Passer au contenu principal

Gabriel Gervais et Wilfried Nancy : des dits et des non-dits

Publié
Mise à jour

MONTRÉAL – Les langues auraient pu se délier étant donné que le divorce est enfin prononcé, mais il faudra vraisemblablement attendre la publication d'un livre dans quelques années pour réellement savoir ce qui a mené à la fin de l'association entre Wilfried Nancy et le CF Montréal.

Tant le principal intéressé que le président du club Gabriel Gervais n'ont pas offert de réponses précises aux questions pourtant claires des journalistes, après que le Crew de Columbus eut annoncé mardi avant-midi la nomination du technicien canado-français à la barre de l'équipe.

Gervais avait d'abord habilement manœuvré en encourageant les membres de la presse à demander directement à Nancy les raisons de son départ, tout en précisant que le club était prêt à délier les cordons de la bourse pour retenir les services de celui qui a permis à l'équipe de connaître en 2022 la meilleure campagne de son histoire depuis son entrée en MLS en 2012.

« Tout ce que je peux dire, c'est que ce n'est pas une question financière, a lâché Gervais. Nous étions prêts à égaler toute offre, mais nous n'avons pas eu la chance de nous rendre jusque-là. »

En visioconférence en fin d'après-midi, Nancy a confirmé les dires de son ancien président, sauf qu'il avait manifestement plus envie de discuter de sa nouvelle flamme plutôt que de son ex.

« Ce n'est pas une question de ce que [Montréal] avait à offrir ou pas, a indiqué Nancy. J'ai eu l'opportunité d'entrer en contact avec le Crew. L'équipe m'a présenté une vision claire et je me suis rendu compte que c'était un projet intéressant. Il n'y a pas de comparaison avec Montréal.»

L'entraîneur-chef âgé de 45 ans, qui sera accompagné par l'entraîneur adjoint Kwame Ampadu, le préparateur physique Jules Gueguen et l'analyste vidéo Maxime Chalier à Columbus, a aussi laissé entendre qu'il savait depuis longtemps qu'il avait envie d'aller voir ailleurs. Mais il a cependant fermement refusé de dire à quel moment il avait eu son premier flirt avec le Crew. Officiellement, le CF Montréal a accordé au Crew la permission de lui parler il y a trois semaines.

« C'est arrivé tout naturellement, a avoué Nancy. J'en suis seulement arrivé à un moment où j'ai senti que c'était le moment de changer. Quand je suis arrivé avec l'équipe en 2011, je savais que j'allais éventuellement en devenir l'entraîneur. Je ne sais pas, tout cela a vraiment été graduel. »

Il a évidemment été question des incidents du 9 juillet, mais Nancy s'est borné à répondre qu'il n'y avait rien à dire à ce sujet. Plusieurs observateurs croient que c'est à ce moment que le lien de confiance entre Nancy et le club s'est rompu. Après une défaite de 2-1 contre Kansas City, la pire équipe de la ligue à ce moment-là, le propriétaire Joey Saputo avait bruyamment connaître ses remontrances à Gervais devant le représentant de La Presse. Le travail de Nancy était visé.

Gervais n'a pas offert d'éclairage nouveau sur cette affaire, sauf qu'une anecdote sur un autre événement survenu en fin de saison permet de saisir toute l'ampleur du malaise qui régnait.

« Après le dernier match de la saison contre New York City (le 23 octobre dernier au Stade Saputo, NDLR), Joey est descendu au vestiaire pour parler aux joueurs après en avoir demandé la permission à Wilfried, a raconté Gervais. Joey a notamment dit à tout le monde que l'équipe avait dépassé toutes les attentes. Il a ensuite remercié tous les membres de l'organisation, les joueurs et finalement Wilfried. Joey lui a même tendu la main, sauf que Wilfried l'a refusée. »

« En toute transparence, je suis déçu, a ajouté Gervais. Je souhaitais continuer avec Wilfried, mais nous n'avons pas eu la chance de nous entendre. Ce n'est pas un dénouement idéal... L'une des premières choses que je voulais amener lors de mon embauche, c'est la stabilité. En moyenne, les entraîneurs sont en poste deux ou trois ans dans la MLS, mais Peter Vermes (Kansas City), Brian Schmetzer (Seattle) et Jim Curtin (Philadelphie) ont su rester longtemps. »

C'est donc dire que le CF Montréal aura un 9e entraîneur-chef en 10 ans. Le successeur de Nancy devra être un bon pédagogue qui croit en la philosophie de l'équipe qui consiste à jouer avec le ballon. La maîtrise du français sera un critère très important, mais toutefois pas absolu.

« Quand nous avons vu que nous allions frapper un mur [dans les discussions avec Nancy], nous avons été proactifs et avons effectué des démarches préliminaires, a indiqué Gervais. Contrairement aux rumeurs qui circulent, nous n'avons pas encore rencontré d'entraîneurs.

« Il y a plusieurs entraîneurs au sein de notre académie qui souhaitent gravir les échelons et il y a également plusieurs candidats dans la ligue. Il faut savoir qu'il y a un processus avec cette dernière au chapitre de la diversité, mais Olivier a déjà fait ses devoirs. Il en a plusieurs à l'œil. »

Le départ de Nancy s'ajoute à ceux nettement moins acrimonieux du défenseur Alistair Johnston ainsi que des milieux de terrain Djordje Mihailovic et Ismaël Koné. Le transfert de Mihailovic à l'AZ, aux Pays-Bas, est annoncé depuis janvier, alors que Johnston et Koné sont officiellement passés au Celtic, en Écosse, et à Watford, en Angleterre, respectivement, ces derniers jours.

Le nouveau visage du CF Montréal saura-t-il plaire aux partisans qui étaient retombés en amour avec le club? Au moins, il ne faudra pas attendre trop longtemps avant de connaître la réponse.