LAVAL – L’AS Blainville n’est pas prêt à débarquer de son nuage. L’équipe semi-professionnelle de la Rive-Nord de Montréal a vaillamment tenu tête au Fury d’Ottawa, mercredi soir, s’inclinant par la marque de 1-0 dans le match aller de la deuxième ronde du Championnat canadien.

Largement négligée, la formation de l’entraîneur Emmanuel Macagno a tremblé d’entrée de jeu, mais s’est ressaisie sans trop traîner pour livrer au final une performance inspirée qui lui permet de n’écarter aucun scénario en vue du match retour.

« Leur qualification n’est pas acquise, même s’ils mettent déjà en vente les billets pour le match contre Toronto au prochain tour, a claironné Macagno au terme de la rencontre. Ça, c’est leur problème. Nous on va essayer de faire en sorte qu’ils soient obligés de rembourser leurs partisans. »

« Cette compétition est de la plus haute importance pour nous, alors n’allez pas croire que je ne connaissais rien de Blainville, s’est défendu son vis-à-vis Nikola Popovic. Cette équipe avait été étudiée et nous savions tout à son sujet. Croyez-moi, nous ne sommes pas venus ici en pensant que nous étions supérieurs et que ça allait être facile. Nous sommes une équipe responsable et nous ne prenons rien à la légère. Pour nous, c’est notre Ligue des champions. »  

Macagno pourrait effectivement difficilement reprocher à son vis-à-vis d’avoir pris ses hommes à la légère. Pour cette entrée en scène du Fury dans la compétition pancanadienne, Popovic avait convoqué tous ses titulaires habituels. Le gardien Maxime Crépeau et le défenseur central Thomas Meilleur-Giguère, deux produits de l’Impact de Montréal, avaient notamment été insérés dans le onze partant ottavien.

Ceux qui avaient prédit un massacre ont rapidement eu l’occasion de rire dans leur barbe. Les dernières notes de l’hymne national flottaient encore au-dessus du Stade Desjardins quand les visiteurs ont ouvert la marque. Passé en vitesse derrière la défense sur le flanc gauche, Tony Taylor a croisé une frappe sournoise sous le bras du gardien Erwann Ofouya.

Il n’y avait même pas une minute de comptabilisée au tableau indicateur et déjà, un but y était affiché.

« Un peu de stress, oui. Je vais dire qu’on était un peu endormis au tout début », a reconnu le cerbère, une théorie à laquelle son entraîneur n’était pas prêt à adhérer.

« Si vous analysez le match, ils l’ont tenté plusieurs fois, a observé Macagno. On l’avait vu sur vidéo que c’était une équipe qui attendait, qui essayait d’aller en contre avec de la vitesse devant. On s’est fait surprendre, parce que tu as beau le voir sur vidéo, tu as parfois de la difficulté à t’ajuster avant que l’incident se produise. C’était la première, on a été un peu cueillis à froid, mais non, ce n’était pas de la nervosité. »

« C’est encore jouable »

Blainville n’avait toutefois aucune intention de jouer les sympathiques perdants. Les manches ont été retroussées, les rangs ont été resserrés et les complexes ont pris le bord. Sans gants blancs, les hommes en bleu ont revu à la hausse le prix à payer pour accéder à leur territoire.

À force d’acharnement, les représentants de la Première Ligue de Soccer du Québec ont aussi su faire leur chemin vers le tiers offensif. À la 41e minute, Idir Redjradj a forcé Crépeau à sortir un premier lapin de son chapeau en redirigeant un dangereux coup franc au deuxième poteau. Ofouya, à l’autre bout, empêchait Eddie Edward de doubler l’avance des Ontariens avant la mi-temps.

Blainville est sorti de l’entracte en pleine confiance et a de nouveau flirté avec la parité à la 55e minute, quand Meilleur-Giguère a dû intervenir pour intercepter un centre qui se dirigeait directement vers les crampons de l’attaquant Pierre-Rudolph Mayard. Sur le coup de pied de coin subséquent, Crépeau a dû étirer le bras au maximum pour empêcher un ballon flottant de terminer sa chute dans le fond de son filet.

Crépeau, le joueur du mois de mai en USL, a de nouveau sauvé la mise à la 82e minute lorsqu’il a plongé à sa gauche pour parer un coup franc plein axe de Thibaud Molinas. Pour Ottawa, le pire allait finalement être évité.

« Je pense qu’on y a mis du cœur, a analysé Macagno, qui refusait de célébrer une victoire morale. Les joueurs ont été courageux, ils ont été combatifs, ils ont été présents dans les duels. Avec le ballon, par moments, ils m’ont même étonné parce qu’ils n’ont pas eu peur de jouer. Il nous a manqué d’un peu de réussite à la finition, probablement. On est tombés sur un grand gardien aujourd’hui. »

« C’est un match pour la Coupe et ils n’ont absolument rien à perdre, a commenté Crépeau, qui avait invité son vieux partenaire Evan Bush au Stade Desjardins pour l'occasion. On savait qu’ils allaient tout donner à la maison, avec l’énergie que leur procureraient leurs partisans. On verra bien comment ils vont approcher le deuxième match. »

Les deux équipes se reverront à la Place TD d’Ottawa mercredi prochain. Celle qui mènera au pointage cumulatif à l’issue de cette rencontre aura rendez-vous avec le Toronto FC en demi-finale.

« Je pense qu’on les a bougés, a cru déceler Ofouya. On a fait ce qu’il fallait. Je suis sûr que de leur côté, il y a un peu de respect. »

« On est bien partis, s’encourageait Mayard. On a concédé juste un but. Peut-être que le monde de l’extérieur s’attendait à ce qu’on en prenne plus, mais on a démontré beaucoup de caractère et je pense que c’est ce qui va nous aider à faire un bon match au retour. »

« Ça va être compliqué, mais c’est encore jouable, a sobrement reconnu Macagno. La différence au tableau d’affichage n’est pas énorme. Peut-être que nous allons marquer dans la première minute, comme ils ont réussi à le faire ici, et à partir de là ça sera un match différent. »​