Historiquement, le Canada a une très riche histoire en matière de lutte professionnelle. Montréal, Toronto, Calgary, Vancouver et les Maritimes sont autant de villes et régions qui ont connu du succès. Il est donc normal que plusieurs lutteurs canadiens soient reconnus parmi les meilleurs de leur temps. Avec la récente retraite du lutteur Torontois Edge, je vous propose un article sur les 10 meilleurs lutteurs canadiens de tous les temps. Une chronique qui fera revivre de beaux souvenirs à certains et qui sera enrichissante pour d'autres.

Top 10 des meilleurs lutteurs canadiens de l'histoire

La soudaine retraite de Edge a soulevé le débat à savoir qui est le meilleur lutteur canadien de tous les temps. Ce n'est pas la première fois que l'exercice est fait. En 2002, Dave Meltzer du Wrestling Observer à travers le livre sur les 100 meilleurs lutteurs de tous les temps, avait classé une dizaine de Canadiens dans son classement. L'année suivante, Greg Oliver de Slam Wrestling y allait de son classement des 20 meilleurs lutteurs canadiens. Si on y retrouve des choix communs tels que Gene Kiniski, Killer Kowalski, Roddy Piper et les Québécois Yvon Robert et Mad Dog Vachon, d'autres choix divergent complètement. Évidemment, en 2002 et 2003, les lutteurs canadiens qui se sont démarqués dans la dernière décennie avaient une carrière encore trop récente pour s'établir dans un tel classement. Car si vous demandez à un jeune de 20 ans de vous produire cette liste, il a fort à parier que les Edge, Chris Jericho, Christian et Bret Hart y seront car ce sont les lutteurs qu'il a connu. Mais est-ce qu'ils méritent tous de faire partie de cette liste? C'est donc dans l'optique de faire une mise à jour d'un tel classement, de lui donner un goût du jour et de voir si justement de nouveaux lutteurs feraient leur entrée parmi les meilleurs que j'ai décidé de monter ma propre liste des 10 meilleurs lutteurs canadiens de tous les temps.

Oui, je sais, les époques sont difficiles à comparer, mais jouons le jeu quand même. Voici les questions que je me suis posé alors que je préparais la liste.

Est-ce qu'il avait une capacité à attirer les foules?
Est-ce qu'il était un bon lutteur technique?
Est-ce qu'il était bon pour les entrevues?
Est-ce qu'il a eu une influence sur son sport?
Est-ce qu'il a transcendé son sport au point de devenir un nom connu dans la culture populaire?
Est-ce qu'il a remporté des titres majeurs, jouissants ainsi de la confiance des promoteurs?
Quelle a été la qualité de ses opposants?

Cette liste n'est pas la vérité absolue. Elle est tout simplement mon opinion sur le sujet et amènera sûrement, au pire des cas, une discussion sur le sujet! Alors sans plus tarder, voici le Top 10 des meilleurs lutteurs canadiens de tous les temps!

1-Bret « The Hitman » Hart
Lieu d'origine: Calgary, Alberta
Années actif: 1976-2001
Titres majeurs : WWE (5x), WCW (2x)

