Le Suisse Beat Feuz, après quatre 2e places, s'est enfin imposé vendredi sur la mythique descente de Coupe du monde Kitzbühel (Autriche) qui s'est déroulée sur près de trois heures avec quatre interruptions dont deux suite à de lourdes chutes.

Beat Feuz a dominé un podium royal avec les trois meilleurs descendeurs du monde: il devance de 16/100e le vainqueur sortant autrichien Matthias Mayer et de 56/100e le triple vainqueur italien Dominik Paris.

Mais le Suisse de 33 ans, triple vainqueur sortant du globe de descente, a bien failli être rattrapé par sa « malédiction » à Kitzbühel, lui qui avait terminé quatre fois deuxième sur la descente la plus réputée du monde (2016 puis de 2018 à 2020).

La course aurait en effet pu être annulée alors qu'elle a été interrompue deux fois à cause du vent qui soufflait au sommet, après les dossards 23 et 25. Le règlement stipule que les 30 premiers au moins doivent s'être élancé pour qu'une descente puisse être validée.

La FIS a donc forcé le cours des choses en faisant courir jusqu'au dossard 30 du Français Nicolas Raffort avant de définitivement interrompre la course, sans donner leur chance aux 25 skieurs restant, et d'entériner les résultats.

Ils auront une deuxième opportunité samedi puisque Kitzbühel organise une deuxième descente, récupérée suite à l'annulation des épreuves de Wengen (Suisse) la semaine dernière.

« Cette victoire me libère »

« Mentalement, ça aurait vraiment été terrible si la course avait été annulée. Si ça avait été le cas, je ne me serais pas présenté au départ demain », a déclaré Feuz.

« Cette victoire me libère quand même d'un certain poids. Je veux toujours gagner une classique, c'est magnifique », a-t-il ajouté.

La « Streif » consacre donc ce champion unique au physique potelé et au toucher de neige magique salué par tous ses pairs, qui l'ont applaudi tel au théâtre à son arrivée dans un stade vide de spectateurs.

Le champion du monde en 2017 et double médaillé olympique en 2018 (bronze en descente, argent en super-G), premier vainqueur suisse à Kitzbühel depuis Didier Cuche en 2012, a assisté sur le siège de leader à deux chutes terribles qui ont causé deux longues interruption qui, en plus du vent, ont étiré la compétition sur près de trois heures.

L'homme en forme du moment, l'Américain Ryan Cochran-Siegle, s'est d'abord projeté dans les filets sur l'un des derniers virages de la Streif, avant d'être évacué par hélicoptère.

Puis le Suisse Urs Kryenbühl s'est écrasé de façon brutale à la réception du dernier saut de la piste, franchissant la ligne d'arrivée en glissant, avant d'être lui aussi évacué par hélicoptère.

« Je suis en colère »

Le Français Johan Clarey, 4e comme l'an dernier, s'est indigné de la dangerosité du dernier saut, qui lui avait valu une lourde chute déjà jeudi à l'entraînement.

« Je suis un peu en colère contre l'organisation et contre la FIS (Fédération internationale de ski). Ça fait deux jours qu'on demande à racler la dernière bosse, qui est trop longue. On fait 80 mètres, on arrive à 145 km/h dessus (...) Je trouve qu'ils sont fautifs là-dessus. Je pense qu'il va falloir trouver des solutions pour ralentir parce qu'on va vraiment beaucoup trop vite. La moindre erreur est dramatique. »

L'organisation a profité des interruptions pour retravailler légèrement ce dernier passage extrêmement dangereux que les skieurs les plus rapides ont abordé à 149 km/h.

À domicile, le double champion olympique autrichien Matthias Mayer (descente en 2014, super-G en 2018) a confirmé avec sa 2e place son aisance sur la Streif, où il avait gagné l'an dernier.

Le roi de Kitzbühel, le triple vainqueur italien Dominik Paris (2013, 2017 et 2019), a lui pris une épatante 3e place un an après s'être rompu le ligament croisé du genou droit.