MONTRÉAL – Redoutant la possibilité de devoir établir son équipe première aux États-Unis pour une autre saison, la direction du CF Montréal a décidé qu’il tiendra la grande majorité, sinon la totalité, de son prochain camp de préparation au Québec.

Son directeur sportif, Olivier Renard, a dévoilé cette information lors d’un point de presse virtuel lundi.

À l’époque où on l’appelait encore l’Impact, le club montréalais avait l’habitude de s’exiler dans la région de St. Petersburg, en Floride, au mois de février. Ses joueurs pouvaient s’y entraîner sous le soleil et y disputer une série de matchs hors-concours avant de se lancer dans le calendrier de la MLS.

La tradition sera interrompue cette année dans un contexte où la pandémie risque une fois de plus d’éloigner l’équipe de son domicile pour de grands pans de la saison. Le CFM s’entraînera à l’intérieur afin de repousser au maximum la date de son départ vers une terre d’accueil indéterminée.

« Nous sommes conscients qu’il y a beaucoup de points négatifs dans cette décision, a soulevé Renard. S’entraîner sur les terrains synthétiques pendant de longues semaines, ça ne va pas être évident physiquement pour les joueurs. Il y aura aussi la problématique d’arranger des matchs amicaux. Ça va être compliqué. Par rapport à l’expérience que nous avons connue l’année passée, on sait que ça pourrait engendrer un retard au niveau de la préparation physique et du développement des automatismes. Mais on préfère avoir une fraîcheur mentale, que ça soit pour nos joueurs ou le staff, de rester un maximum près de leurs proches avant de peut-être partir pour plusieurs semaines aux États-Unis. »

Renard a évoqué la possibilité que le CF Montréal se déplace à Vancouver pour aller y disputer des matchs préparatoires. Le fait de rester à l’intérieur des frontières canadiennes éviterait à tout le monde de devoir se soumettre à une période de quarantaine lors du retour au Québec.

En 2020, l’Impact s’est installé pendant deux mois à Harrison, au New Jersey, pour s’établir dans les installations des Red Bulls de New York. Ses joueurs ont disputé six matchs « à domicile » au Red Bull Arena et ne sont revenus au Québec qu’à deux reprises au cours de cette période, chaque fois avec l’obligation de respecter une période d’isolement jusqu’au retour.

La MLS n’a toujours pas dévoilé les détails de son calendrier pour la saison 2021, si ce n’est que les camps d’entraînement s’amorceront le 22 février et que les premiers matchs sont prévus pour la première fin de semaine d’avril.

D’une pierre deux coups

Cet éloignement forcé qui est attendu par la direction de l’Impact aura influencé l’entre-saison du club de plus d’une manière.

Renard a admis que le virement jeunesse dans lequel il s’est engagé depuis son arrivée en poste tombait doublement sous le sens cet hiver. L’an dernier, les séjours prolongés loin de la maison se sont avérées particulièrement problématiques pour les pères de famille au sein de l’effectif. Saphir Taïder, qui avait été l’un des vétérans les plus loquaces au sujet de cette dure réalité, a été transféré avant la fin de la saison. Rudy Camacho et Samuel Piette, dont les conjointes respectives ont donné naissance en cours de saison, ont aussi déploré ouvertement cette réalité.

Ce n’est donc pas un hasard si les nouveaux arrivants dans les rangs du CF Montréal sont pour la plupart jeunes et sans enfant. Zorhan Bassong, Ahmed Hamdi, Sinusi Ibrahim, Mustafa Kizza, Djordje Mihailovic, Kamal Miller et Joaquin Torres sont tous âgés de 24 ans ou moins.

« La jeunesse fait partie de notre peut-être futur problème, a convenu Renard, transparent quant à sa volonté d’avoir voulu faire d’une pierre deux coups. Si nous devons passer plusieurs semaines, voire plusieurs mois sur la route, cet aspect-là des choses va peut-être nous aider un peu plus. Il y aura certainement d’autres problèmes qui vont arriver en cours de route, mais j’ai certainement fait attention à cela. »

Renard croit toutefois être parvenu à créer un certain équilibre dans la construction de son groupe. Il note qu’au milieu de cet afflux de juvénilité se trouve un noyau de vétérans à l’aube de la trentaine. En Rudy Camacho, Bjorn Johnsen, Romell Quioto, Aljaz Struna et Victor Wanyama – on se permet d’ajouter le nom de Samuel Piette à la liste – le directeur sportif croit détenir une dose suffisante d’expérience et de leadership pour balancer son vestiaire.

« La plus grosse différence par rapport aux équipes précédentes, et c’est loin d’être une critique, ce n’est qu’une constatation, c’est qu’avant il y avait beaucoup plus de joueurs entre 30 et 35 ans. C’est ça que j’ai essayé de changer dans les derniers mercatos et je pense que lorsqu’on analyse l’effectif et la jeunesse, il y a quand même une grosse différence là-dessus. Mais il y a quand même des pions importants qui ont cette fameuse expérience et qui pourraient très bien être se retrouver dans l’effectif de base. »

Renard a été extrêmement actif au cours des dernières semaines, si bien qu’à deux mois de la date prévue pour le début de la saison, son alignement est pratiquement complété.

« La plupart des mouvements sont finis. Il y aura certainement encore deux ou trois petites retouches. Le mercato vient juste d’ouvrir et le restera jusqu’au début mai, s’il n’y a pas de changement d’ici là, alors je ne peux pas dire que c’est fini. Il se peut très qu’il y ait des sorties de joueur entre guillemets importants ou moins importants à vos yeux, et je devrai réagir face à cela, mais la grande partie du mercato a été conclue. »

Parmi les départs attendus, on peut confirmer que le jeune milieu de terrain Tomas Giraldo, qui a signé son premier contrat professionnel la saison dernière, sera prêté à un club de la Première Ligue Canadienne.