“The best there is, the best there was and the best there ever will be!” Je ne sais pas si Bret savait vraiment ce qu'il disait quand il lançait cette phrase dans ses entrevues, mais force est d'admettre que plus de 10 ans après sa retraite comme lutteur actif, il est encore considéré comme le meilleur lutteur canadien de tous les temps. Bret Hart a eu la chance d'atteindre une pleine maturité au moment où la WWF faisait un 180 au point de vue de son image. Alors que les années 80 ont vu les Hogan, Warrior, Savage et compagnie, suite au scandale des stéroïdes, Vince McMahon voulait maintenant mettre en évidence des plus petits lutteurs. C'est alors que Bret Hart et Shawn Michaels ont été élevés au rang de finalistes et ce fut sans l'ombre d'un doute l'une des bonnes décisions prises par McMahon. Bret fut champion à 5 reprises de ce qu'est maintenant la WWE, mais il n'a jamais gardé le titre longtemps. Il a cependant été l'un des meilleurs pour attirer les foules durant les années 90, une période où la lutte de façon générale en arrachait. Il a aussi obtenu un match coté 5 étoiles (face à Steve Austin), mais n'a jamais remporté le titre du lutteur de l'année, les lutteurs japonais étant dans une classe à part au milieu des années 90. Malgré tous ces accomplissements, ce qu'on se rappellera de Bret est son match face à Michaels au Survivor Series de Montréal, dans ce qui fut appelé « The Montreal Screwjob ». Ce match eut une influence capitale sur la tournure des événements. Si à la base son départ vers la WCW devait renforcir cette dernière dans sa guerre face à la WWF, le « screwjob » permit à Vince McMahon de devenir un personnage, d'avoir une rivalité avec Austin et ainsi, d'être au cœur de l'ère Attitude qui permettra à McMahon d'acheter sa compétition quelques années plus tard. Bret vs Shawn est sans aucun doute le 2e match le plus important de l'histoire de la lutte, après Hulk vs André à Wrestlemania III. Surnommé « The Excellence of Execution », Bret était un excellent lutteur technique, lui qui avait lutté à ses débuts au Japon face à des légendes comme Tiger Mask. Il a attiré plusieurs grosses foules au cours de sa carrière, la plus grande étant celle du Wembley Stadium dans un excellent match face à son beau-frère, Davey Boy Smith. Sortie tout droit de la famille de lutte numéro un au Canada, Bret fut intronisé au Temple de la Renommée du Wrestling Observer. Il a ouvert la porte à plusieurs lutteurs, qui tout comme lui, ne jouissait pas d'un physique très imposant. Les Chris Jericho, Chris Benoit, Rey Misterio et compagnie n'aurait peut-être pas été champions si un Shawn Michaels ou un Bret Hart n'auraient pas connus du succès avant eux. C'est si important et si influent que Bret Hart fut tout au long de sa carrière.

2-Gene Kiniski
Lieu d'origine: Edmonton, Alberta
Années actif: 1952-1992
Titres majeurs : NWA (1x) AWA (1x)

Considéré comme le meilleur athlète canadien de l'histoire, ou à tout le moins il était surnommé ainsi, Gene Kiniski est devenu lutteur professionnel après avoir eu une carrière écourtée au football et après avoir performé comme lutteur amateur. Il remporta le titre de la NWA en 1966 et obtint l'un des plus longs règnes alors qu'il garda le titre pendant trois années. Mais ce qui est exceptionnelle du côté de Kiniski, est lorsqu'on s'attarde à la liste d'adversaires qu'il a eu. De Pat O'Connor à Ric Flair, en passant par Lou Thesz, Buddy Rogers, Venre Gagne, Édouard Carpentier, Giant Baba, Terry Funk, Jumbo Tsuruta, il a affronté tous les grands ou presque des années 50, 60 et 70. Si son titre de la NWA est ce que le monde se souvient le plus de « Big Thunder », il ne faudrait pas oublier qu'il fut aussi champion de la AWA 5 ans auparavant. Sa grande force physique jumelé à une facilité à faire des entrevues lui ont permis d'être l'un des lutteurs qui a attiré le plus non seulement chez les Canadiens, mais à travers l'histoire. Il a participé à des finales un peu partout où il a lutté que ce soit à St-Louis, à Los Angeles, à New York, à Tokyo ou bien à Montréal. Particulièrement au Japon, il fut l'un des étrangers que les Japonais ont adoré voir lutter, tellement qu'au début des années 2000, il y faisait encore des tournées et ce, même s'il ne luttait plus. Du haut de ses 6 pieds 5 et de ses 275 livres, il était l'un des athlètes les plus en vues au Canada, tout sport confondu. Considéré par plusieurs comme l'un des meilleurs lutteurs de tous les temps, certains pensent même qu'il est le meilleur lutteur à avoir vu le jour au Canada. Une chose est sûr, il avait le physique et les habiletés au micro que la lutte d'aujourd'hui demande et aurait très bien pu faire bonne figure dans la lutte professionnelle s'il était né 30 ans plus tard. Il fait bien évidemment partie du Temple de la Renommée.

