MONT-TREMBLANT, Qc - La restructuration qui s'est produite l'été dernier au sein de Ski acro Canada a commencé a porté ses fruits, notamment en fin de semaine dans le cadre de l'épreuve des bosses à la Coupe du monde de Mont-Tremblant.

Cette refonte avait provoqué le départ de l'entraîneur de Mikaël Kingsbury, Rob Kober. Quant à Michel Hamelin, qui dirigeait jusqu'alors uniquement le programme féminin, il a vu sa tâche s'étendre également aux hommes.

Ce changement de garde n'a de toute évidence eu aucun impact sur le rendement du bosseur de Deux-Montagnes, qui a signé samedi une quatrième victoire en cinq courses cette saison, ainsi qu'une 54e victoire individuelle en carrière sur le circuit de la Coupe du monde, un autre record qui lui appartient, à seulement son 96e départ.

L'effet est cependant beaucoup plus remarquable chez les coéquipiers de Kingsbury, dont certains n'ont pas caché qu'ils ressentaient ces dernières saisons une pression inutile à tenter d'émuler les exploits du prodige de 26 ans. C'est à ce niveau qu'est intervenu Hamelin.

« Chaque bosseur doit atteindre son propre niveau, et ils pourraient tous talonner Mik, même si on doit admettre qu'il est spécial, a convenu Hamelin. Il faut que chacun d'entre eux établisse ses objectifs et qu'il contrôle ce qu'il peut contrôler. Moi, en tant qu'entraîneur, j'ai essayé d'offrir une approche personnalisée. Auparavant, c'était le même plan de match pour tout le monde: tout le monde essaie de faire ce que Mik fait. »

Parmi ceux qui ont bénéficié de cette nouvelle approche se trouve le bosseur Laurent Dumais, un espoir de 23 ans qui s'était illustré avec une troisième place en bosses à la Coupe du monde de Val Saint-Côme en 2016. Même si les résultats tardent à venir pour le bosseur de Québec, il enregistré deux top-10, dont un à Mont-Tremblant, et une 11e place à Ruka, en Finlande, Hamelin jure avoir remarqué un changement d'attitude ces derniers mois.

« Laurent cette saison, il n'a pas fait exactement ce qu'il peut faire, mais il a été beaucoup plus constant, a confié l'entraîneur. Il accepte aussi ses performances; il comprend et tente de tirer des leçons de celles-ci. Auparavant, il était beaucoup plus fâché. Il a compris qu'il ne peut pas juste se comparer aux autres, il doit se concentrer sur lui-même. Laurent est présentement dans une année de transition, et je crois qu'il va bientôt pouvoir talonner régulièrement un top-6 mondial. »

Dumais lui-même semble beaucoup plus détendu qu'auparavant, même pendant les compétitions.

« À l'époque, avec Rob (Kober), c'est sûr que tout était axé d'abord sur Mik, alors que maintenant c'est beaucoup plus personnalisé, a commenté Dumais. C'est vraiment 'cool', parce qu'on peut vraiment travailler chacun sur nos points faibles, ce qui nous permet de nous améliorer à notre rythme. Et ça, ça nous permet de ressentir moins de pression. »

L'effet est également observable chez les dames, alors que de nouveaux visages se sont greffés à l'équipe qui comprend depuis plusieurs années déjà les soeurs Justine et Chloé Dufour-Lapointe. Ces dernières ont de nouveau tiré leur épingle du jeu, samedi, en obtenant respectivement les troisième et quatrième places à Mont-Tremblant.

Justine Dufour-Lapointe a cependant tenu à atténuer les attentes et la pression envers ses jeunes coéquipières, telles que les recrues Laurianne Desmarais-Gilbert, Maia Schwinghammer et Sofiane Gagnon.

« C'est bien de voir de nouveaux visages, a-t-elle assuré. Les filles skient bien, elles poussent, donc c'est beau à voir. C'est agréable de savoir qu'on a de la relève. Évidemment, de l'extérieur, ce n'est pas si impressionnant, parce qu'elles n'ont pas encore l'expérience ni les résultats, mais c'est le début d'un nouveau cycle olympique. Ça va prendre du temps, mais on s'en va dans la bonne direction. »

Si certains espoirs en bosses ont ressenti la pression de devoir reproduire les résultats des piliers de l'équipe canadienne. Après tout, Justine Dufour-Lapointe est la championne olympique de Sotchi en 2014 et la vice-championne olympique de PyeongChang en 2018, d'autres, comme Schwinghammer, considèrent cette opportunité comme une chance en or de progresser rapidement.

« C'est assez fou de me retrouver sur la même piste que des filles que je regardais jusqu'à tout récemment à la télévision, a convenu la bosseuse de 17 ans originaire de Saskatoon. Le niveau est beaucoup plus corsé (par rapport aux rangs juniors et au circuit Nor-Am). Ç'a été difficile au départ, mais je suis très optimiste pour la suite. »

« En ce moment, la plupart des athlètes sont meilleures que moi. Mais vous savez, j'ai passé l'été à m'entraîner aux côtés de Mik, Justine et Chloé, les meilleurs qui soient. Ils me poussent à me surpasser, et c'est ça qui m'inspire. »

En attendant l'éclosion de la prochaine génération de bosseurs canadiens, la nouvelle approche de Hamelin sera confrontée à un premier test majeur dans deux semaines, à l'occasion des Championnats du monde de Deer Valley, en Utah. Il sera alors intéressant de constater les progrès de ses protégés.