On entend souvent, dans le monde de la lutte professionnelle, des histoires abracadabrantes des coulisses du sport-spectacle où l’égo des lutteurs et des promoteurs rencontre des démesures à peine concevables.

Les lutteurs professionnels, dans l’ensemble, sont de drôles de moineaux évoluant dans un milieu très compétitif où la personnalité est aussi importante, sinon plus, que la présence physique. Il faut donc, tant en coulisses que sur le ring, tirer son épingle du jeu et penser à soi parce que personne ne le fera pour nous. Cet égoïsme n’est pas propre aux lutteurs, mais il est particulièrement exacerbé quand il est doublé par le physique impressionnant et l’exubérance des catcheurs de profession.

Ceci dit, on rencontre aussi dans le monde de la lutte des gentilhomme profondément sympathique et agréable qui ont une bonne humeur contagieuse et la gratitude au bout de chaque poignée de main chaudement partagée. Frank Milano, l’actuel champion canadien de la International Wrestling Syndicate (IWS), en est un – et tout un à part ça.

De passage dans les studios de RDS lors de l’enregistrement de la Lutte à RDS2, le lutteur de deuxième génération est venu nous parler de sa vie entre les câbles et de son père, Jumping Joe Milano, avec un sourire enfantin estampé sur le visage dès qu’il a franchi les portes du studio. Un regard neuf, encore exempt de l’amertume et des déceptions de certains lutteurs flanqués par le poids des années à tirer le diable par la queue entre un emploi et une passion qui se vit les fins de semaine au Québec.

Frank Milano et son père, Joe Milano

C’était rafraichissant de le voir et de l’entendre au fort de son ascension nous parler de ce qu’il découvre encore le cœur léger, comme si c’était Noël un peu après chaque combat.

À 30 ans, Milano débute à peine sa carrière entre les câbles. Diplômé du dojo de la IWS sous la tutelle de l’ancien lutteur Superstar Shayne Hawke, Milano a obtenu son premier combat en janvier 2016 et, depuis, il peaufine sa personnalité entre les câbles tout en ajoutant des manœuvres à son arsenal très aérien.

Après deux ans et une ceinture aux hanches, ses paires commencent à reconnaître son talent entre les câbles, mais Milano est surtout touché quand son père, un lutteur d'expérience, lui admet qu'il est fier et impressionné par le travail de son fils. Il faut savoir que Jumping Joe Milano, même s'il n'est pas un nom reconnu par le commun des amateurs, en a fait du chemin dans le monde du sport-spectacle en luttant, notamment, pour Gino Brito à Montréal, pour la famille Hart à Calgary et brièvement à la WWE à titre de lutteur anonyme (jobber) pour les autres vedettes de l'organisation.

À la retraite depuis les années 90, Joe Milano peut maintenant revivre sa passion à travers l'apprentissage fulgurant de Frank qui, malgré son manque d'expérience, redouble en effort pour rattraper ses contemporains avec qui il doit partager l'arène les fins de semaines.

On le surveille attentivement depuis un an sur les ondes de RDS et, d'une certaine façon, nous avons contribué au développement de son personnage encore très ambryonnaire à pareille date l'an dernier. Maintenant, Milano prend conscience de l'impact de sa passion et des possibles qui se présenteront inévitablement devant lui.

Vous ne le connaissez peut-être pas encore, mais retenez le nom - Frank Milano ne sera pas longtemps dans l'ombre de ses homologues à Montréal et les frontières ne freineront pas son envol imminent.

Frank Milano à la IWS