3-Killer Kowalski
Lieu d'origine: Windsor, Ontario
Années actif: 1948-1992
Titres majeurs : CAM (International) (13x)

Peu importe l'endroit où vous êtes, au Canada comme aux Etats-Unis, si vous mentionnez le nom de Killer Kowalski, quelqu'un vous mentionnera qu'il avait arraché une oreille à Yukon Eric ! Ce combat, arrivé le 15 octobre 1952 au Forum de Montréal, a fait le tour du globe et est l'une des histoires les plus connues et les plus racontées dans le monde de la lutte professionnelle. C'est d'ailleurs suite à ce combat que celui qui était jusqu'alors appelé Tarzan Kowalski, fut rebaptisé « Killer ». Même si dans la culture populaire ce match résonne dans la mémoire de tous, c'est loin d'être le fait d'armes de sa carrière. Killer Kowalski fut l'un des lutteurs ayant attiré le plus de personnes dans l'histoire de la lutte, n'était devancé que par de grosses pointures tels que Ric Flair, Lou Thesz, Jim Londos, Hulk Hogan, Bruno Sammartino, Strangler Lewis, Buddy Rogers et quelques autres. Il fut impliqué à 4 reprises dans le match à l'échelle nord-américaine ayant attiré le plus de fans pour une année donnée, en 1953, 1957, 1969 et 1973. Au Québec, l'un des territoires où il a eu le plus de succès, le nombre augmente à 6, troisième de tous les temps pour la province derrière Hogan et Robert. Il a remporté le titre de la Commission athlétique de Montréal à 13 reprises, n'étant devancé encore une fois que par Yvon Robert.

De plus, après sa carrière régulière de lutteur terminée, il a entraîné plusieurs lutteurs, les plus connus étant Triple H, Perry Saturn, Kazarian et Chyna. Tout comme Gene Kiniski, son physique (6' 7'', 280) lui aurait valu une place dans n'importe quelle organisation, peu importe l'époque. Même après être devenu végétarien, il demeurait tout de même un lutteur redoutable. En compagnie de Mad Dog Vachon, il détient d'ailleurs le record pour la plus grosse foule dans l'histoire de la lutte à Montréal, alors que 29 127 fans s'étaient déplacés le 14 juillet 1973 pour les voir lutter en finale au Parc Jarry. Ses exploits ont fait de lui un choix facile et évident pour le Temple de la Renommée du Wrestling Observer.

4-« Rowdy » Roddy Piper
Lieu d'origine: Saskatoon, Saskatchewan
Années actif: 1970-1999
Titres majeurs : WWE Intercontinental (1x)

Ce n'est pas tous les amateurs de lutte qui connaissent les vraies origines de Roddy Piper. Alors que plusieurs le considèrent Écossais de par le personnage qu'il a joué et qu'il joue encore, Piper est dans les faits né à Saskatoon en Saskatchewan. Maintenant que vous savez d'où il vient, vous devez vous demander pourquoi il est classé si haut dans ce classement ? Roddy Piper a été l'un des joueurs instrumentaux dans l'ascension qu'ont connu Vince McMahon et la WWF au milieu des années 80. L'ère du « Rock and Wrestling » aurait pu avoir une tout autre tournure sans la présence de Piper. Si de façon générale le crédit est toujours donné soit à McMahon, soit à Hogan, Piper fut à mon avis tout aussi important. Son rôle était primordial au succès du premier Wrestlemania. Un bon babyface est aussi bon que le heel qu'il affronte et vice et versa. Hogan sans Piper au début n'aurait peut-être pas connu le même succès. Peut-être que oui aussi. Mais le premier Wrestlemania, dans lequel McMahon avait investi tout ce qu'il avait et plus, aurait pu être un fiasco et tout ce qu'on connaît aujourd'hui n'y serait pas. Au même titre qu'Hogan, Piper fut le premier lutteur à avoir une visibilité hors du commun alors que dans les préparatifs de Wrestlemania, il était une figure de proue à MTV, qui en collaboration avec la WWF, promouvait l'événement. « The War to Settle the Score » que MTV avait présenté est l'une des choses qui a contribué au succès du premier Wrestlemania.

