ROME - La mairesse de Rome, Virginia Raggi, a décrété que la ville ne se portera pas candidate à l'organisation des Jeux olympiques d'été de 2024.

Après avoir mené sa campagne électorale en promettant de voter contre une telle candidature, Raggi a officialisé sa position mercredi.

C'est la deuxième fois en quatre ans que la capitale italienne retire sa candidature à l'organisation des JO. L'ex-premier ministre Mario Monti avait rejeté la candidature de Rome aux Jeux de 2020 en raison de problèmes financiers.

Si elle est approuvée par le conseil municipal, la motion de Raggi de retirer la candidature ne laisserait plus que trois candidates en vue des Jeux d'été de 2024: Paris, Los Angeles et Budapest, en Hongrie. Le Comité international olympique (CIO) choisira la ville hôtesse en septembre 2017.

Raggi a déclaré qu'il serait financièrement irresponsable d'aller plus avant dans le processus, étant donné que la ville peine à ramasser ses déchets. Elle a souligné les dettes encourues par les récentes villes hôtesses et noté que Rome est déjà dotée d'infrastructures commencées pour d'autres candidatures sportives, mais jamais complétées pour justifier le retrait de la candidature.

«En vertu des données disponibles, ces Jeux ne sont pas viables, ils n'entraîneront que des dettes, a-t-elle avancé. Nous ne voulons pas que le sport devienne le prétexte à l'érection d'autres fondations de ciment dans cette ville. Nous ne le permettrons pas.»

La mairesse devait rencontrer le président du Comité olympique italien (CONI), Giovanni Malago avant de rendre publique sa décision. Mais environ 45 minutes après l'heure prévue de la réunion, Malago et le reste de la délégation olympique ont quitté l'hôtel de ville en disant que Raggi ne s'était pas présentée.

Cette dernière a prétexté un retard, mais Malago s'est plaint du "manque de respect" et de l'ignorance du processus de mise en candidature et des coûts associés. Il l'a priée de ne pas présenter sa motion au conseil.

«Ne parlez pas de choses dont vous ne savez rien», a-t-il martelé au cours d'un point de presse devant les quartiers généraux du CONI.

Malago a indiqué que le comité poursuivrait son travail en attendant le résultat du vote du conseil. On ne sait pas quand le conseil romain se penchera sur la motion de sa mairesse, mais le dossier de candidature du CONI doit être présenté au CIO d'ici le 7 octobre.

«Si rien n'est formel, on peut continuer, a dit Malago. Ils ne peuvent pas prendre une décision qu'en organisant une conférence de presse.»

Les autres villes candidates n'étaient pas prêtes à éliminer Rome de la course.

«Il n'y a pas de confirmation que Rome s'est retirée de la course; il ne serait donc pas approprié pour nous de commenter et nous souhaitons le meilleur à nos collègues italiens dans cette difficile période», a déclaré le comité de candidature de Budapest.

La candidature de Rome avait été entérinée à 38 contre 6 au conseil municipal l'an dernier. Raggi devra donc soumettre sa motion à un nouveau vote.

Le CIO requiert l'appui des gouvernements pour qu'une candidature soit retenue.

Malago a quant à lui rejeter une nouvelle candidature italienne, même d'une autre ville, en vue des Jeux de 2028.

«Nous avons perdu toute crédibilité. Ils croiront que les Italiens ne sont pas sérieux.»

Un budget de 24 millions d'euros (35 millions $ CAN) a déjà été alloué - et pratiquement tout dépensé - à la candidature romaine.

Signal

Ce retrait de Rome est un autre signal envoyé au CIO pour lui dire qu'il encore beaucoup de travail à faire pour convaincre les villes que d'accueillir les Jeux est un avantage, pas un fardeau.

Les électeurs de Hambourg, en Allemagne, ont aussi rejeté la candidature en vue des JO 2024 par référendum. Boston s'est l'an dernier retirée en vertu d'un manque d'appui public et politique.

Quatre villes s'étaient aussi retirées de la course à l'obtention des Jeux d'hiver de 2022 - Stockholm (Suède), Oslo (Norvège), Lviv (Ukraine) et Cracovie (Pologne) - pour des raisons politiques et économiques. D'autres candidatures ont été rejetées plus tôt dans le processus, si bien que finalement, Pékin a devancé Almaty, au Kazakhstan.

Autre son de cloche à Paris

Du côté de Paris, c'est une attitude totalement différente qui a été adoptée par la mairesse Anne Hidalgo, qui a demandé à tous les candidats à l'élection présidentielle française de se ranger derrière la candidature de la capitale.

S'adressant à un groupe de sénateurs français mercredi, Hidalgo a indiqué que son équipe avait rencontré tous les candidats et leur avait demandé de «créer une unité nationale» en faveur de la candidature.

Hidalgo, une socialiste proche alliée du président François Hollande, a déclaré que le consensus politique autour de la candidature se voulait un élément décisif, ajoutant que le président du CIO, Thomas Bach, lui avait dit "qu'il s'agissait d'un atout solide de (notre) candidature".

L'élection présidentielle française aura lieu en avril et mai.