LONDRES – Héroïque, l'Irlande a battu pour la troisième de son histoire la Nouvelle-Zélande, en l'étouffant 29 à 20 (mi-temps : 5-10), samedi à Dublin, au terme d'un match époustouflant de générosité.

Malgré une frayeur en fin de match avec un essai refusé aux All Blacks, pour un en-avant (69e), alors que le score n'était que de 23 à 17, les Irlandais ont inscrit trois beaux essais, avant que deux pénalités de Joey Carbery en toute fin de match ne les libèrent.

Rarement, on aura vu les Néo-Zélandais, prochains adversaire des Bleus le 20 novembre au Stade de France, aussi dominés et acculés par une nation de l'hémisphère nord que lors de ce match.

« Nous l'avons dit la semaine dernière, on doit être à son meilleur niveau et on a probablement besoin d'un peu de chance aussi contre la meilleure équipe du monde », a résumé le sélectionneur de l'Irlande, Andy Farrell.

« Je ne pense pas que nous ayons eu besoin de beaucoup de chance car nous étions probablement à notre meilleur niveau... ce qui est plaisant, c'est que nous pouvons être meilleurs », s'est réjoui le technicien anglais.

Omniprésents sur les déblayages et dans le soutien, disciplinés et efficaces, les hommes d'Andy Farrell ont fait déjouer leurs adversaires, marquant à des moments cruciaux du match.

En première période, ils ont profité d'une supériorité numérique après un carton jaune pour le talonneur néo-zélandais Codie Taylor (16e) pour inscrire un premier essai d'école.

Le centre Bundee Aki, natif de Nouvelle-Zélande, a allongé une passe pour trouver Hugo Keenan qui a servi l'ailier James Lowe pour applatir en coin (5-0, 18e).

Mais même archi-dominés, les All Blacks n'en restent pas moins redoutables et sur une touche dans le camp adverse, ils ont mis à profit une mésentente dans la défense verte pour envoyer Taylor, revenu du bord du terrain, derrière la ligne (5-10).

Vingt-trois secondes dans les 22

En restant seulement 23 secondes dans les 22 mètres adverses lors de cette première période, les Blacks ont rallié les vestiaires en tête.

Mais les Irlandais se savaient sur le bon chemin et ils ont entamé le second acte avec encore plus de détermination, si possible.

« Auparavant, nous aurions dit : "Ah, nous n'avons pas saisi nos chances" et nous aurions... pas abandonné mais nous aurions un peu baissé la tête », a souligné le capitaine Johnny Sexton.

« Mais nous avons continué de pousser à fond et nous avons été récompensés », a indiqué le demi d'ouverture, radieux au terme de sa 101e sélection.

Dès la 43e minute, le talonneur Ronan Kelleher a ramené son équipe à niveau avec un essai en force (10-10) et quelques minutes plus tard, c'est le flanker Caelan Doris, élu homme du match, qui a trouvé l'intervalle en insistant au près pour remettre les Verts aux commandes (17-10, 50e).

Puis Johnny Sexton a rajouté trois points (20-10 57e), quelques instants avant de devoir quitter le terrain pour commotion après un choc à la tête.

Le rêve vert a vacillé encore lorsque Will Jordan a réduit le score à 20-17, peu après l'heure de jeu.

Mais la fin de partie était bien maîtrisée par les Irlandais face aux offensives parfois brouillonnes de Néo-Zélandais aux abois.

Le petit coup de pouce de l'arbitrage vidéo à la fin et le sang-froid de leur buteur remplaçant a fait le reste pour une après-midi qui, après les succès de 2016 et 2018, restera dans les mémoires à Lansdowne Road.