Call ou fold? Raise!
Poker mardi, 13 déc. 2011. 13:24 jeudi, 25 mai 2023. 07:49
Il y a une semaine, j'ai demandé aux membres de PrincePoker, via le forum de discussion, de soumettre leurs idées pour le prochain article. J'ai d'ailleurs reçu plusieurs excellentes suggestions. Celle que j'ai retenue vient de JimmyJack, qui voulait une réponse à la question suivante : « Quand peut-on tourner une main en bluff? » En espérant que les lignes suivantes répondront bien à cette question!
Le but recherché, quand on tourne une main en bluff, est très simple : faire coucher une meilleure main. La particularité de ce type de bluff vient du fait que notre main possède une certaine part de showdown value. En d'autres mots, cela consiste à prendre le bas de ce range de showdown value et de le transformer en bluff. Il s'agit d'un réflexe assez difficile à développer, puisqu'il est contre-intuitif. La plupart des joueurs qui font face à une mise à la rivière, en possession d'une main moyenne, se demanderont s'ils doivent appeler ou coucher celle-ci. Cependant, il y a des occasions où le bluff devient l'option la plus profitable.
Voici deux exemples où tourner notre main en bluff devient le meilleur jeu :
1. Partie à l'argent, NL400. Vous relancez UTG à 14$ avec JJ. Tout le monde se couche jusqu'au BB, un TAG standard, qui 3bet à 44$. Vous avez 800$ et votre adversaire vous couvre. Vous appelez. Le flop tombe 10-7-2 rainbow. Votre adversaire mise 50$ et vous appelez. Le turn est un 6 et vous faites face à une 2e mise, cette fois de 115$. Vous appelez à nouveau. La rivière est un 10. Le pot contient maintenant 420$ et le vilain mise 205$. Il vous reste maintenant 600$. Vous relancez all-in. Votre adversaire réfléchit pour une quinzaine de secondes et couche sa main.
Analysons l'action. Vous avez relancé UTG et votre adversaire, un régulier assez ABC, vous a 3betté au BB. La majorité du temps, cela est un signe de force. On peut imaginer un range du genre QQ, KK, AA, AK, et un occasionnel 3bet bluff. Vu les tapis profonds, le call est probablement le seul jeu possible avec JJ. Au flop, même chose, difficile d'envisager autre chose qu'un call. Bien que ce soit plus serré, vous décidez d'appeler le turn également. La river est un autre 10. Dans l'optique où vous êtes ouvert à transformer vos Jacks en bluff, cette carte est idéale.
Difficile pour votre adversaire d'avoir une main suffisamment forte pour miser et caller un all-in à la rivière. Préflop, il sur-relance très rarement avec une main qui contient un 10. Il ne sur-relance probablement pas non plus avec 77, 22, 55 et 66, qui forment maintenant des sets. La straight est aussi presque impossible.
Cependant, de son point de vue, presque toutes ses mains sont bien plausibles. Vous jouez probablement 77, 55 et 22 de la même façon. 89s, qui donne une straight au turn, est aussi possible. Et si vous aviez un 10, avec des mains comme JTs ou 9Ts, vous venez de faire un triple. QQ, JJ, 99 et 88 font aussi partie de votre range. Heureusement pour vous, la plupart de vos adversaires ne s'attendent pas à ce que vous tourniez ces mains en bluff, ce qui rend le jeu très profitable.
2. NL400, avec des stacks effectifs de 625$. Un bon régulier, assez actif, relance à 14$ et vous appelez au bouton avec 7h 9h. Le flop vient 7d Tc Ah et votre adversaire mise 24$. Vous appelez. Le turn est le Th, vous donnant ainsi un tirage à la couleur. Le vilain continue son agression en y allant d'une mise de 56$, que vous appelez. La rivière est un 3s et vous faites face à une mise de 95$. Vous relancez all-in et vilain fold.
Encore une fois, vous avez pris une main qui a du showdown value (une paire de 7) et l'avez transformée en bluff dans le but de faire folder une meilleure main, dans ce cas-ci un as.
Les deux exemples précédents démontrent bien que le range de vilain et votre range perçu sont les principaux facteurs à considérer quand on pense tourner une main en bluff. Le type de vilain que vous affrontez est aussi à considérer. Par exemple, les joueurs qui ont de bonnes habiletés de hand reading sont généralement de bonnes cibles, puisqu'ils réfléchiront et trouveront généralement un fold si votre ligne est crédible. À l'inverse, il faut évidemment éviter de bluffer contre les mauvais joueurs, puisque ces derniers ne fold pas suffisamment. J'éviterais aussi de transformer une main en bluff contre les joueurs extrêmement agressifs et qui ont un taux de bluffs très élevé. Contre eux, j'aime généralement mieux profiter du fait que j'ai de la value pour tenter d'avoir un showdown. Le fait qu'ils bluff vraiment souvent rend votre call probablement profitable, ce qui n'est pas le cas contre des joueurs plus serrés.
