MONTRÉAL – Il y avait d’abord l’adversaire.

De toute son histoire, le CF Montréal n’avait battu qu’une seule fois l’Atlanta United Football Club. C’était en avril 2017, lors de la première rencontre entre les deux clubs. Ça n’était plus arrivé depuis.

Tout récemment, en août dernier, les Géorgiens s’étaient montrés d’une rare vulnérabilité au Stade Saputo. Une première heure de jeu atroce au cours de laquelle ils avaient concédé deux buts. Puis une remontée et un match nul au goût amer pour les Montréalais. Entre ce mauvais souvenir et les retrouvailles d’hier soir au Stade Saputo, Atlanta avait remporté huit de ses dix matchs. On ne parlait pas que d’une bête noire. On parlait d’une bête noire en feu.

Il y avait aussi le contexte.

C’était la conclusion d’une lourde semaine pour le Club de Foot. Elle avait commencé par une dure défaite à Columbus, dure parce qu’accompagnée de l’impression qu’une occasion n’avait pas été saisie. Elle s’est poursuivie par une rude défaite contre la Nouvelle-Angleterre, rude parce que sans aucune équivoque quant à la supériorité de l’adversaire.

Un scénario où les hommes de Wilfried Nancy partiraient en congé avec le poids de trois revers sur les épaules était plus que plausible samedi soir. Mais ce n’est pas ce qui est arrivé. À l’encontre des probabilités, le CF Montréal a comblé un déficit d’un but en deuxième demie et s’est extirpé des sables mouvants qui semblaient vouloir l’aspirer sous la ligne rouge supportant les équipes qualifiées pour les éliminatoires au classement de l’Association Est.

Après cette louable performance, Nancy a soulevé la possibilité que cette raclée prise en milieu de semaine ait été « un mal pour un bien » et a rendu hommage à la capacité de ses adjoints et de ses joueurs à laisser leurs mauvaises sensations derrière et à rapidement focaliser sur la prochaine tâche à accomplir.

« Je suis très content de mon staff par rapport à ce qu’on a fait après le match contre New England, a souligné l’entraîneur. On aurait pu avoir de la frustration ou perdre un peu la tête parce qu’on prend un 4-1 à la maison, mais j’ai aimé la réaction de mon staff. Je les ai incités à rester calme. On a préparé ce match contre Atlanta sereinement pour remettre la tête à l’endroit de tous les joueurs. »

« [Les joueurs], en trois jours, j’ai envie de vous dire qu’ils ont grandi. À Columbus, on perd le match, ils marquent deux buts, nous on n’a pas énormément d’occasions mais si on repart avec un nul, c’est pas volé. New England, on a bien commencé mais on prend trois, quatre buts qui sortent avec nos erreurs. Ça a été une bonne claque pour tout le monde. Mais les gars ont trouvé les ressources nécessaires. Aujourd’hui ils se sont battus pour repartir avec cette victoire. »

Un match de séries

Depuis maintenant quelques semaines, Nancy doit régulièrement répondre à de questions à propos de la lutte serrée dans laquelle est impliqué son équipe et de l’implication de chaque résultat dans les mathématiques du classement. À chaque fois, le coach s’efforce de faire comprendre à son interlocuteur qu’il n’a rien à faire de ces calculs, que son équipe contrôle son propre destin et que rien n’a d’importance au-delà du résultat du prochain match.

James Pantemis ne s’est pas formalisé de cette langue de bois samedi, affirmant que ses coéquipiers et lui s’étaient préparés pour la visite d’Atlanta en la considérant comme « un match de six points ».

« On a traité ce match-là comme un match de séries, a clamé le jeune gardien. C’est un match qu’on devait absolument gagner. Pour le classement, bien sûr, mais aussi pour montrer que ce qui s’était passé mercredi, c’était juste une mauvaise journée pour nous. C’était le message aussi dans le vestiaire. J’ai parlé à l’équipe, je leur ai dit qu’on devait prendre notre frustration du match de mercredi et amener ça dans le match de ce soir. J’étais très content de la performance de l’équipe. »

Djordje Mihailovic a vanté la capacité grandissante du collectif montréalais à reconnaître les moments critiques et à stopper l’hémorragie. Le groupe n’a pas subi trois défaites de suite depuis la fin juillet.

« On a oublié nos déboires de mercredi et on a mis toute notre énergie sur ce dernier match avant la pause. On savait qu’Atlanta connaissait du succès récemment et on savait qu’ils étaient juste devant nous au classement. C’était un peu le même genre de situation à laquelle on avait été confrontés à Columbus, où une victoire nous aurait permis de les distancer mais une défaite nous plaçait dans une situation difficile. »

Assuré de garder sa place provisoire en séries durant la trêve internationale qui s’étirera sur les deux prochaines semaines, le CF Montréal sera confronté à une séquence de sept matchs en 23 jours à la reprise. Le fil d’arrivée est visible et le simple fait que Montréal soit en position de le franchir au sprint relève de l’exploit.

Mais en ne se concentrant que sur l’horizon, on augmente les risques de s’enfarger dans ses lacets, croit Mihailovic.

« On connaît tous l’importance de chacun des matchs à venir, mais je crois aussi qu’il est important de ne pas regarder trop loin en avant. Il nous reste six matchs avant la fin de la saison. Si on reste concentrés et bien ancrés dans le présent, si on ne se met pas trop de pression, je crois que ça va nous aider. »