Élizabeth Hosking vivra à 20 ans seulement ses deuxièmes Jeux olympiques quand elle sautera sur la demi-lune du Parc à neige Genting de Zhangjiakou, au nord-ouest de Pékin. Mais cette fois, elle s'y sentira à sa place.

Pyeongchang, en 2018, Hosking était la plus jeune athlète de la délégation canadienne. Elle l'avoue candidement: elle souffrait un peu du syndrome de l'imposteur.

« Pas que je n'avais pas d'affaire là, car j'avais répondu à tous les critères du Canada pour représenter le pays en demi-lune, a-t-elle expliqué à La Presse Canadienne quelques jours avant de quitter pour Pékin. Je pense toutefois que c'était ma cinquième compétition internationale!

« J'étais impressionnée à Pyeongchang : je n'avais jamais été dans une compétition comme ça où dans le Village, tous les athlètes se réunissent, où tu peux vraiment côtoyer les meilleurs athlètes de tous les sports différents. Je voyais tout avec des étoiles dans les yeux. »

Malgré tout, elle estime avoir offert une bonne performance en prenant la 19e place de la compétition. Depuis quatre ans, par contre, elle s'affaire à changer cet état d'esprit. Elle sent qu'elle y est presque.

« Je crois que c'est le fait que je côtoie maintenant ces athlètes plus régulièrement et mes résultats qui ont fait en sorte que j'ai le sentiment de faire partie du groupe. Je sais maintenant où je me situe. Je les connais; elles me connaissent. Elles savent que je suis un peu la négligée en ascension. Je peux me le prouver à moi-même que je suis parmi les meilleures. Mais je sais que j'ai encore beaucoup à apprendre. »

Surtout mentalement.

« Le père de ma gérante a été l'entraîneur du marcheur olympique Marcel Jobin. Après ma dernière compétition aux X Games, Marcel a dit à mes entraîneurs que dès que j'allais me voir en haut du podium et non juste le souhaiter, c'est là que ça allait changer. Ça a fait un déclic dans ma tête. Il n'a pas tort.

« J'aimerais un jour être la meilleure et c'est clair que je souhaite une médaille à Pékin, poursuit-elle. C'est un rêve que j'ai depuis que je suis très jeune. Mais je dois me voir sur cette première marche. Ce que je me vois faire présentement, c'est de participer à la finale et d'être une menace pour un podium. J'ai les manoeuvres pour ça. Physiquement, on peut rapidement ajouter de nouvelles manoeuvres. Mentalement, le processus est beaucoup plus long. J'y travaille depuis plusieurs années avec l'aide de ma préparatrice, Heidi Malo. »

Un atout de plus

C'est surtout l'ajout d'un 1080 – une triple vrille – qui lui permet de croire qu'elle a maintenant tous les atouts pour se battre avec les meilleures de sa profession.

« J'ai appris cette manoeuvre en octobre dernier. Une semaine plus tard, j'étais déjà capable de l'intégrer dans une descente complète, souligne la Longueuilloise. C'est une manoeuvre qui est très compétitive. Jumelée à mon amplitude, qui me démarque des autres planchistes, c'est ce qui me manquait pour vraiment faire partie de l'élite.

« On l'avait vu en mars dernier, lors de la dernière Coupe du monde et des Mondiaux, ma plus grosse rotation était un 720, car j'avais beaucoup de difficultés avec le 900. Malgré cela, grâce à mon amplitude et à la façon dont je faisais mes manoeuvres, j'ai terminé septième aux Mondiaux.

« Je pense qu'en ajoutant cette plus grosse rotation, ça change la donne. Ça a mis un point d'exclamation, a prouvé que je pouvais être une menace pour des podiums. Les filles savent que lorsque je vais descendre à mon meilleur, je vais être à surveiller. »

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Hosking saura si tout ce travail physique et mental a porté ses fruits, le 10 février, alors que les planchistes s'élanceront sur la demi-lune du Parc Genting en matinée.