Encore une fois, on voit à quel point un bon hand reading et une réflexion poussée sont des atouts essentiels. Pensez un peu «outside the box» et vos résultats devraient en bénéficier! Bon poker!
Discutez de cet article stratégique de Jason Hallée sur le forum de discussion
Le but recherché, quand on tourne une main en bluff, est très simple : faire coucher une meilleure main. La particularité de ce type de bluff vient du fait que notre main possède une certaine part de showdown value. En d'autres mots, cela consiste à prendre le bas de ce range de showdown value et de le transformer en bluff. Il s'agit d'un réflexe assez difficile à développer, puisqu'il est contre-intuitif. La plupart des joueurs qui font face à une mise à la rivière, en possession d'une main moyenne, se demanderont s'ils doivent appeler ou coucher celle-ci. Cependant, il y a des occasions où le bluff devient l'option la plus profitable.
Voici deux exemples où tourner notre main en bluff devient le meilleur jeu :
1. Partie à l'argent, NL400. Vous relancez UTG à 14$ avec JJ. Tout le monde se couche jusqu'au BB, un TAG standard, qui 3bet à 44$. Vous avez 800$ et votre adversaire vous couvre. Vous appelez. Le flop tombe 10-7-2 rainbow. Votre adversaire mise 50$ et vous appelez. Le turn est un 6 et vous faites face à une 2e mise, cette fois de 115$. Vous appelez à nouveau. La rivière est un 10. Le pot contient maintenant 420$ et le vilain mise 205$. Il vous reste maintenant 600$. Vous relancez all-in. Votre adversaire réfléchit pour une quinzaine de secondes et couche sa main.
Analysons l'action. Vous avez relancé UTG et votre adversaire, un régulier assez ABC, vous a 3betté au BB. La majorité du temps, cela est un signe de force. On peut imaginer un range du genre QQ, KK, AA, AK, et un occasionnel 3bet bluff. Vu les tapis profonds, le call est probablement le seul jeu possible avec JJ. Au flop, même chose, difficile d'envisager autre chose qu'un call. Bien que ce soit plus serré, vous décidez d'appeler le turn également. La river est un autre 10. Dans l'optique où vous êtes ouvert à transformer vos Jacks en bluff, cette carte est idéale.
Difficile pour votre adversaire d'avoir une main suffisamment forte pour miser et caller un all-in à la rivière. Préflop, il sur-relance très rarement avec une main qui contient un 10. Il ne sur-relance probablement pas non plus avec 77, 22, 55 et 66, qui forment maintenant des sets. La straight est aussi presque impossible.
Cependant, de son point de vue, presque toutes ses mains sont bien plausibles. Vous jouez probablement 77, 55 et 22 de la même façon. 89s, qui donne une straight au turn, est aussi possible. Et si vous aviez un 10, avec des mains comme JTs ou 9Ts, vous venez de faire un triple. QQ, JJ, 99 et 88 font aussi partie de votre range. Heureusement pour vous, la plupart de vos adversaires ne s'attendent pas à ce que vous tourniez ces mains en bluff, ce qui rend le jeu très profitable.
2. NL400, avec des stacks effectifs de 625$. Un bon régulier, assez actif, relance à 14$ et vous appelez au bouton avec 7h 9h. Le flop vient 7d Tc Ah et votre adversaire mise 24$. Vous appelez. Le turn est le Th, vous donnant ainsi un tirage à la couleur. Le vilain continue son agression en y allant d'une mise de 56$, que vous appelez. La rivière est un 3s et vous faites face à une mise de 95$. Vous relancez all-in et vilain fold.
Encore une fois, vous avez pris une main qui a du showdown value (une paire de 7) et l'avez transformée en bluff dans le but de faire folder une meilleure main, dans ce cas-ci un as.
Les deux exemples précédents démontrent bien que le range de vilain et votre range perçu sont les principaux facteurs à considérer quand on pense tourner une main en bluff. Le type de vilain que vous affrontez est aussi à considérer. Par exemple, les joueurs qui ont de bonnes habiletés de hand reading sont généralement de bonnes cibles, puisqu'ils réfléchiront et trouveront généralement un fold si votre ligne est crédible. À l'inverse, il faut évidemment éviter de bluffer contre les mauvais joueurs, puisque ces derniers ne fold pas suffisamment. J'éviterais aussi de transformer une main en bluff contre les joueurs extrêmement agressifs et qui ont un taux de bluffs très élevé. Contre eux, j'aime généralement mieux profiter du fait que j'ai de la value pour tenter d'avoir un showdown. Le fait qu'ils bluff vraiment souvent rend votre call probablement profitable, ce qui n'est pas le cas contre des joueurs plus serrés.
Encore une fois, on voit à quel point un bon hand reading et une réflexion poussée sont des atouts essentiels. Pensez un peu «outside the box» et vos résultats devraient en bénéficier! Bon poker!
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