MONTRÉAL - De retour de Pékin depuis presque une semaine et encore sous le coup du décalage horaire, Maxence Parrot a encore du mal à réaliser qu'il est champion olympique. Fier du parcours qui lui a permis d'ajouter deux médailles à son riche palmarès, le Bromontois entend maintenant se consacrer à son futur rôle de père au cours des prochains mois. Mais il lui tarde déjà de remonter sur sa planche pour poursuivre d'autres rêves.

« Ce que je vis est encore un peu irréel, a commenté Parrot, mardi midi, en conférence de presse. À ma première médaille d'or aux X Games, ça m'avait pris une semaine pour le réaliser. Je pense que c'est le même processus, ça va me prendre un peu de temps. »

Une performance en or après une descente en enfer

Médaillé d'or en slopestyle et médaillé de bronze au grand saut aux Jeux de Pékin, Parrot avoue que cette réussite dépasse de loin ses rêves de jeunesse.

« Mon rêve à 16 ans, c'était juste de devenir un professionnel en planche à neige et de voyager à travers le monde. Ce n'était même pas de gagner des compétitions, a-t-il raconté, ses deux plus récentes médailles posées devant lui.

« Deux ans après, je gagne une médaille d'or aux X Games et, trois ans plus tard, je suis aux Olympiques (à Sotchi en 2014). Je ne prévoyais même pas aller aux Olympiques dans mon rêve initial. Puis, j'ai commencé à inventer des nouvelles man?uvres qui n'avaient jamais été réalisées et il y en a encore que personne d'autre ne fait sur la planète. C'est une sensation incroyable.

« Je pense que c'est important d'avoir des buts dans la vie. [...] Je suis vraiment fier à 100 pour cent de ce que j'ai accompli et surtout d'avoir surpassé mon rêve initial. »

Son désir insatiable de toujours repousser les limites lui vient sans doute d'un conseil que sa mère lui a donné.

« Je me rappelle que ma mère me disait toujours quand j'étais jeune, `quand on te demande de faire quelque chose, fais-en toujours un peu plus.' Ça a toujours été ma façon d'aborder mes objectifs. »

Et si ses prochains rêves ne sont pas encore définis, il ne fait aucun doute qu'ils passeront par son sport qu'il affectionne toujours autant.

« Je viens juste d'en réaliser un. De m'en mettre un autre tout de suite aujourd'hui..., je vais me reposer un peu. Mais c'est certain qu'il va y avoir d'autres rêves. Je carbure dans la vie à avoir des buts et à les réaliser. »

Congé parental

Au sujet de ses performances à Pékin, il est d'avis que les mesures sanitaires rigoureuses mises en place par les Chinois ont finalement bien servi sa cause.

« L'une des choses dont je suis fier, c'est d'avoir été capable de garder mon sérieux à l'entraînement de A à Z pour le slopestyle et le grand saut pendant ces trois semaines.

« Et honnêtement avec la bulle COVID là-bas, c'était hôtel, cafétéria, montagne pendant trois semaines. Ça m'a aidé à garder le focus et à obtenir les résultats aussi. »

Celui qui deviendra père pour la première fois début mai entend s'accorder un repos bien mérité et passer du temps en famille au cours des prochains mois.

« Je vais me concentrer sur ma vie personnelle ces prochains mois. Comme je l'ai annoncé, je ne ferai pas d'autres compétitions pour le reste de la saison.

« Je vais profiter du reste de la grossesse de ma copine le plus possible. On vient juste de s'acheter une nouvelle demeure à Bromont, on va installer la petite chambre de bébé. Le `timing' est parfait. Prendre quelques mois de congé, c'est quelque chose que je peux me permettre », a poursuivi Parrot, qui envisage reprendre l'entraînement vers le début ou la mi-été.

Parrot : un retour qui tient presque du miracle

Il a toutefois écarté la possibilité de prendre une pause plus longue de la compétition, même s'il a vécu des moments intenses en compétition en plus de combattre le cancer ces dernières années.

« Je suis le genre de personne qui après deux semaines de vacances, je cherche quoi faire. Mon but est de passer du temps avec ma famille, ma blonde, le bébé qui va arriver. Une pause d'un an, c'est trop! Je prévois effectuer un retour la saison prochaine. »

Et qu'en est-il d'une quatrième participation aux Olympiques en 2026?

« C'est définitivement possible. J'ai 27 ans, j'en aurais 31 ans en 2026. Shawn White avait 33, 34 ans cette année, le célèbre planchiste américain en avait en fait 35 et il en était à ses 5es JO à Pékin.

« Mais de dire que je vais être là dans quatre ans, ça dépend comment ton corps réagit, je pratique un sport extrême qui consiste à repousser les limites. Après mon cancer, j'ai décidé d'y aller une année à la fois. »

Parrot, qui a reçu un diagnostic de lymphome de Hodgkin en décembre 2018, entend aussi poursuivre son rôle comme porte-parole de la Société de leucémie et lymphome du Canada. Le documentaire « MAX: le combat d'une vie », qui peut être visionné sur son site personnel (au maxparrot.com), sert d'ailleurs à recueillir des fonds.

« C'est une cause qui me tient à coeur parce qu'elle est liée à mon cancer. Ça me rend fier », a conclu celui qui est devenu une source d'inspiration pour plusieurs personnes frappées par la maladie.