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ZHANGJIAKOU, Chine - Depuis quelques semaines, Éliot Grondin se répétait toujours la même chose, comme un leitmotiv: avoir du plaisir. Ce sera maintenant son unique plan de match.

Le Beauceron de 20 ans est devenu jeudi le plus jeune médaillé olympique du snowboard cross quand il a remporté la médaille d'argent des Jeux de Pékin, aux termes d'une course endiablée.

« Je ne fais que commencer tranquillement à réaliser (que je suis médaillé olympique), a admis le planchiste aux scribes réunis dans la zone mixte. C'est incroyable! On a réussi à appliquer le plan qu'on avait mis sur pied. Les Olympiques, ça n'arrive qu'une fois aux quatre ans. Mon objectif c'était de me faire plaisir, de m'amuser le plus possible. Qu'à chaque fois que je sorte du portillon de départ, je sois le gars qui ait le plus de plaisir. J'avais dit aux entraîneurs que j'allais gagner le concours du gars qui a le plus de fun! Je pense que j'ai bien réussi.

"En novembre (au début de la saison en Coupe du monde) j'avais essayé ce plan, mais ça n'avait pas fonctionné. Mentalement, je suis plus fort qu'en début de saison. J'avais de bonnes lignes, je bloquais vraiment bien. Je réussissais aussi à me sauver un peu au départ, alors il y avait moins d'aspiration pour les autres. »

L'entraîneuse Maelle Ricker, elle-même médaillée d'or de la discipline à Vancouver en 2010, a qualifié la performance de Grondin d'incroyable.

« Il a été une force; c'est tellement plaisant de le voir surfer. C'est tellement dynamique. (?) On va le voir souvent avec le drapeau canadien sur le dos. »

Après avoir pris les commandes de la finale, il avait mené toutes ses vagues de bout en bout jusque-là, le Québécois a été dépassé par l'Autrichien Alessandro Haemmerle après le premier virage.

Grondin a tout donné pour le rattraper, profitant de l'aspiration dans le dernier droit pour se rapprocher à quelques centimètres seulement de l'Autrichien, dont la victoire a été confirmée par la photo-finish.

« J'espérais (le devancer), mais je connais très bien Alessandro et il n'est pas facile à dépasser. Une fois qu'il a réussi à passer devant toi, c'est très dur de la rattraper, ça prend beaucoup de travail, a raconté Grondin, médaillé de bronze des derniers Mondiaux, derrière ce même Haemmerle. J'ai poussé ma planche, mais je savais que ce ne serait pas assez. Finir deuxième derrière lui, c'est quand même très bien. »

En demi-finales, Grondin avait été en mesure de contenir l'Autrichien. Haemmerle a ajusté sa stratégie en conséquence.

« Oui, j'ai pris avantage de cette demi-finale, a-t-il admis. (...) Je me suis dit que je devais pousser davantage dans la finale. J'ai eu de la chance de pouvoir le dépasser, mais je ne savais pas si ça allait tenir. C'est un gros avantage d'être premier dans la dernière portion ici, mais vos adversaires bénéficient alors de beaucoup d'aspiration. Je déteste quand ça arrive! J'ai été capable de tenir le coup aujourd'hui. »

« J'ai fait une petite erreur dans la finale - je suis atterri un peu à court sur un saut - qui m'a coûté un peu de vitesse, a de son côté expliqué Grondin. ce niveau, tous les petits trucs font une différence. Ça a été une de mes seules erreurs de la journée. Ce n'est quand même pas si mal. (...) Je n'ai aucun regret. »

L'Italien Omar Visintin a complété le podium, tandis que l'Autrichien Julian Lüftner a terminé quatrième.

« De partager un podium olympique avec Alessandro et Omar à 20 ans, c'est fou. Ce sont des idoles que je regardais courser quand j'étais tout jeune. »

"Alessandro, l'hiver, c'est comme un grand frère pour moi. On passe plusieurs mois en Europe, dans des hôtels et avec la COVID, on était encore plus enfermé. En décembre, on commençait à trouver ça dur. Il m'a invité chez lui deux soirs, on s'est fait à manger: on se sentait un peu plus comme à la maison. Que mon plus gros compétiteur fasse ça pour moi, ça veut dire beaucoup. Dans le parcours, on veut gagner tous les deux, mais à l'extérieur, il y a beaucoup de respect."

« C'était spécial pour moi de me retrouver sur le podium avec ces deux gars, a renchéri le vainqueur. Ça a été une grande finale. Éliot a été premier presque tout le temps et il défendait bien sa position. Il a très bien couru, surtout pour son âge. »

Malgré son jeune âge, cette médaille est tout sauf une surprise.

« Je pense qu'un peu tout le monde savait que je pouvais être sur le podium, mais je ne pensais pas à ça en me levant ce matin. Je pensais à m'amuser. Je voulais retirer toute l'expérience possible à 20 ans seulement. Je me disais qu'il arriverait ce qui devait arriver. Je suis vraiment content de ma journée, content de moi-même. »

« Mentalement, je savais que j'étais capable, je n'avais pas de doute. J'avais aussi plus de plaisir. Ça a été mon mot-clé des dernières semaines et ça a bien fonctionné. Je pense que je vais continuer comme ça. »

Le parcours des deux autres Canadiens en lice s'est arrêté en huitièmes de finale. Liam Moffatt et Kevin Hill ont respectivement terminé en 19e et 27e places.