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RÉSULTATS

Flou sur le retour russe aux JO 2024

Le comité olympique russe Le comité olympique russe - Getty
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Mise à jour

PARIS, France - À quatorze mois des Jeux olympiques 2024 à Paris, le plus grand flou règne autour de la participation des Russes et Bélarusses: les fédérations internationales traitent au cas par cas la levée des sanctions à l'aune de leur interprétation des recommandations du Comité international olympique (CIO).

Leur présence, ou non, aux Jeux (26 juillet - 11 août 2024), doit encore être tranchée par le CIO, qui le fera « en temps utile », sans avoir fixé d'échéance. En attendant, les Fédérations internationales se divisent entre celles ayant ouvert la porte à leur retour et d'autres l'ayant fermé. L'athlétisme, par exemple, a maintenu ses mesures d'exclusion.

Le badminton également: le secrétaire général de sa Fédération internationale (BWF), Thomas Lund, a toutefois expliqué « être en bon dialogue avec le CIO pour obtenir plus de clarté sur les voies à suivre » dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Clarté » est le terme clef car les sports, de plus en plus nombreux, ayant entériné la fin des sanctions généralisées, comme l'escrime, le tennis de table ou le canoë-kayak, tâtonnent. Les conditions recommandées par le CIO, sous bannière neutre et à titre individuel, sont interprétées diversement.

Notion d'équipe nébuleuse

Les sportifs russes et bélarusses « ne peuvent concourir qu'en tant qu'athlètes individuels neutres », indique l'instance présidée par Thomas Bach dans ses recommandations, qui excluent clairement les « équipes », donc les sports collectifs, sans lever toute ambiguïté sur les épreuves collectives des disciplines individuelles.

« La définition des sports d'équipe ou des épreuves par équipes est établie conformément aux règlements correspondants des FI (Fédérations internationales, ndlr) », évacue le CIO dans une notule.

Ainsi, le tennis de table prépare le retour de sportifs éligibles dans les tournois en simple, mais également en double.

Si d'aventure, leur participation aux JO 2024 était autorisée, des pongistes russes et bélarusses pourraient tenter de décrocher une médaille en double mixte. Mais pas dans l'épreuve par équipes, mêlant quatre simples et un double.

Plus étonnant, quatre escrimeurs de ces deux pays ne pourraient tirer par équipes, en l'état actuel des décisions de leur Fédération internationale d'escrime (FIE). Mais quatre céistes (pour le Canoë) ou kayakistes de ces deux mêmes nationalités pourraient pagayer sur le bassin de Vaires-sur-Marne, puisque leur Fédération internationale, l'ICF, s'oriente vers l'autorisation des équipages de deux à quatre.

Enquête de neutralité

Plusieurs Fédérations internationales comme celles du judo (IJF) ou celle d'escrime (FIE) ont recours à des sociétés privées, spécialisées dans l'e-réputation, pour s'assurer que les sportifs sont en conformité avec le principe de neutralité recommandé par le CIO. À savoir qu'ils ne sont pas des « athlètes qui soutiennent activement la guerre ».

Il s'agit de fouiller médias et réseaux sociaux pour s'assurer de l'absence de « déclarations publiques » ou de « port de symbole », « par exemple le symbole Z », en faveur de la guerre, cite en exemple le mouvement olympique. 

Toutes les Fédérations n'ont pas recours à ces services mais toutes celles ayant levé les sanctions généralisées ont annoncé la création d'un comité indépendant pour trancher au cas par cas. 

« Il y aura des personnes extérieures et intérieures de manière à la fois à conserver la connaissance du sport et à avoir une expertise légale et en droits humains », décrit le vice-président de la Fédération internationale de pentathlon moderne, Joël Bouzou, « de manière à éviter les conflits d'intérêts ». Un enjeu de taille dans le biotope réduit de certains sports.

Qualifications tronquées

Excepté en judo, où dix-neuf « athlètes individuels neutres » participent aux Mondiaux en ce moment à Doha, les sports ayant levé les suspensions n'ont pas encore enregistré de retour en compétition d'athlètes russes ou bélarusses.

Pourtant la période de qualification aux JO a commencé pour plusieurs d'entre eux, notamment en escrime. Les sabreurs et sabreuses russes n'ont ainsi pas pu tirer au Grand Prix de Séoul (27-29 avril),  « en raison d'un bazar bureaucratique et de la lenteur de la Fédération internationale », a critiqué le président de la Fédération russe auprès de l'agence de presse russe Tass. Ce dernier, Ilgar Mamedov, a donc demandé à ce « que tous les points de qualification de ce tournoi soient annulés ».

Seulement, le mouvement olympique a donné sa position sur ce cas de figure: le CIO « ne demandera pas aux fédérations internationales d'adapter rétroactivement leurs systèmes de qualification ».

Les regards sont donc tournés vers le Jeux européens, à Cracovie, du 21 juin au 2 juillet, car ils pèsent lourd pour se qualifier dans plusieurs sports par exemple le tir à l'arc ou l'escrime, parmi ceux réintégrant Russes et Bélarusses.

Ces derniers pourront-ils en être? Le mois dernier, une étape de Coupe du monde d'escrime à Poznan, en Pologne, a été annulée en raison du retour russe. Sans compter que certaines confédérations européennes – continent où le rejet pèse plus lourd qu'à l'échelle mondiale – songent à exclure Russes et Bélarusses. Ils seraient alors privés de Championnat continental et donc de précieux points dans la course éventuelle aux JO.