MONTRÉAL – À l’ombre de l’opération à grand déploiement orchestrée par la MLS, la United Soccer League, le deuxième championnat de soccer en importance aux États-Unis, s’apprête elle aussi à redémarrer ses activités. 

Jérémy Gagnon-Laparé attendait ce moment avec impatience. Le milieu de terrain québécois est à St. Louis depuis la mi-janvier. La métropole du Missouri est sa nouvelle ville d’adoption depuis la fin subite de son association de deux ans avec le Fury d’Ottawa. Il a eu le temps d’y jouer un seul match avant que l’USL n’interrompe son calendrier le 12 mars. C’est là-bas, en solitaire, qu’il a vécu l’expansion de la pandémie. 

« D’autres joueurs ont pris la décision de retourner à la maison. Moi, j’ai préféré rester. En ne sachant pas trop quelles seraient les conditions pour un éventuel retour au pays, je craignais d’être pénalisé en cas de complications lors de la relance. Je me suis dit que ça serait plus simple d’attendre ici », expliquait l’athlète de 25 ans en entrevue à RDS cette semaine. 

Selon les données recueillies par le New York Times, le Missouri a été relativement épargné par la crise provoquée par la propagation de la COVID-19. En date de vendredi, on y rapportait quelque 27 000 cas déclarés et un total de 1095 décès, des chiffres qui le placent au 29e rang parmi les 50 États américains et le District de Columbia. On y compte toutefois plus de 500 nouveaux cas quotidiennement depuis le 6 juillet. 

« Ça a été bien géré au début, on n’a pas eu de gros spike jusqu’à maintenant. Mais présentement, aux États-Unis, ce n’est pas beau à voir, peu importe l’État », témoigne Gagnon-Laparé, qui note toutefois que les règles de distanciations et le port du masque ont la cote dans son entourage. « C’est l’un des endroits où c’est bien respecté. » 

Dans ce contexte, un retour au jeu pourrait soulever plusieurs inquiétudes, surtout dans une ligue de moindre envergure dont on pourrait douter des moyens et de la volonté nécessaires pour prendre les précautions qui s’imposent. Mais à ce chapitre, Gagnon-Laparé se dit jusqu’ici agréablement surpris. 

Depuis qu’a débuté la préparation pour la relance de la saison, chaque joueur de l’USL est testé en début de semaine afin d’établir son admissibilité à un match amical prévu pour le week-end. Il s’agit de l’une des nombreuses conditions intégrées dans un protocole de 51 pages publié par la Ligue à la fin juin. 

Le système fonctionne : la semaine dernière, le FC St. Louis a vu son match préparatoire annulé puisque les résultats de ces tests – qui se sont tous avérés négatifs, selon Gagnon-Laparé – ne sont pas revenus à temps du laboratoire. 

« Tout est vraiment clean », se réjouit l’expatrié estrien. 

Une part de risque

Gagnon-Laparé ne peut toutefois se débarrasser de l’impression que les joueurs de l’USL l’ont échappé belle. 

En effet, la saison 2020 est la première où les joueurs évoluant en deuxième et troisième divisions nord-américaines sont représentés par une instance légale. L’Association des joueurs de l’USL n’a été reconnue par la Ligue qu’en novembre 2019, quelques mois avant que ne surviennent les imprévisibles complications liées au coronavirus. 

« Sans ça, on aurait sans doute été dans le trouble, suppose l’ancien espoir de l’Impact. Le fait d’avoir eu le syndicat pour défendre nos droits, ça a fait une grosse différence. On nous demandait souvent notre avis, il y a eu beaucoup de va-et-vient entre nos représentants et ceux de la Ligue. Ça a été une très, très belle coïncidence. » 

Mais même s’il a reçu l’approbation des joueurs, le plan de relance de l’USL comporte sa part de risques. Contrairement à la MLS, qui a regroupé ses équipes en un lieu unique pour les opposer dans un tournoi, la ligue reprendra un calendrier standard et ses clubs devront continuer de voyager. En guise d’accommodement, les équipes ont été séparées en huit groupes selon leur emplacement géographique et la longueur des déplacements a été réduite autant que faire se peut. 

Le FC St. Louis, par exemple, aura comme rivaux directs les clubs de Louisville, Indianapolis et Kansas City, qu’il affrontera chacun quatre fois. Chaque équipe jouera un total de 20 matchs. Les voyages de moins de 800 kilomètres se feront en autobus afin de limiter le recours aux vols commerciaux. Les équipes en déplacement seront hébergées dans un hôtel accessible au grand public. 

 « On a un gros protocole, les tests sont sérieux, mais il pourra toujours y avoir des contacts non-contrôlés », réalise Gagnon-Laparé. 

La particularité majeure du plan de reprise de l’USL est qu’il permettra aux équipes d’ouvrir les portes de leur stade aux spectateurs. Cette décision, si elle ne présente pas nécessairement de risques accrus pour la santé des joueurs, pourrait potentiellement favoriser la contamination d’un marché et forcer la Ligue à y faire marche arrière. 

On ne sait donc pas si l’USL sera en mesure de mener à terme son projet en 2020. « Mais on sait que ça va être une saison étrange », conclut Gagnon-Laparé.