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Digne d'une soirée au Stade olympique

Mathieu Choiniere - PC
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Mise à jour

COLLABORATION SPÉCIALE

Les dernières semaines – et même les derniers mois - n'ont pas été faciles pour le CF Montréal : scandale d'embauche d'entraîneur pour l'équipe de réserve, dévoilement du nouveau maillot retardé, une multitude de blessures et une série de défaites pour entamer la saison sans inscrire le moindre but. Le négativisme faisait des ravages et la lueur d'espoir se trouvait rare. 

La victoire permet habituellement d'évacuer et la manière de celle-ci peut faire basculer le narratif. Le Stade olympique a cette capacité de générer des moments vibrants et laisser des traces mémorables. Samedi soir, c'était digne de cela. Le CF Montréal et ses 23 352 partisans ont refait communion. Les tensions et l'incertitude ont été remplacées par le soulagement et l'extase de la victoire in extremis. 
 
Les hommes d'Hernan Losada ont commencé la rencontre avec force et ils ont captivé le public rapidement avec un but de Romell Quioto, dès la 3e minute de jeu. L'adversaire du soir était de taille, l'Union de Philadelphie étant un candidat pour remporter les grands honneurs. Les joueurs de la ville de l'amour fraternel ont les outils pour faire mal et ils l'ont démontré en revenant à la marque et en prenant les devants 2-1 par l'entremise de Mikael Uhre. 

Les Montréalais ont puisé dans les annales de la saison dernière, ont fait preuve de résilience et de caractère pour non seulement égaler le score, mais pour remporter la partie dans les toutes dernières minutes de la rencontre. 
  
Un acteur important de cette résilience et de ce caractère a été Mathieu Choinière. Le Québécois a brillé par sa confiance, lui qui sort tranquillement de sa coquille, ou étiquette de joueur d'Académie à vétéran. 

Je l'ai déjà dit, Mathieu Choinière me fait penser au début d'un certain Cristian Roldan, l'international américain aux multiples tâches avec les Sounders de Seattle. Il est un peu normal que Choinière en arrive là. Lorsqu'on dit que les jeunes doivent jouer, le numéro 29 se dévoile sur le tard. 

À ses trois premières campagnes, Choinière a disputé 22 matchs pour 763 minutes jouées, malgré une saison 2020 blanche, sans la moindre minute. En comparaison, ses frères académiciens, même si c'était en Canadian premier League, ont obtenu beaucoup plus de temps de jeu. 

Le gardien Jonathan Sirois - qui a disputé 24 parties et obtenu 3870 minutes - et le milieu de terrain Sean Rea - 50 parties jouées et 3439 minutes - ont quasiment autant de bagages chez les pros en étant deux et trois ans plus jeunes. C'est sous les ordres de Wilfried Nancy qu'on a vraiment découvert le natif de St-Alexandre, au poste de piston droit. Il enchaîne les matchs, prend de l'assurance et devient l'homme de confiance de Nancy dans le couloir droit ou gauche. C'est surtout les minutes régulières qui le font avancer et qui lui permettent de se découvrir. 

Sa saison 2021, avec 1931 minutes, le fait passer devant Wandrille Lefèvre comme produit de l'Académie du CF Montréal enfilant le plus de minutes jouées pour le club en une saison. Ses deux dernières campagnes lui apportent une marge de progression avec 3376 minutes jouées depuis 2021.
 
Une belle progression
 
Avec Losada, Choinière convainc au point de devenir un homme de confiance du coach argentin. Il est à trois départs consécutifs à trois postes différents. Le couteau suisse se démarque en ce début de saison par sa confiance, son intensité, son volume et son positionnement. 

Sa confiance se fait remarquer par une volonté d'être plus entreprenant dans le secteur offensif. On a qu'à voir son jaillissement dans la surface pour la frappe qui mène au penalty. Il a effectué huit tirs depuis le début de la saison - dont quatre contre Philadelphie - en quatre matchs. Lors des saisons 2021 et 2022 combinées, il avait réalisé 32 tirs en 52 parties. 

En ce qui a trait à son volume, à la suite d'une grosse activité dans le couloir gauche et central, en plus d'être repositionné comme milieu pour une partie de la 2e mi-temps, Choinière est celui qui a parcouru le plus de distance durant la rencontre chez le CF Montréal, avec 11,5 kilomètres couverts. Seul Leon Flach l'a devancé dans la partie de samedi dernier avec 12, 7 kilomètres.

L'intensité et la compétitivité de Choinière ressortent de plus en plus. Le Québécois n'aime pas perdre dans tous les aspects du jeu. J'ai noté un passage en première mi-temps où il ne se gêne pas d'exhiber à Victor Wanyama de claquer sa passe, après une passe mal dosée. 

Choinière se place aussi très bien dans les intervalles permettant à l'équipe de mieux avancer avec la balle au sol. Il se faufile sans être au contact, comme ce fut le cas sur sa tête pour le but de Chinonso Offor. En somme, il évolue bien. On cherche encore son meilleur poste, mais le milieu semble plus animé lorsqu'il s'y retrouve.  
 
Un autre qui gagne des points est Offor. Chacune de ses rentrées depuis le début de la saison a apporté une dose de menaces dans la surface. Résultat : il a inscrit son premier but de la saison samedi, celui qui permettait aux locaux de créer l'égalité dans les arrêts de jeu. Le Nigerian pourrait-il être partant au retour de la pause? Je suis curieux de voir son rendement avec plus de temps de jeu, mais j'aime aussi son rôle de « joker de luxe » en cours de partie. 
 
L'ADN du CF Montréal a resurgi au Stade olympique. Est-ce que cette victoire peut servir comme élément déclencheur de l'ère Losada?

À suivre...