De plus, Piper était excellent avec un micro entre les mains. Il est d'ailleurs le meilleur de cette liste pour les entrevues. C'est aussi pour cette raison que Vince avait arrêté son choix sur lui. Ses « Piper's Pit » étaient à la fois drôle, intense et intéressant. Qui n'a jamais vu Piper écraser une noix de coco sur la tête de Jimmy Snuka ? Combien de lutteurs ont copié le « Piper's Pit » par la suite ? En fait, on peut affirmer que tous les segments semblables découlent de celui-ci. Même si à la WWF il n'a pu réellement le prouver, Piper était loin d'être un mauvais lutteur. Sa rivalité avec Ric Flair pour Jim Crockett Promotions au début des années 80 est l'une des très bonnes dans l'histoire. Avant ça, Piper était un Dieu dans l'état de l'Oregon, plus précisément à Portland pour le promoteur Don Owen. Avec Hogan, il fut la première vedette « mainstream » que la WWF a connu. Il est sans aucun doute le seul lutteur de l'histoire de la compagnie à n'avoir jamais remporté le titre de la WWF tout en ayant autant d'influence. Celui qui est aujourd'hui considéré comme l'un des plus grands heels de l'histoire fait bien sûr partie du Temple de la Renommée.

5-Yvon Robert
Lieu d'origine: Verdun, Québec
Années actif: 1932-1957
Titres majeurs : National Wrestling Association (1x)

Il est aux fans de lutte québécoise ce que Maurice Richard a été au hockey. Yvon Robert est arrivé à un moment dans l'histoire du Québec où les Canadiens-Français (sic) avaient besoin de s'identifier à des héros qui parlaient leur langue et qui vivaient leur culture. Dans un sport qui fut historiquement deuxième au Québec au niveau de la popularité derrière le hockey, Robert était l'athlète que bien des gens voulaient être. Tout comme Richard d'ailleurs. Fort, agile, talentueux, charismatique. C'est d'ailleurs son charisme qui fut son plus grand outil. Il n'était pas mauvais dans un ring, loin de là, mais d'autres lutteurs de son temps ont certainement été supérieurs au niveau des habiletés de lutte uniquement. Mais le charisme que Robert avait, jumelé à toutes les autres qualités requises, lui ont valu le titre du meilleur lutteur québécois de tous les temps. Avec l'aide d'Eddie Quinn, le promoteur à Montréal de 1939 à 1964, il a fait du territoire de Montréal un territoire millionnaire. Il a changé le cours de l'histoire de la lutte au Québec.

Il fait partie des 20 lutteurs ayant attiré le plus en Amérique du Nord. Au Québec, il domine outrageusement, loin devant le 2e Québécois. Le titre le plus important qu'il a remporté est celui de la National Wrestling Association, en 1942, qu'on ne doit pas confondre avec la National Wrestling Alliance, la NWA qu'on connaît aujourd'hui. Il s'agissait quand même d'un titre reconnu mondialement. Ce qui est encore plus remarquable, c'est qu'il a accomplit presque tous ces exploits à Montréal. Bien qu'il ait lutté dans plusieurs villes aux Etats-Unis, il était davantage un attrait à Montréal ainsi que dans quelques villes de l'est des Etats-Unis comme Boston et Philadelphie. Il a aussi la notoriété d'être le premier grand lutteur québécois et être le premier est toujours quelque chose de spécial. S'il n'a pas été le meilleur lutteur technique que la province ait connu, il en a certes été le plus populaire, qualité requise pour faire sa marque dans ce métier et qui fait partie d'un tout lorsqu'on évalue l'importance d'un lutteur. Il a lutté contre les plus grands de son époque, les Longson, Kowalski, Kiniski, Watson, Thesz, Managoff et compagnie. Il est membre du Temple de la Renommée du Wrestling Observer et est l'un des rares lutteurs professionnels à faire partie du Panthéon des Sports du Québec.

