MONTRÉAL – Au Québec, on dit de quelqu’un qui se retrouve à son insu au centre de conversations que « les oreilles doivent lui siler ». Rudy Camacho, sans trop comprendre pourquoi, a dû ressentir des symptômes d’acouphènes cette semaine.

Kamal Miller, son nouveau partenaire dans la défense du CF Montréal, a ouvert le bal de compliments en vantant sa sagesse et son intelligence. « Il m’a pris sous son aile », a confié le prometteur nouveau venu.

L’entraîneur-chef Wilfried Nancy lui a emboîté le pas quelques jours plus tard en affichant sa satisfaction quant à la qualité du jeu de son vétéran. Le jeune Zorhan Bassong a terminé le concert d’éloges sur une bonne note en qualifiant Camacho de « patron de la défense ».

Le principal intéressé a reçu tout cet amour avec humilité vendredi, à 24 heures du match que ses coéquipiers et lui disputeront face au Crew de Columbus.  

« Je me sens très bien. L’année dernière je me sentais bien aussi. Cette année, j’essaie d’avoir un peu plus de leadership parce qu’aussi je me sens bien sur le terrain. Forcément, quand on est moins bien, on ferme un peu sa bouche. C’est un peu la différence entre cette année et l’année dernière. »

« Je sens que cette année, l’équipe a plus besoin de moi, même si l’année dernière c’était le cas aussi, a poursuivi Camacho. Mais voilà, cette saison, il faut que je fasse une grosse saison, il faut que le club fasse une grosse saison. Pour l’instant c’est bien parti. »

À trois reprises au cours de sa rencontre avec les médias, Camacho a fait référence à « des choses » qui se sont passées l’année dernière, prenant bien soin d’interrompre sa pensée avant d’en dire davantage. Ses déconvenues sur le terrain, elles, ont été bien documentées et ont fait de lui la cible de virulentes critiques.

Nancy a dit que dans les jours qui ont suivi son embauche à la barre du CF Montréal, il avait rencontré Camacho pour faire le bilan de sa saison précédente et lui présenter des axes de travail sur lesquels il souhaitait le voir s’appliquer en 2021.

« Il n’y a pas de changement, répond le défenseur central lorsque questionné sur les potentiels bienfaits de ce tête-à-tête. Le changement, c’est que je ne fais pas d’erreurs. L’année dernière, il s’est passé des choses qui ne s’étaient jamais passées dans ma carrière non plus, des choses que des fois on contrôle, des fois on ne contrôle pas. J’ai fait des grosses prestations aussi. Les gens l’oublient parce que j’ai fait certaines erreurs à des moments clés, mais j’ai fait des grosses prestations et j’ai beaucoup progressé sur certains points l’année dernière. Donc non, je ne pense pas que j’aie à changer grand-chose. Juste à gommer ces petites erreurs et que tout le monde voit mes prestations du bon œil. »

Un leadership plus assumé

Camacho est jusqu’ici sans reproche dans le rôle qui lui est confié, celui de libéro dans une défense à trois.

« C’est un rôle qui me convient parce que j’aime bien diriger ma ligne et c’est la meilleure position pour le faire. L’année dernière, j’ai joué un peu sur la droite. Ça a des avantages aussi parce que dans mon jeu ça me permet d’avoir beaucoup plus de relances, de casser les lignes, d’être un peu plus impliqué dans le jeu offensif, on va dire. Mais bon, pour l’instant j’essaie de diriger ma ligne et l’équipe et je vois tout le monde, donc c’est un peu plus facile pour moi. J’essaie de bien le faire et pour l’instant ça va. »

Les bonnes performances de Camacho se reflètent dans son comportement sur le terrain – à moins que ça ne soit l’inverse? Toujours est-il que le numéro 4 bombe davantage le torse cette saison, s’appropriant une bonne partie du leadership qui a quitté avec Rod Fanni et Jukka Raitala.

« J’ai toujours été un leader naturel, en tout cas sur le terrain, se défend le Français. J’ai toujours été comme ça. Les gens le remarquent un peu plus maintenant parce que pour l’instant ça se passe plutôt bien, mais j’ai toujours été comme ça si on demande à tous les joueurs du groupe. Ça n’a jamais changé. Mais c’est ma façon d’être. Quand ça va moins bien, forcément je ne vais pas crier sur tout le monde ou crier plus que ça. C’est ma façon d’être. Peut-être que ce n’est pas la bonne mais quand je ne suis pas bon, je ferme ma bouche et quand je suis bon, j’essaie d’aider l’équipe au maximum et donne des conseils. »

Camacho écoule la quatrième et dernière année du contrat garanti qu’il a signé pour s’amener à Montréal en 2018. Il dit ne pas avoir parlé d’une possible prolongation avec le directeur sportif Olivier Renard, préférant se concentrer sur le présent avant de se soucier de son avenir.

« Si l’équipe va bien, si je vais bien, tout ira bien pour moi et je ne m’en préoccupe pas plus que ça. Après c’est clair que c’est une année charnière pour moi, mais j’ai envie que cette saison se passe bien parce que pour l’instant je n’ai pas eu ce que je voulais à Montréal. Je veux combler ma satisfaction personnelle, donner satisfaction au club aussi et puis après on verra. On verra ça plus tard, ce n’est pas le moment d’en parler. »