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Kei Kamara : derrière un leader naturel, un « putain de compétiteur »

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MONTRÉAL – En surface, Kei Kamara dégage une certaine légèreté qu'on pourrait facilement méprendre pour de la nonchalance.

Un large sourire constamment plaqué au visage, le longiligne attaquant a le compliment facile et l'accolade généreuse. Lorsqu'il ne prend pas lui-même les devants pour aller tenir compagnie à ses coéquipiers, ceux-ci sont tôt ou tard attirés par son indéniable magnétisme.

En entrevue, il est affable, généreux et toujours d'une grande humilité.

« Merci à Chicharito pour avoir raté son penalty! », a-t-il badiné lorsqu'on l'a félicité pour sa nomination sur l'équipe de la semaine de la MLS, mercredi.

Même sur le terrain, Kamara peut parfois donner la fausse impression d'être un grand nounours. Qu'y a-t-il à craindre d'un gars qui célèbre ses buts en joignant ses mains dans la forme d'un cœur?

Vous dites? Le fait qu'il en a célébré plus que pratiquement tous les joueurs qui ont porté un uniforme en MLS? Oui, pas fou.

« On sait tous qu'il est capable de marquer des buts, mais - excusez-moi du terme, mais je suis obligé de le dire – c'est un putain de compétiteur », a lâché Wilfried Nancy au sujet de son précieux vétéran.

L'entraîneur du CF Montréal n'a rien appris à ceux qui ont regardé son équipe renverser Toronto FC dimanche au BMO Field. Dans un match qui a vite senti la catastrophe, Kamara a marqué un but charnière en exposant le défenseur Chris Mavinga et le gardien Alex Bono à la fin de la première demie, il a servi la passe décisive qui a mené au but d'Alistair Johnston au début de la deuxième et a été d'une rigueur exemplaire dans ses efforts défensifs tard dans la rencontre. Ce n'est d'ailleurs pas lui, mais plutôt Romell Quioto, que Nancy a substitué en premier quand il a eu besoin de jambes fraîches devant à la 77e minute.   

D'une solution d'urgence arrivée en catastrophe lorsque des blessures ont compromis le début de saison de Mason Toye et Bjorn Johnsen, le fier représentant de la Sierra Leonne est devenu, à 38 ans, un atout dont l'une des meilleures équipes de la MLS ne pourrait se passer.

« Je vais être honnête, il m'a surpris, a dit Nancy. Quand Olivier [Renard] m'a parlé de Kei, il n'y avait rien à dire, mais je me posais la question, est-ce qu'il allait entrer dans le projet? Je n'avais aucun doute sur la personne, mais quand quelqu'un fait plusieurs clubs, on est tout le temps en train de dire "oui mais, oui mais". Mais depuis notre première discussion, ça a été super et aujourd'hui, je ne suis pas surpris.

« Il prend son rôle bien comme il faut. Il sait ce que j'attends de lui, que je lui donne deux minutes ou 96 minutes, le gars il est là, il est présent. [...] Ce n'est pas qu'il a envie de gagner. C'est qu'il fait tout pour pouvoir gagner », nuance le coach.

Un leadership naturel

La contribution de Kamara aux succès du CF Montréal dépasse largement les limites du terrain, à l'intérieur desquelles il a jusqu'ici fourni six buts et six passes décisives. Personne ne va jusqu'à dire que le leadership qu'il apporte manquait à l'équipe l'année dernière, mais sa plus-value dans la dynamique actuelle ne fait aucun doute.

« Malgré son âge, c'est un gars qui est capable de niaiser dans le vestiaire, d'être un peu plus "immature", dans le bon sens du terme, et de rejoindre un peu tout le monde, décrit Samuel Piette. Il amène une joie de vivre. Je ne sais pas combien d'années il lui reste à jouer, mais tu vois que c'est un gars qui profite au maximum du temps qu'il lui reste. D'avoir un gars comme ça toujours de bonne humeur, mais qui est sérieux quand c'est le temps., ça fait beaucoup de bien. »

Concrètement, Kamara est le cerveau derrière une tradition née en mai à Charlotte et dont l'équipe des communications numériques du CF Montréal fait maintenant ses choux gras. Après chaque victoire, il a eu l'idée de rassembler ses coéquipiers au milieu du vestiaire pour entonner le classique « Sweet Caroline » de Neil Diamond, un peu comme les Red Sox de Boston appellent leurs partisans à le faire lors de leurs parties locales à Fenway Park.

« C'est un projet que j'avais en tête depuis l'année dernière, raconte Nancy. Je voulais qu'on crée quelque chose pour éviter que les gens partent après les matchs et qu'on soit unis tous ensemble. J'ai titillé un peu les capitaines par rapport à ça, ils ont dit "Ouais, on va voir". Finalement ça a pris un peu de temps. Puis Kei est arrivé et il l'a fait naturellement. C'est lui qui a mis ça en place. C'est ça, Kei. »

L'initiative, et toutes les autres qui sont restées derrière les portes closes, ont contribué à créer un esprit de corps qui a eu l'effet d'une potion magique sur cette belle bande de négligés. Piette, qui joue sa sixième saison à Montréal, assure n'avoir jamais rien vu de tel. Kamara, qui a représenté huit équipes en MLS, tient à peu près le même discours.

Ce solide mortier qui tient toutes les pierres de l'édifice ensemble, ce qu'il appelle en anglais « collectiveness », c'est ce qui le rend le plus fier dans tout ce que l'Impact a accompli cette saison.

Mais il refuse d'en accepter à lui seul le crédit.

« J'aurais pu aller n'importe où ailleurs, dire les mêmes choses et personne ne m'aurait écouté. Mais quand on arrive dans un endroit comme ici, où les gars sont comme des éponges et sont prêts à absorber ce qu'on partage, c'est vraiment bien. J'aime ce qu'on a bâti. Rien n'est l'affaire d'une seule personne. Ce qu'on fait, on le fait tous ensemble. »