MONTRÉAL – Même si la déception était vive, Wilfried Nancy s’est efforcé de mettre en perspective l’échec vécu par ses hommes au dernier jour du calendrier de la saison 2021 de la MLS.

Une défaite de 2-0 aux dépens de l’Orlando City SC a sonné le glas de la saison du CF Montréal, dimanche, mais l’entraîneur-chef repensait avec fierté au chemin parcouru par un groupe qui aura au final surpassé les attentes des observateurs.

« Je voulais que mon équipe joue comme elle avait joué toute l’année même si c’était do or die. Ce que vous avez vu sur ce match, c’est ce que vous avez vu toute l’année contre n’importe quelle équipe », s’enorgueillissait Nancy, qui est sorti de l’ombre à sa première année à la tête d’une équipe professionnelle en menant un groupe de joueurs méconnus aux portes des éliminatoires.

 « J’aurais aimé que ça se termine différemment parce que les joueurs méritaient de faire les playoffs. On grandit. J’aurais aimé grandir différemment ce soir, mais on grandit. »

Les chances platines ratées en première demie et le but refusé à Romell Quioto accaparaient les esprits immédiatement après la rencontre. Mais Nancy, qui a répété à maintes reprises au cours des derniers mois que son équipe aurait le sort qu’elle mériterait une fois rendue au fil d’arrivée, s’est fait philosophe. La somme des occasions ratées sur le terrain dimanche, a-t-il souligné avec justesse, est en fait un microcosme de tout ce qu’a enduré cette jeune équipe dans son fascinant parcours.

« Le petit regret qu’on peut avoir, c’est les points qu’on a perdus. »

Cette allusion est notamment venue raviver le souvenir du précieux point échappé une semaine plus tôt à New York, ou encore de ce match nul crève-cœur subi auparavant à Toronto. Trois points bêtement gaspillés qui, ajoutés à l’équation finale, auraient donné la réponse recherchée.

Mais avec des si, on fait les séries... Ça aura été l’amère conclusion de cette première saison de l’ère Nancy à la barre du Club de Foot.

« C’est sûr qu’on peut dire la non-qualification se joue sur toute la saison. On aurait pu se mettre à l’abri plus tôt, convenait le milieu de terrain Mathieu Choinière. Mais c’est le foot, il y a des bons et des moins bons moments. »

« La saison aurait pu mieux se passer, mais ça aurait pu aussi moins bien se passer, observait plus pragmatiquement le gardien Sebastian Breza. Aujourd’hui c’était le jour décisif, c’est aujourd’hui qu’on devait gagner. Ça ne servait à rien de repenser aux occasions manquées. Ça ne sert à rien non plus maintenant que le match est joué. »

Avant même qu’on connaisse le sort de cette première mouture du CF Montréal, moult experts avaient admis leurs torts dans leur évaluation de l’équipe en début de saison. Refroidis par le départ de Thierry Henry et peu inspirés par les trouvailles du directeur sportif Olivier Renard, ils avaient pour la plupart placé Montréal parmi les cancres de la MLS.

« Quand j’ai pris connaissance des joueurs que j’avais sous la main, j’ai vu du potentiel, mais ça ne faisait que commencer, s’est souvenu Nancy. J’ai vu les nombreux pronostics. Je n’ai rien à redire là-dessus. Ils ne me connaissaient pas, ne connaissaient pas nos joueurs. Ça m’était égal. »

« Après un match [préparatoire] contre Tampa Bay, j’ai eu un bon pressentiment. On a eu des moments difficiles durant l’année, on aurait pu mettre plus de points en banque, mais c’est un processus. On ne peut pas avoir des jeunes joueurs et de l’expérience en même temps », a sagement rappelé l’entraîneur.

« On ne participera pas aux éliminatoires, mais dans le style de jeu et ce qu’on a réussi à faire cette année, je suis vraiment, vraiment heureux. »  

L’heure du bilan n’a pas encore tout à fait sonné pour le CF Montréal. D’ici quelques jours, à une date qui n’a pas encore été déterminée et dans un endroit toujours inconnu, le Bleu et Noir disputera la finale du Championnat canadien au Toronto FC. L’occasion sera belle de réintégrer la Ligue des champions de la CONCACAF, tournoi dont l’équipe avait atteint les quarts de finale à la fin de l’année 2020.

« Je l’ai dit aux joueurs tout à l’heure : pendant plusieurs jours, [cette défaite] va leur brûler les fesses. Mais on a une finale à jouer et le groupe mérite de gagner cette finale. On va les laisser tranquille quelques jours et se remettre au travail », a laissé planer Nancy en souhaitant que sa troupe obtiendra la présentation de l’événement après s’être déplacée à Halifax et Hamilton pour les étapes précédentes.

« La saison ne finit pas sur une note négative, on a encore ce championnat à jouer, s’encourageait Choinière. C’est une autre source de motivation qu’il faut garder en tête. Ça serait bien de pouvoir soulever le trophée ici. »