Après un allumage en Grèce marqué par des protestations de militants des droits de l'homme opposés à la Chine, la flamme olympique est arrivée mercredi à Pékin, qui accueillera les JO d'hiver en février 2022.

Une cérémonie officielle a été organisée dans la Tour olympique, une gigantesque structure en acier de plus de 200 mètres de haut qui domine le nord de la capitale chinoise, et où la flamme sera exposée.

Apportée par des porteurs en survêtement, elle été accueillie par une chorale d'enfants avant d'être transférée dans un chaudron par Cai Qi, le chef du Parti communiste chinois (PCC) à Pékin.

Outre un « relais en ligne, le traditionnel relais de la flamme aura lieu du 2 au 4 février 2022 sur les sites de compétition avec environ 1200 relayeurs », a indiqué mercredi Zhang Jiandong, vice-président exécutif du comité d'organisation.

Ses propos semblent sous-entendre que ce relais de trois jours sera le seul organisé dans le pays.

Près de 2900 athlètes venus de 85 pays participeront aux Jeux, qui se dérouleront du 4 au 20 février.

La capitale chinoise deviendra à cette occasion la première ville du monde à organiser des Jeux d'hiver après avoir accueilli ceux d'été en 2008.

Comme à l'époque, des appels au boycott de l'événement se font entendre à l'étranger, cette fois autour de la situation des Tibétains, des Ouïghours ou des Hongkongais.

Lundi, l'allumage de la flamme en Grèce a été brièvement perturbé par des manifestants. Ils ont tenté de déployer un drapeau tibétain et une banderole « No Genocide Games » (« Pas de Jeux du génocide ») avant d'être stoppés par la sécurité.

Accusations

Des militants politiques ont par ailleurs exhorté mardi le Comité international olympique (CIO) à reporter l'événement.

« C'est du sport-blanchiment. Il n'y a aucune raison légitime d'accueillir les Jeux pendant un génocide », a déclaré Zumretay Arkin, responsable du Congrès mondial ouïghour, une organisation d'exilés ouïghours opposés à Pékin.

Les Ouïghours constituent le principal groupe ethnique du Xinjiang (nord-ouest de la Chine).

La région a longtemps été frappée par des attentats sanglants, attribués à des séparatistes ou des islamistes ouïghours. En réaction, les autorités imposent une surveillance policière draconienne.

Des études occidentales, basées sur des interprétations de documents officiels chinois, des témoignages de victimes présumées et des extrapolations statistiques accusent les autorités chinoises de répression contre les Ouïghours.

Ces rapports reprochent à la Chine d'avoir interné dans des « camps » au moins un million de personnes, majoritairement musulmanes, d'avoir recours à des « stérilisations forcées » et à du « travail forcé ».

Pékin dément fermement ces accusations et présente les camps comme des centres de formation professionnelle destinés à l'éloigner de la tentation de l'extrémisme.

Les États-Unis affirment que la Chine se livre à un génocide contre les Ouïghours et d'autres minorités musulmanes.

Des associations de défense des droits de l'homme accusent également Pékin de limiter la liberté religieuse et les droits des Tibétains et d'avoir engagé une répression politique à Hong Kong.

Spectateurs autorisés

Plusieurs d'entre elles demandent ainsi aux sponsors, aux dignitaires étrangers, aux célébrités voire aux athlètes de boycotter les JO.

Le président du CIO, Thomas Bach, a mis en avant la neutralité politique de son organisation et a déclaré que c'était aux gouvernements d'être à la hauteur de leurs responsabilités.

Victime du boycott des Jeux de Moscou en 1980, l'ancien escrimeur a déclaré que de telles mesures ne faisaient que pénaliser les athlètes, et a insisté sur le fait que le CIO abordait la question des droits « dans le cadre de ses compétences ».

Les JO-2022 resteront en tout cas encore marqués par la pandémie.

Grosse différence avec les stades quasi-vides de Tokyo : les Jeux de Pékin se dérouleront avec du public. Les billets ne seront toutefois vendus qu'aux personnes habitant en Chine.

Le pays asiatique limite drastiquement l'arrivée d'étrangers depuis l'an passé afin d'éviter une résurgence de l'épidémie sur son sol, où la COVID-19, hormis quelques foyers sporadiques, est quasi-éradiqué depuis le printemps 2020.

Les sportifs participant aux JO de Pékin auront le choix: soit être totalement vaccinés, soit subir une quarantaine de 21 jours à leur arrivée. Il n'y avait aucune obligation vaccinale à Tokyo.