6-« Whipper » Billy Watson
Lieu d'origine: East York, Ontario (maintenant Toronto)
Années actif: 1936-1971
Titres majeurs : NWA (1x)

Si Robert était le Dieu au Québec, Billy Watson était la version anglophone pour les fans de Toronto. Il a rempli le Maple Leaf Gardens plus souvent qu'à son tour et il est à se demander s'il n'aurait pas pu remplir le Rogers Center si tel amphithéâtre avait existé. À l'instar de son alter ego Québécois, Watson arrive tout juste derrière Kowalski et à égalité avec Robert au deuxième rang des lutteurs canadiens ayant attiré le plus de fans dans l'histoire. Tout lutteur nord-américain comprit, il fait partie des 20 meilleurs à ce chapitre. Malgré les salles pleines qu'il attirait et malgré les nombreux titres qu'il a remportés dans sa région, son plus haut fait d'armes est sans contredit d'avoir remporté le titre de la NWA chez lui à Toronto en 1956 face à Lou Thesz, titre qu'il a gardé 8 mois avant de le perdre face à ce même Thesz. Il a eu des rivalités marquantes avec des lutteurs tels que Gorgeous George, Lou Thesz, Gene Kiniski, The Sheik et bien entendu Yvon Robert. De 1942 à 1960, il fut impliqué dans le match ayant attiré le plus à Toronto, sauf pour une année.

Il fut la première star locale de Toronto, ce qui aida à placer la ville comme l'un des territoires dans l'échiquier des meilleures villes de lutte de tous les temps. Pour Toronto, il était plus qu'un lutteur. Son nom est connu de tous, jeunes et moins jeunes. Sa popularité comme lutteur lui a permis de passer très près d'être élu aux élections fédérales de 1965, pour vous dire à quel point il avait des fans fidèles. Si Toronto était sa ville de prédilection, Watson a aussi connu un énorme succès ailleurs au Canada ainsi qu'aux États-Unis. Pour certains, il est le lutteur canadien par excellence de tous les temps. Son talent et ses exploits furent reconnus lorsqu'il fut intronisé au Temple de la Renommée du Wrestling Observer.

7-Maurice « Mad Dog » Vachon
Lieu d'origine: Ville-Émard, Québec
Années actif: 1951-1986
Titres majeurs : AWA (5x)

Fort de sa conquête de la médaille d'or aux Jeux du Commonwealth de 1950, Maurice Vachon commença sa carrière de lutteur professionnel un an plus tard, sans se douter qu'il deviendrait un lutteur respecté de tous, qui eut une influence non seulement sur son sport, mais aussi sur ses collègues et les territoires pour lesquels il a performé. En effet, même si son surnom de « Mad Dog » ne vient pas de lui directement, c'est le surnom qui lui a donné une toute autre corde à son arc, la corde lui permettant d'amener quelque chose de différent au buffet de lutteurs que chaque territoire présentait. Avec son style plus agressif, il faisait en sorte qu'un combat de lutte ne soit jamais endormant pour le client payant. De plus, avec son « background » de lutte amateur de calibre mondial, il pouvait donc aller au front contre n'importe quel type de lutteur, du plus scientifique au plus robuste. Ses entrevues complétaient ses attributs dans un ring, alors que sa voix très particulière faisait de lui un homme que tous les intervieweurs voulaient recevoir sur leur plateau. Une solide lutte, une voix à tout casser et un charisme au-delà de la normale ont permis à Vachon de lutter un peu partout dans le monde et de connaître du succès.

