Le Canada gagne l'or en équipe
Un record pour Virtue et Moir
Virtue et Moir sur la plus haute marche
Virtue et Moir au coeur d'une controverse
Douville : touchés par les anges


Quatre ans après avoir été privés d'une deuxième médaille d'or olympique consécutive en danse aux Jeux de Sotchi par leurs partenaires d'entraînement américains Meryl Davis et Charlie White, les patineurs canadiens Tessa Virtue et Scott Moir pourraient revivre le même scénario à Pyeongchang.

Cette fois, leurs adversaires seront les Français Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron, doubles champions du monde (2015-2016) et triples champions européens en titre (2015-2016-2017). Virtue et Moir sont toutefois bien déterminés à ne pas revivre l'expérience de 2014.

« C'est un secret de Polichinelle, quand nous avons décidé de revenir, nous voulions le faire pour décrocher l'or aux Jeux olympiques de Pyeongchang, a déclaré Moir, qui a fait le saut avec Virtue chez les professionnels entre 2014 et 2016. Ce qui joue en notre faveur, c'est notre expérience, et nous prenons cette pression non pas comme un obstacle, mais comme un élément de motivation supplémentaire. »

« Nous sommes prêts à tout pour nous hisser au sommet du podium! a ajouté sans hésiter Virtue. Évidemment, le peloton est très relevé en danse en ce moment, et nous savions qu'après une sabbatique de deux ans, nous devions de nouveau faire nos preuves. »

D'ailleurs, Papadakis et Cizeron ont rappelé leur statut de favoris en Corée du Sud en l'emportant lors de la Finale du Grand Prix de patinage artistique à Nagoya, au Japon, en décembre dernier. Du même coup, ils ont freiné la séquence victorieuse de Virtue et Moir, invaincus depuis leur retour à la compétition en 2016.

Les Français connaissent bien Virtue et Moir, puisqu'ils s'entraînent quotidiennement avec eux à l'école de patinage artistique Montréal international, située au complexe récréatif Gadbois dans l'arrondissement Sud-Ouest. Celle-ci est dirigée par les ex-olympiens québécois Patrice Lauzon et Marie-France Dubreuil.

À l'instar de la quinzaine de couples venus des quatre coins du monde, Virtue, de London, en Ontario, et Moir, d'Ilderton, en Ontario, l'ont rejointe en 2016, dans l'espoir de boucler la boucle en Corée du Sud, après avoir décroché l'or aux Jeux de Vancouver en 2010 et l'argent à Sotchi il y a quatre ans. Et dès le départ, la cohabitation avec les Français s'est déroulée sans heurt.

« Ils nous ont accueilli ici à l'école et ont été très généreux avec nous, a évoqué Moir. Honnêtement, nous préférons nous entraîner avec eux plutôt que toute autre équipe. Ç'en dit long sur leur personnalité et leur professionnalisme. Nous sommes leurs plus grands partisans, bien qu'en bout de ligne nous voulons la médaille d'or (à Pyeongchang) autant qu'eux. »

Ce que ne cachent pas les Français, qui apprécient eux aussi la possibilité de s'entraîner chaque jour avec leurs principaux rivaux.

« En fait, une partie de nous ne veut pas s'entraîner avec eux, comme si nous étions à la maison (en France), mais une autre apprécie le fait de pouvoir travailler avec eux, a rectifié Papadakis à la chaîne française TF1 lors d'un reportage diffusé au début du mois de janvier. Ça donne à cette concurrence, à ce qu'ils représentent, un côté plus humain. »

Une situation unique

Si de l'extérieur cette promiscuité entre adversaires peut paraître étrange, la cohabitation n'a rien d'exceptionnel dans l'univers de la danse sur glace.

À l'époque où Lauzon et Dubreuil étaient encore athlètes, ils s'entraînaient avec leurs rivaux français Isabelle Delobel et Olivier Schoenfelder à Lyon. Quant à Virtue et Moir, ils avaient côtoyé à Detroit, sous la supervision de Marina Zoueva, Davis et White, qui les ont privés d'une deuxième médaille d'or olympique à Sotchi.

« Nous nous entraînons avec nos principaux adversaires, Gabriella et Guillaume, et nous sommes au fait de tout ce qu'ils font à chaque jour, a expliqué Moir. De l'extérieur, ça peut sembler étrange, mais c'est normal pour Tessa et moi. C'était comme ça aussi pour les Jeux de 2010 et 2014. Nous les respectons beaucoup. »

« C'est unique de pouvoir travailler chaque jour avec Gabriella et Guillaume, a renchéri Virtue. Nous avons été témoins des nouveaux éléments qu'ils ont apportés à leur programme, de sa mise en forme et de son développement, et ils nous inspirent beaucoup. Nous les admirions déjà pendant notre pause sabbatique, et je crois qu'ils contribuent à transformer notre sport, à le rendre meilleur. »

Pour leur part, Lauzon et Dubreuil assurent ne pas favoriser les athlètes de leur pays car, comme l'a soulignée à maintes reprises la Québécoise âgée de 43 ans, elle considère tous les patineurs de son école comme ses enfants. Dubreuil ne cache toutefois pas l'objectif que Lauzon et elle se sont fixé.

« Notre but est de mettre trois couples, quelle que soit leur nationalité, sur le podium, avait-elle mentionné au quotidien La Presse l'an dernier. Si on vise en bas de ça, on ne fait pas notre "job"! »

Mais pour Virtue et Moir, l'identité du couple qui se retrouvera sur la plus haute marche du podium ne fait aucun doute. Et selon eux, l'expérience qu'ils ont acquise pendant leur séjour chez les professionnels entre 2014 et 2016 fera la différence.

« Je crois que nous avons appris non seulement à plaire aux juges, mais au public, a confié Virtue. C'est l'un des principaux points sur lequel nous nous sommes particulièrement améliorés depuis notre retour à la compétition. »

La compétition de danse sur glace se déroulera les 19 et 20 février aux Jeux olympiques de Pyeongchang, mais peu importe les résultats, il y a fort à parier que Lauzon et Dubreuil en sortiront gagnants.