Éliot Grondin vise rien de moins que la perfection
Ce n'est pas de l'insatisfaction ni de l'arrogance. Mais après avoir dominé le circuit de la Coupe du monde de snowboard cross la saison dernière et mis la main sur son premier globe de cristal, Éliot Grondin a un plus grand objectif : connaître une saison parfaite.
Certains pourraient croire qu'après 10 podiums, dont sept victoires, en 11 courses la saison dernière, il a déjà atteint son objectif. Que nenni!
« Après l'hiver, j'ai regardé mes performances. Les compétitions où je terminais deuxième, sur le moment, j'étais content, je pensais avoir tout fait. Mais en regardant de plus près, je voyais des petites choses que j'aurais pu faire mieux », a indiqué Grondin il y a quelques semaines, au moment d'annoncer une entente avec son nouveau commanditaire Intelcom.
« Ce sont de petits détails, mais s'ils avaient été mieux faits, les résultats auraient été différents. Il faut être dur envers soi-même, en même temps, j'ai toujours voulu être meilleur. Il y a une façon de faire mieux encore », a-t-il poursuivi.
Ce que le Beauceron veut réussir, c'est de gagner toutes les courses au calendrier.
« Je me suis mis un beau problème devant moi. Rendu où je suis, s'améliorer devient de plus en plus difficile. L'aspect technique n'est pas à 100 % déjà, mais de creuser l'écart chaque année devient de plus en plus difficile. Oui, l'an dernier j'ai dominé. J'ai connu une belle saison et j'ai réussi à gagner plus de la moitié des courses, mais maintenant, c'est de voir comment je peux creuser cet écart établi l'an dernier.
« Après, il faut se fixer des objectifs. Une chose qui n'a jamais été faite dans mon sport, c'est une saison parfaite. Est-ce que je vais accomplir ça cette année? Peut-être pas, mais clairement, c'est quelque chose que je veux réussir dans ma carrière. Je pense que c'est vraiment difficile, mais en même temps, on ne peut jamais rêver trop gros », a-t-il confié.
Vrai. Mais comment ne pas être déçu si on n'atteint pas nos objectifs dans un sport où on ne contrôle rien, outre sa propre performance?
« C'est à toi de trouver une façon de contrôler les incontrôlables. Les personnes contre qui je course, ça fait des années que je les côtoie. Tout le monde a un peu les mêmes tendances; quand ils coursent, ils font toujours un peu le même genre de dépassement. Après ça, c'est à moi de faire mes devoirs et d'étudier les autres gars pour voir quelles sont leurs tendances. Si tu as fait tes recherches, ça rend la course plus facile », a expliqué Grondin.
Le Québécois a commencé à croire à ce concept de saison parfaite après une série de succès survenus à la fin de janvier et au début de février 2024.
« Quand j'ai gagné trois courses de suite, j'y ai pris goût, a-t-il dit de ses victoires à Saint-Moritz et les deux autres à Gudauri, en Géorgie. Je me suis dit: pourquoi pas quatre? Après, j'ai terminé deuxième. Ce n'est pas mauvais, mais quand tu en alignes quelques-unes, tu y penses.
« Je sais que, dans un jour donné, si je fais ce que je dois faire, alors je suis capable de gagner. Avant, dans une mauvaise journée, c'était peut-être un podium. Maintenant, je sais que je suis capable de gagner, même dans une mauvaise journée. C'est là que j'ai pris un niveau de plus — j'ai trouvé des moyens, avec mon équipe, lorsque ça va "mal à la shop", de faire fonctionner tout ça », a-t-il résumé.
Mentor
Sans dire que cette mentalité est nouvelle chez Grondin, on peut affirmer qu'elle s'est confirmée au contact d'un autre gagnant : Mikaël Kingsbury.
Les deux hommes se côtoient depuis quelques années sur le circuit de la Coupe du monde, mais, depuis les Jeux de Pékin, en 2022, ils ont développé une belle amitié. On sent même que Grondin voit en Kingsbury un mentor.
« Avec la saison que j'ai connue l'an dernier, je ne peux pas dire que ce n'est pas faisable. C'est un méchant gros défi. En même temps, j'ai le droit de me laisser croire que c'est réalisable. Il y a des athlètes dans le passé qui sont passés proche. Mon ami Mikaël Kingsbury a eu des moments où il a amassé je ne sais pas combien de victoires d'affilée. D'avoir une personne comme lui près de moi, ça ne peut pas faire autrement que de me donner le goût d'en faire plus. C'est inspirant », a évoqué Grondin.
« Je suis chanceux: je me retrouve dans des situations qui ne sont pas vécues par tous les athlètes. Lui, il a gagné 15, 20 fois d'affilée. Il sait ce qui se passe. C'est bien d'avoir quelqu'un comme lui dans mon entourage. (...) Quand je ne comprends pas ce qui se passe, que je suis confronté à des situations que je n'ai pas vécues, c'est toujours bien de savoir qu'il y a quelqu'un (comme lui) qui n'est qu'à un coup de téléphone », a-t-il dit.
Constance
Le podium lui a échappé une seule fois la saison dernière: à Montafon, en Autriche, après s'être blessé à une cheville. À l'époque, il avait choisi d'effectuer ses deux dernières descentes «sur les freins», terminant éventuellement huitième.
Autrement, ce sont sept victoires, deux deuxièmes places et une troisième qui ont ponctué sa campagne. C'est cette constance, absente lors des saisons précédentes, dont il est le plus fier.
« Oui, j'avais terminé troisième au cumulatif (en 2022-23), mais il n'y avait pas de constance : je terminais 27e une course et deuxième la suivante. L'an dernier, mon pire résultat, c'était une huitième place voulue. J'étais en grande finale chaque course, il y avait vraiment une constance », s'est-il rappelé.
« Aller chercher quelques victoires de temps en temps c'est le 'fun', mais j'aimerais mieux terminer en grande finale chaque course de la saison sans gagner que d'obtenir une victoire, faire quatre 12e places et obtenir une autre victoire ensuite, a-t-il relativisé. Surtout dans un sport où il y a plein de choses qu'on ne contrôle pas, la constance à chaque course, à mes yeux, c'est pas mal plus important. »
Cette saison, le calendrier compte 11 courses au lieu de 12. Elle sera lancée les 13 et 14 décembre, à Cervinia, en Italie, et culminera les 5 et 6 avril à la station Mont-Sainte-Anne de Beaupré, où seront remis les globes de cristal. Grondin espère avoir l'occasion de soulever pour la deuxième fois le précieux trophée devant les siens.
« On est sur le bon chemin. Il suffit de continuer ce qu'on a commencé l'an dernier », a-t-il conclu.