Qui plus est, au Québec, malgré qu'il fut heel presque toute sa carrière, il était le genre de heel que la foule aimait détester, faisant de lui le plus populaire des méchants que le Québec ait connu. Si bien connu qu'il est au Québec, il l'est tout autant chez Onlce Sam et dans le Canada anglais. Le surnom de « Mad Dog », même si d'autres l'ont utilisé par la suite, lui fera toujours référence. Avec son frère Paul, ils sont l'une des rares équipes à avoir attirée des foules considérables. Habituellement, dans les années 50 et 60, on voyait plus de finales en simple qu'en équipe. Avec ses 5 championnats de la AWA, à un moment où le titre était considéré comme l'un des plus importants en Amérique du Nord, voir même au monde, il est l'un sur cette liste avec le plus de couronnement. Il a affronté des lutteurs de catégorie « A » toute sa carrière, que ce soit André the Giant, Buddy Rogers, Bruiser Brody ou Antonio Inoki pour n'en nommer qu'une infime partie. Il est le seul lutteur québécois à avoir été intronisé au Temple de la Renommée du Wrestling Observer, à celui de la WWE et au Panthéon des Sports du Québec. Même à 80 ans, son immense charisme fait en sorte que les gens se retournent lorsqu'ils le croisent, créant un feeling assez particulier et ajoutant au personnage et à la personne qu'est Maurice « Mad Dog » Vachon.

8-Chris Jericho
Lieu d'origine: Manhasset, NY (grandi à Winnipeg, Manitoba)
Années actif: 1990-2010
Titres majeurs : WWE (1x) World (3x)

Un autre coup de génie de la WWE direz-vous ? Alors que la WCW et Eric Bischoff ne savait quoi faire et surtout ne savait pas comment utiliser le talent de Chris Jericho, la WWE a démontré à ses adversaires du temps qu'un bon lutteur, charismatique avec de bonnes qualités orales peut devenir un excellent lutteur professionnel au point d'attirer de bonne foules. De cette liste, Jericho est facilement l'un des 3 meilleurs sur les entrevues, avec Mad Dog Vachon et Roddy Piper. D'ailleurs son segment « Highlight Reel » est probablement l'un des bons segments d'entrevues qu'on a pu voir à la WWE depuis le « Piper's Pit ». Fils d'un ancien joueur de hockey, Ted Irvine, il a grandi à Winnipeg, il y faisait ses débuts au jeune âge de 19 ans.

En l'espace d'une dizaine d'années, il a remporté de multiple championnats avec la WWE, devenant même le tout premier champion incontesté de la WWE lorsque celle-ci a acheté la WCW, une décision qui sur le coup paraissait surprenante mais qui aujourd'hui fait beaucoup plus de sens. Ayant lutté contre les meilleurs de sa génération, c'est contre Shawn Michaels en 2008 qu'il remporta le titre de match de l'année. La même année ainsi que la suivante, il fut nommé le lutteur de l'année à l'échelle mondiale, exploit considérable pour celui que certains voyaient comme un milieu de carte au mieux une dizaine d'années auparavant. Ses qualités d'entertainer et sa facilité à s'exprimer lui ont permis de devenir l'un des meilleurs heels des dernières années.

En 2010, il faisait son entrée au Temple de la Renommée du Wrestling Observer, un fait rare pour quelqu'un qui est encore actif. S'il est en pause de lutte pour l'instant, il reste quand même dans le champ de vision des fans, alors qu'on peut le voir régulièrement à la télévision dans diverses émissions de variétés ainsi qu'aux concerts de son groupe rock, Fozzy. Il faut donc partie maintenant des lutteurs qui ont su transcender les limites de la lutte professionnelle.

