MONTRÉAL – Wilfried Nancy ne l’a pas caché. Cette victoire célébrée par son équipe dimanche au terme de la finale du Championnat canadien faisait du bien, mais elle n’apaisait pas totalement l’amertume causée par son exclusion des matchs éliminatoires de la MLS.

« Je dirais que les deux, trois, quatre jours, peut-être même la semaine après notre défaite contre Orlando, ça a été difficile », a admis l’entraîneur du CF Montréal, ajoutant qu’il n’avait pas eu le cœur à regarder le début du tournoi automnal du circuit Garber la veille.

Mais Nancy pouvait regarder vers l’avenir avec satisfaction après ce triomphe de 1-0 qui permettait à ses hommes de soulever la Coupe des Voyageurs, convaincu que les écueils rencontrés lors de sa première saison à la barre de l’équipe ne l’avaient pas été en vain.

Deux semaines plus tôt, avec une qualification pour les séries à l’enjeu, ses joueurs avaient raté de précieuses occasions, avaient concédé l’avance à l’adversaire et avaient perdu leur sang-froid après des décisions arbitrales défavorables. Son groupe avait été coulé par sa fébrilité et son inexpérience au moment le plus important de sa saison.

Deux semaines plus tard, le CF Montréal n’a été que très peu inquiété contre un rival qui a pourtant l’habitude de lui faire vivre les pires cauchemars. Il a dicté l’action dès les premières secondes et n’a jamais levé le pied de l’accélérateur, plombant le filet adverse de 23 ballons tout en ne concédant que quatre tirs sur son propre filet. Le match n’a jamais été aussi serré que le pointage ne peut le laisser croire et dans les rares moments tendus dans son territoire, le Club de Foot n’a jamais perdu son calme.

Nancy est sorti du terrain du stade Saputo convaincu que cette performance exemplaire sous pression était le fruit des apprentissages tirés de la défaite qui avait précédé.  

« Il faut vivre des échecs comme ceux-là pour s’améliorer. Je suis pas mal certain qu’on a gagné aujourd’hui parce qu’on a eu l’opportunité de jouer un match d’une envergure similaire deux semaines plus tôt contre Orlando. Je crois que c’est pour ça qu’on a été capables de gérer notre match un peu mieux aujourd’hui. »

« Je sais que c’est un processus et aujourd’hui, je suis heureux parce que ça n’a pas été facile, mais on a gagné et on l’a fait en jouant de la façon dont je veux voir mon équipe jouer. »

Le CF Montréal dressera le bilan de sa saison mardi mais déjà, Nancy et ses patrons doivent pointer leur viseur sur la Ligue des champions de la CONCACAF. La compétition mettant aux prises les meilleurs clubs de l’Amérique du Nord, de l’Amérique centrale et des Caraïbes se mettra en branle à la mi-février, une dizaine de jours avant le début du calendrier de la MLS.

Le CFM devra régler des questions importantes en amont de cette nouvelle épopée sur la scène internationale. Le statut du vétéran défenseur Rudy Camacho, dont le contrat vient à échéance le 31 décembre, est l’un des dossiers qui devront être traités en priorité. La quête potentielle pour un nouvel attaquant et l’identification du gardien titulaire seront quelques-unes des autres histoires à suivre au cours des prochains mois.

« Pour l’instant, je veux juste savourer ce qui se passe, a dit Nancy. On aura un petit bilan, on en discutera, mais on est prêt. On avait envisagé les possibilités si on se rendait plus loin ou si on perdait. C’est pour ça que j’aime mon travail. Je trouverai des solutions avec la direction pour faire des ajustements nécessaires au besoin. »

Un MVP surprise… et affamé!

Sebastian Breza avait le cœur léger après avoir conclu sa première saison à Montréal avec un trophée au bout des bras.

« On a mangé à 9 h 45, donc je dirais que j’ai un peu faim présentement », a répondu le gardien pince-sans-rire lorsqu’on lui a demandé comment il se sentait après la victoire.

Ironiquement, Breza n’avait pas dépensé le plus de calories dans le match qu’il venait de disputer. Mais même s’il n’avait eu à effectuer aucun arrêt pour protéger la fragile avance des siens, c’est à lui qu’a été décerné le titre de joueur par excellence du Championnat canadien.

« J’ai été très surpris quand j’ai su que j’avais été sélectionné, a-t-il avoué. On a joué seulement trois matchs et j’ai touché au ballon peut-être 15 fois dans ces trois matchs. Mais bon, on va le prendre. Un prix c’est un prix. J’ai un pot de fleurs maintenant! »

« J’ai été surpris qu’il soit nommé meilleur joueur parce qu’aujourd’hui, il n’a rien eu à faire », lui a fait écho son entraîneur en riant.

Arrivé à Montréal en avril en prêt du Bologne FC, Breza a réussi à brouiller les cartes devant le filet de son équipe d’adoption. En plus d’avoir obtenu le mandat de défendre la cage du Bleu et Noir en Championnat canadien, il a été préféré à James Pantemis pour les trois derniers matchs de la saison régulière.

À 23 ans, on se demande si son avenir passe par un retour en Italie ou par un rôle permanent au CFM.

« Mes parents habitent à Montréal, donc à un certain point, je vais être ici l’année prochaine, a-t-il blagué lorsque la question lui a été présentée.  Mais quand on parle du Club de Foot, ce sont des choses qui parfois ne sont pas décidées par les joueurs. Ça dépend des intérêts du club et aussi de mon club propriétaire. On verra ce qui va se passer, mais je suis très content de ma saison. On est champions canadiens et on va aller de l’avant avec ça. Pour la saison prochaine, je n’ai aucune idée de ce qui va se passer. »