MONTRÉAL – Le nouvel entraîneur-chef du CF Montréal, Wilfried Nancy, aime dire que chaque match a sa propre histoire. Sa première saison à la barre de l'équipe est à peine commencée que déjà, elle fait honneur à cet adage.

Dans chacun de ses deux premiers matchs, l'équipe de Nancy est sortie des blocs comme une balle pour se doter d’une avance en apparence confortable. Sa gestion des deux moments n’aurait toutefois pu être plus différente.

Contre le Toronto FC il y a deux semaines, les Montréalais n’ont pas laissé paraître la moindre trace d’insécurité lorsque Marky Delgado a marqué sur penalty à la toute fin de la première demie. Victor Wanyama, conquérant, leur a redonné un coussin de deux buts au retour de l’entracte et rien ne les a plus inquiétés par la suite.  

Contre Nashville, le samedi suivant, l’histoire s’est écrite autrement. Dès le retour de l’entracte, l’impression que la fête ne durerait pas s’est installée, a persisté puis s’est confirmée. Le Club de Foot est finalement revenu de Nashville avec un seul point en poche, une conclusion qui est loin d’être dramatique dans le grand ordre des choses, mais qui demeure regrettable.

« Je crois que si vous regardez à la grandeur de la ligue au fil des ans, ou en tout cas selon ma propre expérience en MLS, l’équipe à domicile a tendance à sortir plus fort et à dominer la deuxième demie, dédramatise le défenseur Kamal Miller. Je crois qu’on a été un peu naïfs dans notre gestion du match. On aurait pu mieux faire par moments, certainement sur les séquences qui ont mené à leurs buts. On a aussi raté des chances de mettre le match hors de leur portée. Ce sont des choses qu’on devrait corriger à mesure que la saison progressera. »

Quatrième pire défensive de la MLS en 2020, le CF Montréal a déjà concédé quatre buts après deux parties. Miller rappelle toutefois un fait que l’éclat produit par l’impressionnante victoire contre Toronto a peut-être masqué : la nouvelle version de l’équipe est un projet naissant qui est toujours dans les premières étapes de sa construction.

« La plupart des équipes de la Ligue ont eu cinq ou six matchs préparatoires. [Incluant le début de la saison], on en a joué un total de quatre. On se familiarise encore à nos coéquipiers, on est encore à développer une chimie entre nous. Il y a eu des moments de brillance dans les deux matchs, des moments où, individuellement et collectivement, on a démontré notre potentiel. Les erreurs que l’on a commises sont bien réelles et il ne faut pas les prendre à la légère, mais je crois que naturellement, notre jeu deviendra de plus en plus propre. »

Mea culpa

Tout était sur bande vidéo et l’entraîneur-chef Wilfried Nancy n’aurait pu le résumer plus clairement dans les jours précédant la rencontre. La tendance de Nashville à attaquer par le flanc gauche, la quantité de centres envoyés dans la surface, la quantité d’hommes qui s’y agglutinent pour en faire la réception, leur efficacité dans les duels aériens. Le modus operandi avait été disséqué à la perfection.

C’est précisément ce qui rend la remontée dont a été victime le CF Montréal encore plus déplorable. Les deux buts qui ont permis à Nashville de créer l’égalité ont été marqués sur des centres, l’un provenant du pied de Randall Leal sur la gauche, l’autre de celui d’Alistair Johnston sur la droite. Les deux tireurs ont eu tout le temps au monde pour armer leur frappe et dans la surface, les duels ont été remportés sans grande opposition.

Le plan de match était bon. Sur ces deux séquences coûteuses, c’est l’exécution qui a fait défaut.

« On savait que ça s’en venait, n’a pas caché Miller. C’était à nous de mieux traiter l’information reçue avant le match et d’empêcher ces centres d’être décochés. Mais une fois qu’ils le sont, c’est à des gars comme moi, Rudy [Camacho] et Kiki [Struna] de faire le travail et on aurait pu faire mieux, c’est sûr. Ce sont des leçons qu’il nous faudra apprendre. »

Miller a accepté le blâme pour son rôle sur le premier but de Nashville. C’est lui que le grand attaquant Jhonder Cadiz a battu au duel pour pousser le ballon derrière Clément Diop.

« Je crois m’être assez bien occupé de lui durant le match, mais sur cette séquence spécifique, j’aurais certainement pu faire un meilleur travail pour le déranger, lui faire perdre l’équilibre un peu. Il a eu toute la liberté pour sauter et avec des gars comme ça, ça finit toujours par coûter cher. »

Rudy le grand frère

Pour Miller, les bons coups ont été plus nombreux que les boulettes à ses premiers pas avec le CF Montréal. Utilisé à gauche d’une charnière centrale à trois, l’international canadien de 23 ans affiche autant dans ses interventions défensives que dans ses relances l’assurance et la maturité d’un vétéran.

« C’est bien de savoir que mes performances attirent l’attention et que tout le monde semble apprécier ma façon de jouer jusqu’à maintenant. Je crois qu’une grande partie de mes succès individuels vient du travail de ceux qui m’entourent. Si je jaillis pour intercepter une passe, par exemple, c’est parce que j’ai Rudy à côté de moi qui communique bien et qui me donne la confiance pour faire ce jeu. Tout le crédit ne me revient pas, mais c’est effectivement un début de saison qui me satisfait jusqu’à maintenant. »

Miller affirme qu’il a trouvé en Camacho, qui est le doyen de la brigade montréalaise et l’un des joueurs qui détient le plus d’ancienneté au club, une sorte de grand frère avec qui une belle complémentarité est en train de se développer.

« Il a l’expérience, c’est lui le cerveau. Il est dans la ligue depuis longtemps et a joué partout dans le monde. Il a beaucoup plus de vécu que moi et à chaque jour, il me donne des conseils, il me parle. Il m’a pris sous son aile. De mon côté, je contribue avec mon jeu physique et ma capacité à dribbler, à briser les lignes. C’est encore tôt, mais déjà on se complète bien et je ne vois pas pourquoi ça n’irait pas en s’améliorant. »