de compatir avec les athlètes présents à Tokyo qui ne vivront pas pleinement leur expérience olympique. Le double médaillé olympique a vécu l'aventure des Jeux à quatre reprises comme athlète et il reconnaît que ses expériences vécues lors des cérémonies d'ouverture demeurent « l'un des beaux moments de ma carrière d'athlète ».

« La cérémonie d'ouverture, c'est un moment clé pour un athlète. À mes premiers Jeux, à Barcelone en 1992, c'est un moment fort dont je me souviens. Ça a marqué ma participation olympique. Jusqu'au moment où je suis entré dans le stade, c'était relativement abstrait pour moi », s'est rappelé celui qui est présent à Tokyo dans son rôle de directeur de la haute performance à Judo Canada.

Douze ans plus tard, aux Jeux d'Athènes, Gill était à la tête de la délégation canadienne comme porte-drapeau lors de la cérémonie d'ouverture.

« C'était comme un point d'exclamation à la fin de ma carrière. En entrant dans le stade en 2004, c'était un peu ces 12 ans qui m'ont traversé l'esprit. Tu réalises toutes les difficultés, les embûches, les défis qu'il t'a fallu surmonter. »

Un champion sera toujours un champion

Plusieurs olympiens canadiens du passé estiment que les athlètes présents à Tokyo peuvent être fiers de ce qu'ils ont accompli pour s'y rendre.

« Je suis de tout coeur avec eux, ce n'est vraiment pas facile ce qu'ils ont vécu, a noté Sylvie Bernier, médaillée d'or en plongeon aux Jeux de Los Angeles. Si ça m'était arrivé en 1984, je ne crois pas que je me serai rendue jusqu'en 1985.

« Plusieurs athlètes ont étiré leur carrière jusqu'à cet été et malgré ça, ils ne vivront pas des Jeux avec toute l'émotion qu'on attend. Heureusement, ce sont des personnes très résilientes, habituées à vivre avec les imprévus. Ça va faire partie du niveau de difficulté à Tokyo. »

La double olympienne Sylvie Fréchette, toujours aussi passionnée pour les JO, a bien hâte de voir comment les athlètes vont réagir à ces jeux inédits.

« La source ultime de motivation de chaque athlète est différente pour chacun, a analysé la médaillée d'or à Barcelone en 1992. Certains le font pour le spectacle, pensons à Usain Bolt qui faisait taper des mains le public dans le stade. Ce sera intéressant de voir si ceux qui se nourrissaient de la foule, du spectacle, vont réussir des performances aussi extraordinaires maintenant que le contexte est complètement différent. »

L'ex-sprinter Bruny Surin est lui aussi d'avis que le contexte des Jeux de Tokyo pourrait influencer les performances

« Si je prends l'exemple d'un 100 mètres ou d'un 400 mètres quand le stade est bondé, ça aide définitivement à ta motivation. Avec un stade vide, il faut te motiver davantage par toi-même car l'absence d'ambiance peut tuer les performances. Les athlètes devront faire comme s'il y a des milliers de personnes dans le stade. »

Mais avec ou sans spectateur, un succès aux Olympiques aura la même valeur pour un athlète, aux yeux de Surin.

« Si tu es couronné champion olympique, ton nom va se retrouver dans les archives. Et les gens seront témoins de la performance non pas en direct, mais ils vont y assister devant leur écran. »

La cérémonie d'ouverture aura lieu vendredi à partir de 7 h, heure de l'Est.