MONTRÉAL - Près d'un an après avoir été contraint de se retirer en catastrophe de la Coupe du monde de ski alpin de Val Gardena, et par le fait même des Jeux olympiques de Pyeongchang, Erik Guay est de retour sur les planches pour un dernier tour de piste. Et il souhaite couronner une carrière déjà prolifique en accomplissant quelques coups d'éclat supplémentaires.

Guay, qui est âgé de 37 ans, n'a pas participé à une épreuve de la Coupe du monde depuis sa 32e place en descente à Val Gardena, en Italie, le 16 décembre. Le lendemain, il avait rencontré les spécialistes d'un hôpital d'Innsbruck, en Autriche, et avait annoncé souffrir d'une rupture de l'anneau fibreux de la quatrième vertèbre lombaire (L4).

Cette blessure s'ajoutait à la rupture ligamentaire à la deuxième vertèbre thoracique (T2) à la suite d'une vilaine chute survenue lors d'un entraînement au Chili l'automne dernier. Interrogé à savoir d'où vient sa motivation pour tenter un autre retour à la compétition, Guay a indiqué qu'il avait l'impression d'avoir des choses à régler (« unfinished business »).

« Je suis encore compétitif. Et ce n'est pas facile de lâcher quelque chose que tu fais depuis que tu es jeune; en fait, c'est tout ce que je connais, a-t-il rectifié. J'adore le ski. Et j'aimerais finir à mes conditions. Je n'étais pas prêt à arrêter l'an dernier; je sentais que j'avais encore des choses à accomplir.

« Et puis j'en ai discuté avec (ma femme) Karen, et elle était partante. Elle voulait que je continue », a-t-il renchéri.

Guay a puisé dans sa vaste expérience pour faciliter sa rééducation au cours des derniers mois. En mars, il a ainsi opté pour un traitement de prolothérapie - qui consiste en l'injection de diverses substances à l'intérieur des tendons et des ligaments endommagés pour soulager la douleur. Ce choix s'était révélé bénéfique pour sa santé il y a cinq ou six ans.

« Ça m'a super aidé, et depuis ce temps-là j'ai pu me remettre à l'entraînement », a-t-il dit.

Interrogé à savoir s'il était totalement remis de ses blessures, le skieur de Mont-Tremblant, qui a également subi six interventions chirurgicales aux genoux au fil de sa carrière, a admis qu'il n'était pas encore à 100 pour cent, mais qu'il s'en approchait progressivement.

Guay a ainsi entamé sa remise en forme lors d'un camp sur le glacier de Zermatt, en Suisse, au mois d'août, et il s'apprête à rejoindre l'équipe canadienne pour un dernier camp d'entraînement préparatoire dans l'Ouest du Canada.

« Ç'a bien été, même si c'était du ski libre, a-t-il dit au sujet de son camp en Suisse. C'étaient des entraînements légers, avec des descentes de 30 à 55 secondes, soit la moitié d'une véritable descente. Il me reste encore un peu de travail à faire pour éviter de me retenir en piste - si tu fais ça, t'es aussi bien d'arrêter ta carrière immédiatement -, alors j'aurai probablement la réponse à mes questions une fois que je serai au haut de la piste lors de la première course. »

Si tout se déroule comme il l'espère, Guay entamera donc sa saison sur le circuit de la Coupe du monde à la fin du mois de novembre à Lake Louise, en Alberta.

Une première en 12 ans

Le skieur le plus prolifique de l'histoire canadienne a déjà indiqué qu'il accrochera ses skis de manière définitive à la fin de la campagne, ce qui signifie qu'il a fait une croix sur les Jeux olympiques de Pékin en 2022.

Mais avant de le faire, le principal intéressé a reconnu qu'il aimerait causer quelques coups d'éclat, notamment aux Championnats du monde d'Are, en Suède, en février 2019. Bien qu'il dise aimer cette piste, Guay a admis qu'il n'en conservait que de vagues souvenirs.

« Je me souviens d'avoir participé aux Championnats du monde d'Are en 2007, où j'ai fini quatrième en descente - son compatriote Jan Hudec avait alors obtenu l'argent. J'en garde de bons souvenirs. J'aurais pu me rafraîchir la mémoire l'an dernier, puisque les finales de la Coupe du monde étaient présentées à Are, mais malheureusement j'ai dû m'absenter à cause de mes blessures. J'espère tout de même bien faire cette année. »

Guay tentera alors de défendre son titre de champion du monde de descente, et de vice-champion du monde de super-G. Un objectif qui, malgré sa santé précaire et son âge, est à sa portée, selon le principal intéressé.

« J'ai toujours eu comme objectif de me rendre au Championnat du monde à Are, a-t-il évoqué. Mais je vise aussi Kitzbühel et Wengen en janvier, où j'ai souvent bien fait, car j'aimerais gagner pour partir sur une bonne note.

« Ceci étant dit, j'ai encore un petit peu de retard à rattraper dans ma préparation, a-t-il ajouté. J'aurais préféré retourner sur mes skis et être rapide immédiatement, mais il faut dire que ça va faire un an que je suis à l'écart de la compétition. Je pense tout de même que je vais être capable de 'challenger' les autres skieurs lorsque la saison décollera. »