9-Chris Benoit
Lieu d'origine: Montréal, Québec
Années actif: 1985-2007
Titres majeurs : WCW (1x) World (1x)

La carrière de Chris Benoit a changé la journée où en compagnie de Saturn, Eddie Guerrero et Dean Malenko, il a fait le saut de la WCW vers la WWF. Alors qu'il n'était pas considéré comme un joueur d'impact à Atlanta, étant plus souvent qu'autrement placé en milieu ou début de carte afin de permettre aux Hogan, Nash, Hall et compagnie de garder leur statut, la WWF l'a élevé à un statut qu'il n'avait pas encore eu, mais pour lequel il était amplement qualifié. C'est alors qu'à New York, la ville de prédilection de la WWE, lors du 20e anniversaire de Wrestlemania en 2004, il remporta le titre mondial reconnu par la WWE. C'était une consécration pour celui qui avait du se battre contre sa grandeur et son poids toute sa vie afin de se faire une place dans le milieu. La WCW avait tenté de le retenir en lui octroyant son titre, mais il était trop peu trop tard. Son départ, ainsi que ceux de ses acolytes, ont cimenté encore plus la position de la WWE par rapport à la WCW, Si Benoit n'est pas celui en carrière qui a attiré le plus de gens dans les amphithéâtres, il a certes plus que compensé par ses prouesses dans le ring. Il est le seul Québécois à avoir lutté dans un match coté 5 étoiles. Il a participé à un match de l'année, mais surtout, il fut nommé le meilleur lutteur technique sur la planète à 5 reprises, record qui fut battu l'an dernier par Daniel Bryan (Bryan Danielson). Malgré une fin de vie qui laissa un goût amer à toute la communauté de lutte professionnelle, rien ni personne ne pourra lui enlever son talent de lutteur et les exploits qu'il a accomplit. C'est d'ailleurs ce que le comité de sélection du Temple de la Renommée du Wrestling Observer en a conclut, lorsqu'il a été décidé de le garder au sein du panthéon suite à ses actions.

10-Abdullah the Butcher
Lieu d'origine: Windsor, Ontario
Années actif: 1958-2011
Titres majeurs : North American (6x)

Lorsqu'on parle de lutteurs qui sont devenus plus grands que nature, qui ont transcendés le sport-spectacle qu'est la lutte professionnelle, l'un des premiers noms qui vient en tête des gens est Abdullah the Butcher. Oui, les Hogan, Austin, Rock sont probablement nommés avant lui, mais pour ceux qui ont vu lutté Abdullah en direct, en reste un souvenir qui vient s'imprimer à tout jamais dans leur mémoire. Quel fan de lutte dans les années 60, 70 ou 80, qui a assisté à un combat d'Abdullah à Montréal n'a pas été pris dans une émeute que Abby et son gérant, l'impayable Eddy Creatchman, pur laquelle ils avaient été les instigateurs ? C'est d'ailleurs ce côté plus violent, plus sanglant qu'on retient souvent d'Abdullah. Muni d'une fourchette qui faisait gémir de douleur ses adversaires, Abdullah créait la controverse partout où il passait. Même s'il était bien ancré dans le paysage québécois, Abdullah connu encore plus de succès au Japon, où il est considéré comme un demi-Dieu. Il est certes l'un des lutteurs étrangers qui fut les plus populaires ou détestés, selon l'angle que vous analysez la chose, en terre nipponne. Encore aujourd'hui, il est capable d'aller chercher des sommes faramineuses pour se donner en prestation là-bas. Après avoir fait ses débuts pour le père de Gino Brito, Jack Britton, dans la région de Detroit, Abby a vite commencé à lutter à Montréal où il est devenu rapidement un succès aux guichets.

