TOKYO – La ville de Tokyo pourra enfin tourner la page sur les Jeux de 2020, présentés un an plus tard. Des Jeux épuisants, enrichissants et parfois enrageants, qui devaient être tolérés, et non célébrés.

Ils auront aussi été célébrés, finalement.

Imparfaits, mais pas impossibles, ces Olympiques ont été présentés malgré une pandémie, malgré les doutes à travers le monde et une vive opposition au Japon. Malgré tout, on se souviendra peut-être de ces Jeux comme ceux où les athlètes ont changé leurs sports.

Les Jeux de Tokyo sont devenus ceux où ils ont eu leur mot à dire. Les Olympiques où la santé mentale est devenue aussi importante que la santé physique. Les Olympiques où la persévérance a souvent été soulignée de manière plus importante que le résultat.

Le message des athlètes a été notamment partagé par Simone Biles, après son retrait des compétitions de gymnastique, quand elle a déclaré que son bien-être était plus important qu'une médaille.

« C'était quelque chose hors de mon contrôle. Ma santé mentale et physique est plus importante qu'une médaille », a dit Biles.

Et par Naomi Osaka, la joueuse de tennis qui a allumé la vasque olympique, mais seulement après avoir passé l'été à insister pour que le monde l'écoute vraiment plutôt que simplement la regarder sur les courts. L'athlète féminine la mieux rémunérée au monde et la tête d'affiche du pays hôte s'est retrouvée devant des attentes difficiles à gérer.

« J'ai certainement ressenti beaucoup de pression », a souligné Osaka.

Des centaines d'athlètes ont trouvé des façons de profiter des projecteurs après 18 mois difficiles.

Ils ont appris à parler des sacrifices effectués pendant quatre ans, puis cinq ans finalement, pour enfin venir participer aux Jeux sans la présence de leurs amis et famille.

On a vu des athlètes de toutes les tailles et tous les formats. Une haltérophile transgenre, un planchiste non binaire et Quinn, la première médaillée d'or transgenre. De jeunes planchistes et surfeurs sans peur, certains qui n'avaient jamais rêvé de participer aux Olympiques, se faire l'accolade et partager des conseils, nous rappelant que tout ça est censé être pour le plaisir.

L'esprit olympique a été bien représenté, notamment par les spécialistes du saut en hauteur qui ont décidé de partager l'or plutôt que d'être départagés en bris d'égalité.

Et les athlètes ont été entendus : comme les joueuses de soccer qui ont demandé que la finale soit disputée en soirée, plutôt qu'à 11 h, quand la chaleur aurait été accablante.

Les meilleurs joueurs de tennis au monde ont aussi demandé à ce que les matchs n'aient pas lieu en après-midi en raison de la chaleur.

Le Comité international olympique s'était donné la tâche de faire de ces Jeux ceux de l'égalité et de l'inclusion. Cinq nouveaux sports féminins et 18 nouvelles épreuves avaient été ajoutés au programme pour créer une égalité dans chaque sport.

Le président du CIO, Thomas Bach, a dit deux jours avant la cérémonie de clôture que les Jeux de Tokyo avaient « largement dépassé mes attentes personnelles ». Il craignait qu'en l'absence de spectateurs dans les gradins, « ces Jeux olympiques puissent devenir des Jeux olympiques sans âme ».

Bach a plutôt découvert que l'intimité créée par ces stades vides rendait l'ambiance plus intense.

« Dans plusieurs cas, vous ne réalisiez même pas qu'il n'y avait pas de spectateurs, a-t-il admis. Même que parfois, vous ressentiez peut-être plus ce que les athlètes vivaient que si vous aviez été entourés de spectateurs. »

Il est naturel que Bach qualifie les Olympiques de succès. Peut-être que le simple fait que les Jeux se soient déroulés sans heurt à Tokyo représente un succès. Mais il y a eu plusieurs beaux moments pendant les Jeux.

« Je crois que partout dans le monde, on sera content que cet événement ait eu lieu en raison de ce qui se passe présentement », a dit Alexander Zverev, après avoir gagné l'or en tennis masculin devant Bach, son compatriote allemand.

Hors de la bulle olympique, les cas de COVID-19 ont atteint de nouveaux sommets à Tokyo, même si Bach a répété que la tenue des Jeux n'y avait été pour rien puisque les athlètes ont été placés à l'écart de la population et qu'ils étaient soumis à des tests de dépistage réguliers.

La pandémie continue toutefois de faire des ravages à travers le monde et les Jeux de Pékin auront lieu dans six mois seulement. Et la COVID-19 n'est qu'un des enjeux du CIO, qui se retrouve sous pression pour déplacer les Jeux hors de la Chine en raison d'allégations de violations de droits humains.

« Notre responsabilité est de livrer les Jeux, a dit le porte-parole du CIO, Mark Adams. C'est la responsabilité des autres – les Nations unies, qui ont toujours appuyé les Olympiques, et les gouvernements de gérer ça – et pas à nous de le faire. Le CIO doit rester neutre. »

Le CIO s'est impliqué quand le Bélarus a tenté de renvoyer la sprinteuse Krystsina Tsimanouskaya dans son pays après avoir critiqué ses entraîneurs sur les réseaux sociaux. Elle a finalement été envoyée en Pologne grâce à un visa humanitaire. Le CIO a ensuite expulsé deux entraîneurs biélorusses des Olympiques pour leur rôle dans cette saga.

Les Jeux suivent leur cours. Ils le suivent toujours. Le drapeau des Jeux d'été est donné à Paris, qui accueillera les Olympiques en 2024. Le thème de la cérémonie de clôture était des « Mondes que nous partageons », un concept pour faire réfléchir sur l'avenir et « exprimer l'idée que nous habitons tous dans notre propre monde ».

Les athlètes l'ont déjà démontré aux Jeux de Tokyo, dont on se souviendra comme ayant été les Olympiques où ils ont persévéré.