« L'important aux Jeux olympiques n'est pas de gagner, mais de participer, car l'important dans la vie n'est point le triomphe, mais le combat; l'essentiel, ce n'est pas d'avoir vaincu, mais de s'être bien battu. »

Dire que Tammara Thibeault est en désaccord avec le baron Pierre de Coubertin tient de l'euphémisme.

« Le fait que je sois rendue à Tokyo, ça signifie que je suis rendue à cette étape, celle de rapporter la médaille d'or pour mon pays », a assuré la boxeuse québécoise en entretien avec La Presse Canadienne.

Il ne s'agit pas d'arrogance de la part de l'athlète de 24 ans qui amorcera le tournoi chez les 75 kg le 26 juillet, mais plutôt une belle assurance, causée par sa préparation.

Thibeault vient d'une famille d'athlète. Son père, Patrick, a été receveur de passes pour les Roughriders de la Saskatchewan de 2002 à 2004, avant de se tourner vers la boxe, étant brièvement membre de l'équipe canadienne chez les 91 kg. Les deux frères et la soeur de Tammara ont tous fait du sport jusqu'à un certain niveau, sans toutefois aspirer à participer aux JO.

« Disons que chez nous, bouger, c'était naturel! (?) Au début, j'ai commencé la boxe parce que ça devenait un moment que je partageais avec mon père. Éventuellement, j'ai développé ma propre passion pour le sport. »

Cette passion a pris un cran de plus quand elle a appris que la boxe féminine allait s'ajouter au programme olympique des Jeux de Londres, en 2012.

« ce moment-là, je me suis dit: c'est ce que je vais faire. Je ne savais ni quand ni comment, mais je savais au fond de moi que j'allais aller aux Jeux. »

« Je me rappelle du premier combat de la Canadienne Mary Spencer, double championne du monde, qui était un espoir de médaille pour le Canada à Londres. Je la regardais boxer et je la trouvais incroyable. Elle avait un beau talent et avait atteint un niveau dans le sport que j'espérais atteindre. Neuf ans plus tard, c'est à mon tour. (?) Au fond de moi, je le sais depuis l'âge de 12 ans que j'irai aux Jeux. »

Podium dans la mire

Thibeault, qui fait 1m83, s'est rapidement taillé une place au sein de l'équipe nationale. Les succès n'ont pas mis de temps à suivre. Au cours des quatre dernières années seulement, elle a remporté les championnats canadiens, continentaux et les qualifications en vue des Jeux panaméricains 2019; elle a mis la main sur l'argent au Panams; en plus des médailles de bronze des Mondiaux 2019 et des Jeux du Commonwealth 2018.

Mais ces compétitions ne se voulaient que des répétitions pour la grande scène tokyoïte.

« L'objectif c'est de partir de Tokyo avec une médaille autour du cou, idéalement d'or. En 2019, j'ai eu la médaille de bronze aux Mondiaux. Ce n'était qu'une étape vers mon objectif ultime. Est-ce que ça arrivera à Tokyo? J'espère que oui et j'ai travaillé extrêmement fort en ce sens. Mais j'ai encore une longue carrière devant moi. Je veux me prouver que je suis capable. J'adore la boxe et quand on veut, je suis persuadée qu'on est capable de tout. Si ce n'est pas à Tokyo, je vais continuer de persévérer tant que je n'aurai pas atteint cet objectif. »

Quitte à mettre ses études en urbanisme à l'Université Concordia - Thibeault souhaite devenir architecte quand sa carrière sur le ring sera terminée - de côté un certain temps.

« J'espère que mes performances olympiques pourront expliquer pourquoi j'ai mis tant de temps à compléter mes études! »

« J'ai plein d'autres passions dans la vie et je trouve ça important pour un individu de s'identifier à autre chose. La boxe professionnelle - à laquelle elle ne ferme pas la porte - est vraiment difficile et les gens ont parfois tendance à ne voir que ses bons côtés. Mes parents m'ont bien appris que oui, pour le moment, je suis une athlète, mais ce ne sera pas toute ma vie. Les souvenirs et les émotions resteront, mais le reste de ma vie sera beaucoup plus longue que celle de ma vie d'athlète. »

Le tournoi de boxe s'étendra sur presque toute la durée des Jeux, soit du 24 juillet au 8 août, à l'Aréna de Kokugikan.