Kingsbury est le roi des bosses

Mikaël Kingsbury a rarement connu l'échec en carrière. Le bosseur de Deux-Montagnes a collectionné les victoires et les globes de cristal sur le circuit de la Coupe du monde de ski acrobatique comme personne d'autre avant lui.

C'est pourtant l'une de ses très rares contre-performances qui pourrait lui permettre de concrétiser l'objectif qu'il chérit désormais le plus: une médaille d'or olympique.

La saison dernière, Kingsbury s'est révélé quasiment invincible sur les pistes. Neuf victoires, dont sept d'affilée, en 11 épreuves de la Coupe du monde. Mais le "King des bosses" en voulait plus. Son ambition était de conclure sa saison en fanfare en réalisant l'exploit inédit chez les hommes de rafler les deux titres aux championnats du monde.

Le dénouement a été brutal. Limité à une médaille de bronze lors de l'épreuve des bosses en simple, il s'est contenté le lendemain du 13e rang dans l'épreuve en parallèle, lui le champion en titre. Pire, le Japonais Ikuma Horishima s'est offert le doublé historique qu'il convoitait tant.

S'il jure avoir tourné la page sur ce pénible épisode, il en tire néanmoins une leçon.

« J'ai l'impression qu'il n'y a jamais rien qui arrive pour rien. À mon avis, c'est une bonne chose que ça me soit arrivé à ce moment-là. Ça me garde sur le bout de mon siège. »

« Après ces mondiaux qui ne se sont vraiment pas déroulés comme je le voulais, ça m'a donné le goût de m'entraîner vraiment fort pendant l'été pour prouver aux autres que c'est en 2018 que ça va se passer. »

Cet échec a effectivement décuplé sa volonté de matérialiser son rêve ultime à Pyeongchang.

Et Kingsbury, médaillé d'argent à Sotchi derrière son coéquipier Alexandre Bilodeau, se rend en Corée du Sud avec un bagage qui devrait lui permettre de ne pas se laisser distraire par l'ampleur de l'événement.

« Cette fois, j'ai l'expérience olympique, note celui qui avait déjà agi comme ouvreur de piste aux Jeux de Vancouver en 2010. mes premiers jeux à Sotchi, j'étais comme un petit enfant à Walt Disney. C'était un rêve qui devenait réalité. Je m'en suis quand même sorti avec une médaille, c'est assez incroyable ce que j'ai vécu là-bas. Je vais m'en souvenir toute ma vie. »

« Pyeongchang, je m'en vais vers du connu. J'ai appris beaucoup des derniers jeux et je veux l'utiliser à mon avantage. »

Le grand favori

Kingsbury a beau détenir un palmarès inégalé dans sa discipline avec 70 podiums, dont 48 victoires, en 87 épreuves de la Coupe du monde, n'allez surtout pas croire qu'il est blasé par ses succès.

« J'aime ce que je fais. La médaille d'or olympique est vraiment une grande source de motivation. J'ai l'impression que dans mon sport, je n'ai pas encore atteint mon "peak". J'ai encore des choses à apprendre et à faire pour m'améliorer. »

En action dès la troisième journée des Jeux au Parc de neige Phoenix, il est conscient que tous les regards seront braqués sur lui et qu'il fait figure de grand favori pour monter sur la plus haute marche du podium.

Et avec raison. Avant de voir sa séquence de 13 victoires prendre fin à la Coupe du monde disputée à Tremblant, Kingsbury s'est notamment approprié le record absolu de victoires en Coupe du monde. Il ne lui manque plus que la consécration olympique.

« C'est certain que je la veux cette médaille, celle qui me manque. Mais en même temps, je ne veux pas mettre toute mon attention sur la médaille d'or parce que j'ai le sentiment qui si je fais ça, je m'en vais dans la mauvaise direction. »

« Je préfère me concentrer sur les détails qui vont me faire gagner en bout de ligne. Je vais focaliser sur moi, sur le ski, sur le processus que je dois suivre pour gagner. C'est ce qui va faire en sorte que je vais arriver à ma dernière descente avec la tête en paix. Je vais être capable de foncer sans aucun regret et réaliser la meilleure descente de ma vie. »

La pression qui vient avec son statut ne semble d'ailleurs pas l'importuner. En fait, il s'est habitué depuis un certain à être celui qu'on cherche à faire tomber de son piédestal.

« À force de gagner, c'est comme si tu as une grosse cible dans le dos, image-t-il. Les autres veulent te battre, ils t'observent, tu es beaucoup filmé, beaucoup comparé. »

« Mais je ne m'en plains pas. C'est la situation dans laquelle je veux être. C'est motivant d'obliger les autres à travailler fort pour me battre. Ça me donne juste le goût d'en faire plus pour leur prouver que je suis le meilleur. Et je veux le rester. Quand tu y goûtes d'être le meilleur au monde, tu fais tout pour y rester. »

Sa victoire lors de l'épreuve test sur la piste olympique l'hiver dernier contribue à le mettre en confiance.

« C'est une piste que j'aime. Ce n'est pas la plus difficile, mais pas la plus facile non plus. Elle est plaisante à skier. Ça va donner vraiment un bon spectacle, car tout le monde peut s'exprimer sur cette piste. »

« C'est le genre de tracé où je peux me donner à 100 pour cent. Mon but là-bas, c'est de réaliser ma meilleure descente. »

Et s'il passe de la parole aux actes comme il nous y a habitués depuis le début de sa carrière, il se retrouvera en position de décrocher sa deuxième médaille olympique et celle-là sera vraisemblablement en or.

Un survol de Mikaël Kingsbury

Âge: 25 ans - 24 juillet 1991

Discipline: bosses en ski acrobatique.

Ville natale: Sainte-Agathe-des-Monts

Autres sports: Hockey, golf, surf et planche à roulettes.

Réalisations: Il a amélioré son propre record en remportant une 13e épreuve consécutive de la Coupe du monde de bosses. Il a gagné les six premières épreuves cette saison, ainsi que les sept dernières l'hiver dernier.

De tout et de rien: Superstitieux, il porte toujours des caleçons de la même marque à chaque compétition et il possède un t-shirt devenu son chandail chanceux sur lequel est écrit "It's good to be the king".