GANGNEUNG, République de Corée - Le patineur de vitesse longue piste Alex Boisvert-Lacroix avait affirmé qu'il ne venait pas aux Jeux olympiques de PyeongChang pour jouer aux touristes. Une petite erreur technique l'a toutefois privé d'une chance de podium au 500 mètres et il s'est contenté du 11e rang, lundi.

C'est plutôt le Norvégien Havard Lorentzen qui a joué les trouble-fête en devançant le favori local Min Kyu Cha par un centième de seconde pour s'adjuger l'or.

Lorentzen a triomphé grâce à un chrono de 34,41 secondes, un record olympique. Cha avait fait sauter le toit de l'Ovale de Gangneung quelques instants plus tôt en franchissant la distance en 34,42 secondes. Le Chinois Tingyu Gao (34,65) a complété le podium.

Âgé de 25 ans, Lorentzen est le premier Norvégien à remporter l'or olympique en longue piste depuis les Jeux de Nagano, en 1998.

Lorentzen s'est entraîné sous la direction du Canadien Jeremy Wotherspoon, médaillé d'argent au 500 m à Nagano, mais reconnu surtout pour sa chute au départ quatre ans plus tard, aux Jeux de Salt Lake City.

« Il est probablement le meilleur sprinteur de l'histoire, a dit Lorentzen. Il a beaucoup d'expérience et il m'a appris comment rester calme dans des situations comme celle-ci, quand je vois le Coréen fracasser un record olympique et que je dois aller le battre. C'est ce que j'ai fait. C'est incroyable. »

Pour sa part, Boisvert-Lacroix, de Sherbrooke, a été le meilleur Canadien avec un chrono de 34,934. Gilmore Junio, de Calgary, a pris le 17e rang avec un temps de 35,158, tout juste devant Laurent Dubreuil, de Lévis, et son chrono de 35,16.

« Au 500 m, il suffit de deux mauvais pas et votre course est à l'eau. C'est ça qui s'est produit dans mon cas, a indiqué Boisvert-Lacroix. J'ai manqué deux poussées et ç'a fait une grosse différence en bout de ligne. »

Âgé de 30 ans, Boisvert-Lacroix en était à ses premiers Jeux. Il avait été frappé par une mononucléose trois semaines avant les sélections nationales en courte piste pour les Jeux de Vancouver en 2010, puis avait raté sa qualification au longue piste pour les Jeux de Sotchi en 2014.

« J'ai fait preuve de persévérance après avoir raté les Jeux de 2010 et 2014. J'ai continué à foncer et j'ai connu mes meilleures années à vie à partir de l'âge de 28 ans », a raconté Boisvert-Lacroix, qui faisait partie de la dernière paire, lundi.

« (Lundi) soir, j'ai été le meilleur Canadien, même si c'est seulement une 11e position. J'ai montré que j'avais ma place au sein de l'équipe canadienne. »

Boisvert-Lacroix a connu un départ canon avant de commettre une petite faute technique, franchissant les premiers 100 mètres en 9,56, le quatrième meilleur intervalle de la soirée. Il a toutefois noté que les temps signés par Lorentzen et Cha étaient particulièrement rapides.

« J'ai réussi un 34,9 au niveau de la mer, ce qui n'est pas mauvais, mais ça prenait encore beaucoup mieux aujourd'hui, a-t-il admis. Un 34,4 au niveau de la mer, c'est incroyable comme temps. »

Pour une première fois, le 500 m olympique était disputé en une seule vague, et non au cumulatif de deux courses. Boisvert-Lacroix l'a rappelé en soulignant qu'il préférait partir dans le corridor extérieur et non le corridor intérieur, comme ce fut le cas lundi.

« Avant, le 500 m au longue piste, c'était du sport pur, sans facteur chance, a-t-il affirmé. Maintenant, avec un seul 500 m, une seule ligne, ça vient mêler les cartes un peu.

« Je suis un gars de courte piste. C'est appétissant d'avoir un gars devant soi dans la deuxième ligne droite. C'est pour ça que j'aime partir de l'extérieur, je peux pourchasser mon adversaire. »

Dubreuil serein, mais fatigué

Pour sa part, Dubreuil était dans un bon état d'esprit après avoir conclu la soirée en 18e place. Le patineur âgé de 25 ans est passé par toute la gamme des émotions depuis quelques semaines.

Il a d'abord rescapé sa qualification dans l'équipe canadienne quand William Dutton n'a pas respecté le standard olympique du 500 m et que son appel a été rejeté. Il a ensuite été ralenti par une blessure subie à la dernière Coupe du monde avant les Jeux.

« Il y a tellement eu de rebondissements dans le dernier mois que je me disais que tant que je n'avais pas traversé la ligne d'arrivée, je ne savais pas si j'allais faire la course, a-t-il dit en échappant un rire. Je suis content d'avoir fait de mon mieux.

« Si je n'étais pas un athlète, j'aurais dit que je suis à 100 pour cent, mais j'ai manqué des entraînements et je n'ai pas pu faire toute ma récupération en raison de mes problèmes de santé et du stress. D'un certain point de vue, je me sens bien. Mais d'un autre, j'ai hâte à mes vacances. »

Les vacances devront toutefois encore attendre un peu pour Dubreuil, qui participera au 1000 m, vendredi.