MONTRÉAL – Trois semaines après le début du camp d’entraînement du CF Montréal, aucun signe ne permet d’affirmer qu’un gardien s’est emparé de la pole dans la lutte pour le poste de titulaire de l’équipe.

C’est aussi la lecture que fait Jonathan Sirois de la situation. Le gardien de 20 ans, grand négligé dans le ménage à trois en cours entre les poteaux du Club de Foot, aborde chaque journée comme une occasion de ravir à Sebastian Breza et James Pantemis le rôle de cerbère de confiance de Wilfried Nancy en vue de la prochaine saison.

Une autre saison en exil? Le jeune homme n’est pas encore prêt à discuter de cette éventualité.

« En rentrant dans ce camp cette année, je m’étais donné comme objectif de me battre pour le poste. Avec les impressions qu’on me donnait, je crois que la porte était ouverte pour ça, a déchiffré Sirois. Après c’est à moi de démontrer mes qualités et de montrer au personnel d’entraîneurs que je peux être le numéro un. Je pense qu’il n’y a rien de décidé à ce point-ci et que j’ai encore ma chance. C’est juste à moi à continuer de travailler, garder la tête basse et faire de mon mieux. »

Cette confiance ne s’appuie pas sur un optimisme naïf. L’ancien Académicien de l’Impact entame sa deuxième saison chez les professionnels avec dans son bagage une forte première impression laissée au Valour FC, le club de Première Ligue Canadienne qui l’a accueilli en prêt la saison dernière.

En 24 matchs avec la formation de Winnipeg, Sirois a mené la CPL avec neuf jeux blancs et 94 arrêts. Sa saison, qui s’était amorcée sur six blanchissages consécutifs, s’est conclue avec dans ses mains le trophée remis annuellement au meilleur gardien du circuit. Les objectifs qu’il s’était fixés en quittant sa ville natale – « jouer des minutes » et « prendre de l’expérience » - ont été atteints avec panache.

« Jouer avec des adultes, c’est toujours différent que de gérer des ados ou des jeunes adultes, raconte-t-il. Ça, c’était un point où il fallait que je grandisse. Il y avait le niveau physique aussi. En rentrant à Winnipeg, c’était un des points dont Rémy [Vercoutre, l’entraîneur des gardiens du CF Montréal à l’époque] avait parlé au coach là-bas. C’est quelque chose que j’ai fait avec Patrick Di Stefani, on a travaillé très fort là-dessus. Après c’était juste de montrer ce que j’avais comme habiletés et capacités. »

« Je savais que j’étais quand même un bon gardien, mais ça faisait quand même deux ans que je n’avais pas joué de matchs compétitifs, donc c’était juste de m’exprimer, de me laisser aller sur le terrain et de démontrer à tout le monde ce que j’étais capable de faire. C’est ce que j’ai fait. Pour cette année, je voulais arriver au camp d’entraînement et montrer la même chose. J’essaie de m’exprimer dans les entraînements, dans les situations qu’on me donne et de montrer au coach des gardiens que j’ai progressé sur plusieurs aspects techniques, que je suis un gardien de haut niveau et que je suis prêt à jouer en MLS. »

Winnipeg : désir réciproque?

À moins qu’une transaction ne soit dans l’air, Sirois risque de recevoir la facture pour la profondeur du CF Montréal devant le filet. Les coéquipiers avec qui il est en compétition pour du temps de jeu sont plus expérimentés et semblent bien en selle pour amorcer la saison dans la même dynamique qui s’est créée lors du départ de Clément Diop l’an dernier.

Si un prêt devait de nouveau être considéré, Winnipeg sera certainement sur les rangs pour l’obtention des droits du prometteur homme ganté. En entrevue au site de la CPL, l’entraîneur-chef et directeur général Phillip Dos Santos a affirmé être en communication constante avec le directeur sportif Olivier Renard au sujet du rapatriement éventuel de Sirois.

« On veut que Joe fasse partie de notre effectif en 2022 et nous travaillons avec le CF Montréal pour en faire une réalité, a dit Dos Santos. On comprend que le joueur appartient au CF Montréal et qu’il y a une chance qu’il reste là-bas – c’est quelque chose qu’on ne contrôle pas. Mais nous allons faire tout ce qu’on peut pour rester dans la course pour obtenir ses services. »  

S’il décrit un retour au Manitoba comme « une option très intéressante », Sirois n’est pas prêt à s’y engager publiquement. « Je connais déjà le club, je m’entends bien avec le coach des gardiens et j’aime la philosophie de Phil. Mais ça reste que je serais ouvert à d’autres opportunités. »

Le CF Montréal a encore trois matchs préparatoires à l’horaire avant de quitter pour le Mexique, où il amorcera dans deux semaines son parcours en Ligue des champions de la CONCACAF. Resté sur le bac dans le premier, Sirois dit n’avoir reçu aucune indication quant à ce qu’on compte faire de lui pour la suite.  

« Si je veux du temps de jeu, c’est à moi d’arriver à l’entraînement et de tellement bien faire que ça leur force la main de me donner du temps de jeu. Ce sont eux qui prennent la décision finale. Moi j’y vais au jour le jour. Ma tête est à 100% avec Montréal. Je ne pense pas encore à d’autres options en ce moment. C’est quelque chose qu’on verra par la suite si c’est pour être le cas. »