Passer au contenu principal

Ismaël Koné, (jeune) homme des grandes occasions

Publié
Mise à jour

MONTRÉAL – Ismaël Koné a marqué le premier but de sa carrière professionnelle au Stade olympique dans une victoire qui permettait au CF Montréal de se qualifier pour les quarts de finale de la Ligue des champions. Dimanche soir, son tout premier but au Stade Saputo fut l'action décisive qui a envoyé son équipe au deuxième tour du tournoi éliminatoire de la MLS.

Quand le confrère Tristan D'Amours lui a demandé si on devait en déduire qu'il avait un don pour faire la différence dans les moments importants, le milieu de terrain a esquissé un sourire espiègle.

« On pourrait dire que oui », a-t-il répondu d'un air faussement timide avant d'enchaîner sur une réflexion plus sérieuse.

Huit mois, presque jour pour jour, se sont écoulés entre ces deux moments forts du parcours de Koné. Une mince tranche de vie au cours de laquelle le jeune Québécois s'est transformé devant nos yeux et avec lui les attentes générées par ses coups d'éclat de plus en plus fréquents.

Sa réussite contre le Club Santos Laguna en février avait suscité l'étonnement, la curiosité. Qui était cette mystérieuse recrue, détectée dans un petit club local et discrètement mise sous contrat l'été précédent?

Bien vite, le chat est sorti du sac. Une jolie passe décisive contre Philadelphie. Un match de deux points à Atlanta. Une dizaine de minutes avec la sélection canadienne. L'effet de surprise a fini par céder sa place à l'impatience, à l'excitation des attentes constamment comblées. Personne n'a fait le saut quand Koné a déjoué le gardien d'Orlando City SC Pedro Gallese devant une foule en délire. C'est à ce genre d'épisodes de brillance que nous a habitués cette pépite qui a été courtisée par des clubs anglais au cours de l'été.

« Il est incroyable, louange Djordje Mihailovic. Il a fait de gros progrès en l'espace d'un an et je pense qu'il mérite à 100% de jouer pour le Canada à la Coupe du monde. Il travaille fort, il a une bonne tête sur les épaules à l'entraînement et dans les matchs, on peut voir toute sa qualité. Il regorge de confiance et n'a peur d'aucun défi. Ce n'est vraiment pas donné à tous les gars de son âge. »

Des petites tapes derrière la tête

Hors du terrain, la métamorphose a été tout aussi frappante. Devant les caméras, Koné est tranquillement sorti de sa coquille et laisse maintenant paraître des échantillons de plus en plus grands de sa personnalité. Il blague, il rit, il taquine, mais peut aussi faire preuve d'une générosité et d'une capacité d'introspection qui ne sont pas le propre de tous les athlètes de son âge.

Oh! Tout n'est pas rose. Koné, comme n'importe lequel de ses pairs, a manqué de constance durant ce long marathon qu'est une saison en MLS. Il a aussi été rappelé à l'ordre dans certains moments d'égarement. Lors du dernier entraînement public avant le match contre Orlando, son entraîneur n'a pas hésité à le prendre en grippe devant le reste du groupe, n'acceptant pas de le voir s'apitoyer sur son sort après une erreur.      

 « Confiance, humilité... et de temps en temps des petites tapes derrière la tête », a répondu son Wilfried Nancy, sourire en coin, quand on lui a demandé ce qui différenciait le jeune qu'il dirigeait en début de saison de celui qu'il a présentement sous la main.

Le plus clair du temps, le garçon s'éclate, c'est évident.

Devant maman

Le match de dimanche était d'autant plus spécial pour Koné qu'il l'a joué devant sa mère, Suzanne Diomane, avec qui il a immigré de la Côte d'Ivoire alors qu'il était âgé de 7 ans. C'était la deuxième fois, raconte Koné, que sa mère assistait à l'un de ses matchs.

« Chaque fois que ma mère vient, je marque. Je crois que je vais lui dire de venir à tous mes matchs », a-t-il rigolé.

Il a raconté qu'il était en discussion avec sa mère juste avant de venir remplir ses obligations médiatiques. « C'était émotif un peu », a-t-il ajouté. On devine une maman fière devant les accomplissements de l'homme qu'est en train de devenir son fils unique.  

« À 15 ans, je lui ai dit que je voulais devenir pro. C'est dur pour une maman de croire que son fils va devenir pro à 15 ans. Aujourd'hui, j'ai 20 ans, mais j'ai signé à 19. Le projet se réalise. Il y a des buts, des offres pour aller dans d'autres clubs. Il y a des preuves pour elle et elle commence à plus y croire. »

Dans un mois, Ismaël Koné pourrait représenter son pays d'adoption dans l'un des plus grands événements sportifs de la planète. Quelques mois plus tard, il pourrait vivre de son sport dans un pays d'Europe.

Ça tombe bien. Le jeune homme est à son aise dans les grandes occasions.