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Le mystère Martínez et autres questions existentielles

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MONTRÉAL – Plus tôt cette semaine, les Whitecaps de Vancouver ont été contraints d'aller jouer un match de barrage à Portland en raison d'un conflit d'horaire au BC Place, leur domicile habituel. « Dieu est un partisan des Timbers », en avait conclu l'entraîneur-chef de Portland, Phil Neville.

Quelques jours plus tard, son équipe se prenait une raclée de 5-0 contre ses rivaux canadiens.

Les partisans du CF Montréal qui souhaitent le retour de Josef Martínez doivent à leur tour se poser la question. De quelle couleur est l'écharpe du Tout-Puissant? La réponse pourrait peut-être apporter des éclaircissements sur l'une des plus grandes inconnues de l'entre-saison : le Bleu-Blanc-Noir devra-t-il se trouver un nouveau messie la saison prochaine?

« Je suis très content d'être ici, a commenté Martínez, cachotier, lors du bilan de fin d'année. Ça a été une année folle, beaucoup de hauts et de bas, mais le plus important était l'effort qu'on mettait dans le travail. Mon job était d'être ici toujours, tous les jours. Je ne sais pas ce qui m'attend demain. Je ne contrôle pas ça. C'est Dieu qui contrôle ça. »

Martínez a signé un contrat d'un an assorti d'une année d'option en février dernier. À la lumière de sa feuille de route, le rendement qu'il a offert correspond exactement à ce que à quoi le club était en droit de s'attendre. Il a marqué des buts (14, incluant la Coupe des Ligues et les éliminatoires), s'est blessé (à un genou, pour une absence de deux mois) et est entré en conflit avec son entraîneur.

À la fin, les avantages ont pesé plus lourd que les inconvénients. Martínez a retrouvé le bonheur au boulot juste à temps pour sauver la saison de son équipe. Il s'est rendu indispensable en fournissant huit buts dans ses six derniers matchs. Sans lui, jamais on ne parle de séries cet automne à Montréal.

Souhaite-t-il y revenir? Et si tel est le cas, le désir est-il réciproque?

Le prolifique Vénézuélien a 31 ans. Ses genoux sont en mauvais état et son caractère feront toujours de lui une bombe à retardement. Mais se priver de son talent mettrait une pression énorme sur la cellule de recrutement montréalaise, qui aura besoin de plus que des prières pour lui trouver un successeur avec un tel alliage de charisme et de réussite.

À l'interne, les options se résument pour l'instant à Matías Cóccaro, Sunusi Ibrahim et Jules-Anthony Vilsaint. C'est peut-être le meilleur argument que possède Martínez, qui a touché un salaire de 1,3 M$ selon les chiffres de l'Association des joueurs, pour se négocier une augmentation de salaire.

« On ne s'est jamais lâchés »

Du côté du club, aucun indice. Le président et chef de la direction, Gabriel Gervais, n'a pas voulu laisser filtrer les intentions de la direction avant que les rencontres individuelles avec les joueurs aient été complétées.

Laurent Courtois, en tout cas, ne semblait pas entretenir de rancune à son égard.

« Je l'ai dit quand je l'ai eu au téléphone la première fois, je l'ai dit en cours de saison, je le redis maintenant, il m'a énormément appris. Ce qu'il a montré avant, et à son retour de blessure, c'est extraordinaire. On est tombés à un moment donné tous les deux au plus bas et on s'est rencontrés au même moment. Ça a fait un petit peu d'étincelles, on s'est expliqués. Il y a des choses où j'ai été maladroit. Mais vous ne savez pas le compétiteur qu'il est, à pleurer quand il manque une occasion, et la gentillesse et la bienveillance qu'il a eue avec les autres. La tolérance qu'il a eue pour nous, c'était juste première classe. Donc même dans les moments compliqués, je le remercie parce qu'on ne s'est jamais lâchés. »    

Nathan Saliba l'a décrit comme un « très bon vétéran ». « Encore tantôt, il me parlait, il me donnait des conseils. Ça a été un bon mentor durant toute la saison. Même en présaison, où c'était plus pour certains joueurs, et il était là dès son arrivée à nous pousser et nous aider. »

« Il a cadré parfaitement dans l'équipe, n'a pas hésité à dire Joel Waterman. Un gars fantastique sur le terrain comme dans le vestiaire. Il adore gagner, adore la compétition. Un super coéquipier. C'est un gars que vous voulez dans votre club. »

Dépenser mieux

Martínez n'est évidemment pas le seul dont l'avenir est incertain. Gabriele Corbo, Raheem Edwards et Lassi Lappalainen sont parmi la quinzaine de joueurs dont l'équipe a l'option de prolonger ou non le contrat.

De gros salaires seront relâchés de la masse salariale de l'équipe. Celui de Victor Wanyama (1,8 M$) représente la soustraction la plus évidente à prévoir. On ne se surprendrait pas non plus que les 775 000$ qui étaient accordés à Lappalainen soient récupérés.

« Oui, on va avoir des dollars disponibles. Je vais vous le dire tout de suite, il va y avoir des changements d'effectifs, a convenu Gervais. On va utiliser ces dollars de façon très diligente pour aller chercher les bonnes personnes qui cadrent dans notre philosophie sportive. »

Il ne faut pas s'attendre à ce que le départ de Wanyama ouvre nécessairement la porte à la venue d'un nouveau joueur désigné. Le modèle du CF Montréal tend davantage vers l'exploitation des autres mécanismes de gestion de la ligue, notamment celui qui favorise l'acquisition de joueurs de moins de 22 ans en limitant leur impact sur la masse salariale.

« Si vous pouvez utiliser à bon escient l'argent d'allocation à l'intérieur des cadres de la ligue, c'est un outil extrêmement puissant », a aussi rappelé Gervais.

Peu importe comment le CF Montréal décidera de dépenser son argent, il gagnerait à le faire de façon plus efficace. Trois des cinq plus gros noms de son dernier mercato hivernal ont complètement disparu des plans de l'entraîneur en deuxième moitié de saison. Et dans le top-10 de ses plus hauts salariés pour la saison 2024, on ne retrouve que quatre titulaires du match éliminatoire contre Atlanta.