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« Je sais que Jason est là » : remise de prix en famille chez le CF Montréal

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MONTRÉAL – Giulia Garofano s'est installée nerveusement dans un siège du petit auditorium du Centre Nutrilait alors que s'apprêtait à commencer la traditionnelle remise des honneurs individuels chez le CF Montréal. À sa droite l'accompagnaient sa bru, sa fille et quelques autres de ses proches. Devant elle, gagnés par une excitation enfantine, finissaient de s'entasser les membres de sa deuxième famille.

Kwame Ampadu, l'un des adjoints de l'entraîneur-chef Wilfried Nancy, est venu saluer chaque visiteur individuellement, chaleureusement, jusqu'à ce qu'il arrive à la hauteur de la matriarche. Celle-ci s'est levée d'un trait pour lui faire une longue accolade.

Lorsque Kei Kamara, légèrement en retard, a pris place à ses côtés, Mme Garofano s'est présentée comme la mère de Jason Di Tullio. Les yeux du grand attaquant se sont illuminés et il s'est aussitôt approché de sa voisine pour lui faire la bise.

« C'est ça qui est beau, s'émouvait la dame une fois le calme revenu dans la pièce. En étant présents avec les joueurs, c'est comme s'il était avec nous. On a créé un lien avec les joueurs aussi. C'est rendu la famille. Et puis je sais que Jason est là. "La Grinta", elle est vraiment là. On le sent. Je pense que tous les joueurs ont ça dans la tête et puis qu'ils vont gagner la coupe! »

Jeudi, les membres du clan Di Tullio avaient été invités au complexe d'entraînement du CF Montréal pour assister à la présentation d'un tout nouveau trophée portant leur nom de leur amour disparu. Ancien joueur et entraîneur de l'Impact, Jason Di Tullio a succombé en juillet dernier à un cancer du cerveau. Il avait 38 ans.

En souvenir de sa contribution à son club de cœur et au sport qu'il chérissait, une plaque sera désormais remise annuellement au joueur de l'équipe « ayant démontré un état d'esprit fougueux et combatif digne de la marque que Di Tullio a laissée au CF Montréal et que le club souhaite transmettre à ses joueurs ».

« On voulait que la mémoire de Jason vive longtemps, a expliqué le président et chef de la direction du club, Gabriel Gervais. En 2002, on avait un trophée pour la troisième étoile ou le héros obscur. Jason le remportait souvent. Il était dans l'ombre, mais on appréciait tellement son travail acharné, son dévouement sur le terrain, pour le logo et pour la ville. Je pense qu'on avait besoin d'un trophée de la sorte. Quelle meilleure façon de le faire qu'en honorant Jason? »

L'attention a été appréciée par la famille endeuillée.

« J'étais touchée, vraiment touchée, insiste Mme Garofano, un brassard noir frappé de la signature de son fils et du logo de « La Grinta » autour du bras gauche. C'est un beau cadeau que [le club] nous donne. C'est un moment très émotif, mais c'est beau. »

« C'est une autre étape dans leur deuil. Mais quand je les vois ici, que je vois tous les joueurs aller les voir, les reconnaître, c'est vraiment spécial, appréciait Gervais. Je suis vraiment content qu'ils aient accepté d'être ici. »

Giraldo, le premier récipiendaire

Le mandat de choisir le premier récipiendaire du trophée Jason-Di-Tullio revenait aux joueurs de la première équipe. Ils ont sorti un lapin de leur chapeau en le décernant à Tomas Giraldo, un milieu de terrain de 19 ans qui est toujours en quête de ses premières minutes de jeu chez les professionnels.

« Le fait que les joueurs aient pensé à moi, je ne m'y attendais vraiment pas, peinait encore à réaliser le jeune homme quelques minutes après avoir accepté sa récompense. Honnêtement, je suis juste venu pour taper dans les mains et au final, je vois qu'ils m'appellent sur scène. Quand je suis monté, j'ai eu peur un peu! »

Giraldo a été ralenti par les blessures depuis sa signature en MLS il y a deux ans. Un problème à un pied qui « a pris plus de temps que prévu à guérir » a d'abord plombé sa première saison. Des ennuis musculaires sont ensuite venus s'ajouter à son malheur. La récidive inattendue de ses douleurs au pied l'a finalement contraint à passer sur la table d'opération. Il dit maintenant voir « la lumière au bout du tunnel » et espère pouvoir retrouver le terrain bientôt.

« Quand tu vois [les autres jeunes de ton âge progresser], tu te poses des questions, tu te dis ‘pourquoi ça arrive à moi?'. Je faisais tout bien, ce n'était pas vraiment des trucs comme si je n'avais pas pris soin de moi. C'était carrément de la malchance. Alors pourquoi moi? À moment donné, tu fais juste accepter. C'est toi, alors ne reste plus qu'à continuer à travailler. »

Visiblement, sa résilience n'est pas passée inaperçue aux yeux des vétérans.

« Il en a bavé, mais constamment, on le voyait autour du vestiaire avec cet immense sourire dans le visage, a remarqué Alistair Johnston, lui-même désigné comme le joueur défensif de l'année au CFM. Il ne se plaint jamais de son sort, il est ici et il bûche. C'est quelque chose qu'on respecte tous énormément parce qu'on sait qu'il n'y a rien de pire que de faire partie d'une équipe, mais d'avoir l'impression de ne pas en être un membre à part entière parce que tu ne peux pas aider sur le terrain. »

Giraldo n'a pas connu Jason Di Tullio intimement à l'Académie de l'Impact, mais les deux avaient travaillé ensemble à l'occasion d'un camp avec l'équipe nationale des moins de 17 ans. Il se souvient des discours passionnés de l'entraîneur sur les thèmes de la persévérance et de l'esprit de groupe.

« Je l'aimais bien Jason, il était toujours là. Je suis fier de pouvoir l'honorer. »