MONTRÉAL – Lorsqu’il foulera le terrain du DRV PNK Stadium pour y affronter le Crew de Columbus samedi, le CF Montréal tentera de reproduire exactement ce qu’il a été en mesure de faire dans ses deux premiers matchs de la saison.

Contre Toronto en lever de rideau, il menait 2-0 après 24 minutes. Contre Nashville la semaine suivante, il s’est doté de la même avance en 42 minutes. Dur à battre comme entrée en matière. Avec un total de six buts marqués au terme de ces deux rencontres, Montréal produit à la hauteur des meilleures attaques de la MLS. Seuls le Galaxy de Los Angeles et le New York City FC remplissent les filets adverses au même rythme en ce début de campagne.

Mais le dossier des Montréalais n’est pas sans tache. À chacune de ces occasions, ils ont été incapables de complètement fermer la porte à un rival blessé. Ça n’a pas coûté trop cher contre le TFC, en partie parce que l’attaque a été capable d’actionner la guillotine en deuxième demie. Mais contre Nashville, ça a été plus laborieux et deux importants points au classement ont été perdus dans l’opération.

Lorsque cette tendance arrive dans la discussion, Wilfried Nancy sourit comme on sourit quand on sait que notre interlocuteur touche un bon point. L’entraîneur-chef réalise qu’à long terme, son équipe ne pourra concéder deux buts par match et espérer de meilleurs résultats que l’an dernier. En 2021, l’Impact avait accordé 43 buts en 23 parties, le quatrième pire rendement de la MLS, et s’était classé neuvième sur quatorze au classement de l’Association Est.  

Mais le sourire de Nancy est aussi celui de l'homme qui a des solutions en tête et qui est confiant de voir ses joueurs les assimiler.

Pour l’entraîneur-chef recrue, tout est une question d’attitude.

D’abord dans l’adhésion à une philosophie de jeu qui avait commencé à faire son chemin l’an dernier et sur laquelle le personnel d’entraîneurs insiste depuis le début du camp d’entraînement. Nancy demande à ses joueurs de « défendre vers l’avant » afin de réduire la quantité de problèmes potentiels à résoudre dans le tiers défensif. Lorsque son équipe perd le ballon, il ne lui demande pas de se replier. Il la veut plutôt agressive à la récupération.

« Évidemment, le plus près vous êtes du filet adverse quand vous reprenez le ballon, le plus près vous êtes de marquer un but », résumait avec clarté Samuel Piette récemment.

Nancy reconnaît qu’entre l’idée de départ et son aboutissement, il y a un pas que son groupe n’a pas encore franchi. La distance ne sera couverte qu’avec beaucoup de volonté et un peu de patience.

« D’abord les joueurs doivent y croire, alors c’est une attitude, a expliqué Nancy jeudi. Défendre en avançant ou être agressif sur le porteur de balle, c’est une attitude premièrement. On essaie de mettre en place des exercices et des situations pour que les joueurs n’aient pas le choix d’avoir cette attitude-là. Après, dans un deuxième temps, effectivement ça prend du temps. On demande aux joueurs d’être capables d’attaquer et de contrer la défense le plus rapidement possible. Ce sont des choses qui prennent un peu plus de temps à mettre en place, mais encore une fois je suis content de ce que je vois, il y a une bonne progression par rapport à ça. Mais il faut qu’on continue parce que c’est dans cette direction-là que je veux que l’équipe joue. »

« Il y a des moments où on ne pourra pas défendre en avançant, on va être obligés d’être un peu plus attentistes, on va dire, comprend Nancy. Mais je ne veux pas que ça dure longtemps. Je veux qu’on provoque les choses. »

Il est question d’attitude aussi dans la façon d’approcher les duels, qu’ils aient lieu où on les provoque ou qu’on les subisse plus bas sur le terrain. Au-delà de toutes les considérations stratégiques ou tactiques, Nancy aimerait voir ses joueurs aborder les situations corsées avec un peu plus de mordant.

« Je crois qu’on doit être plus méchants, si vous voyez ce que je veux dire. [Contre Nashville], on savait dès le départ qu’ils étaient meilleurs que nous sur les centres et à l’intérieur de la surface. Alors individuellement, il nous fallait être un peu plus vicieux pour tasser leurs joueurs. Il faut apprendre ça, il faut être agressifs. »

Le défenseur Zorhan Bassong, qui a obtenu ses premières minutes de la saison au Tennessee, est d’accord avec son patron.

« On a une équipe qui est relativement jeune, donc qui peut par moments manquer d’expérience, estime l’athlète de 21 ans. C’est-à-dire que des joueurs plus expérimentés vont savoir quand faire des fautes de manière à ce que ça ne pose pas de problème pour l’équipe. Mais à un certain moment, oui je suis d’accord sur le fait que y a des moments où il faut faire des fautes pour calmer le jeu, faire souffler notre équipe. Ou encore s’il y a une situation de danger qui arrive, je pense qu’il faut trouver les moments pour essayer, comme le coach dit, d’être vicieux pour essayer de ne pas encaisser des buts bêtes. »

« Parce que je pense que tous les buts qu’on a encaissés pour le moment, ce sont des buts qu’on pouvait vraiment éviter, conclut Bassong. Et donc oui, peut-être qu’être plus malicieux nous aidera dans le futur à avoir des blanchissages ou à encaisser le moins de buts possible. »