Les Américains ont de la difficulté à comprendre comment gros Abdullah était au Québec. Il n'a jamais lutté à la WWE, même si je pense que Abdullah vs Hogan aurait pu faire de la bonne argent, et n'a jamais été considéré comme un réel finaliste par les autres promotions. En fait, il était une attraction. Mais une vraie. Et Abby le savait car il dépassait rarement 6 mois dans le même territoire, justement pour demeurer une attraction. Pour les Américains, que Abdullah soit plus connu au Québec que Ric Flair est un non-sens. Pourtant, discutez de lutte avec une femme de 60 ans qui n'a jamais été une grande fan de lutte et parmi les lutteurs qu'elle vous nommera, le nom d'Abdullah y sera. Avec le Québec et le Japon, l'autre territoire de prédilection pour Abby fut Porto Rico. Si encore aujourd'hui il se donne dans des combats, faisant de lui l'un des rares à avoir lutté dans 7 décennies, il obtient quand même des reconnaissances, comme de faire partie des Temple de la Renommé du Wrestling Observer et de la WWE.

Conclusion
Évidemment, d'autres lutteurs canadiens ont connu de belles carrières. Earl McCready, Pat Patterson, Owen Hart, Stan Stasiak, Ronnie Garvin, Johnny Rougeau, Rick Martel, Dino Bravo, Don Eagle, Hans Schmidt, Ivan Koloff, Jos Leduc, Jacques Rougeau Jr, Vampiro et plus récemment Edge, auraient tous leur place dans une liste qui honorerait les 20 ou 30 meilleurs lutteurs canadiens.

Un fait à noter est que depuis le 17 avril 2009, une nouvelle loi fédérale donne la citoyenneté canadienne à quiconque est né à l'extérieur du Canada, mais qu'un des deux parents est Canadien et ce, même s'il n'a jamais habité au Canada et même s'il n'a jamais fait une demande officielle de citoyenneté. Dans le monde de la lutte professionnelle, trois noms ressortent du lot. Shawn Stasiak, Carlito et le dernier et non le moindre, Dwayne « The Rock » Johnson ! Mais bon, reconnaître The Rock comme Canadien est d'entrer dans une sémantique qui ne serait pas pertinente d'entrer.

Qu'est-ce que le futur nous réserve au Canada ? Plusieurs lutteurs canadiens se retrouvent dans l'une ou l'autre des principales organisations de lutte à travers le globe. La WWE compte sur David Hart Smith et Tyson Kidd. La TNA compte sur Robert Roode et Eric Young. ROH en a aussi quelques uns avec El Generico, Steve Corino, Michael Elgin, Kyle O'Reilly et les rumeurs se veulent de plus en plus fortes sur un retour éventuel de Kevin Steen. All-Japan Pro Wrestling compte sur René Duprée tandis que New Japan Pro Wrestling utilise les services de Kenny Omega. Est-ce que ces lutteurs ont une chance de faire partie de l'élite historique une fois leur carrière terminée ? Seul l'avenir nous le dira.

Historiquement, Montréal est la plus grosse ville de lutte que le Canada ait connue. Toronto est par contre présentement un plus gros marché que la métropole québécoise. Des villes comme Calgary, Vancouver, Winnipeg et la région des Maritimes ont tous marqué à leur façon l'histoire de la lutte. Il sera donc intéressant de voir de quelle façon ces marchés évoluent en corrélation avec les vedettes montantes de la lutte canadienne.

D'ici là, je vous invite à y aller de vos commentaires et même de votre propre liste des 10 meilleurs lutteurs canadiens. Vous pourriez même vous aventurer avec une liste des 10 meilleurs lutteurs canadiens actuels, ce qui ferait également un excellent débat. Si l'exercice vous intéresse, n'hésitez pas à diffuser vos listes et vos commentaires dans la section créée à cet effet ou encore via le Grand Club, où un billet de ma part afin de commencer la discussion y est déjà inscrite. Finalement, vous pouvez aussi m'envoyer un courriel au patric_laprade@videotron.ca

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Sur ce j'espère que vous avez apprécié et on se reparle ici, bientôt !

Pat Laprade