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Les apprentissages d'Aleksandr Guboglo

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MONTRÉAL – Remuant, provocateur et sans complexe, Aleksandr Guboglo a démontré une maturité qui ne laissait pas soupçonner ses 17 ans durant ses premières minutes de jeu avec l'équipe première du CF Montréal.

À distance, Maxime Leconte a assisté à ce grand baptême avec un sourire de satisfaction.

Dans un match terne au cours duquel l'Impact a peiné à s'offrir des occasions de qualité, le piston recrue s'est démarqué par sa prise d'initiative dans son couloir. Tout ce qu'il a tenté n'a pas fonctionné, bien évidemment, mais là n'est pas le point. Il a osé sans se laisser paralyser par la crainte de commettre des erreurs.

Quelques jours plus tard, Guboglo s'est adressé aux médias pour la première fois depuis la signature de son contrat. Sa timidité était soudainement plus visible, mais sa confiance en ses moyens teintait néanmoins ses propos. Il s'est décrit comme un joueur « qui aime convoquer ses adversaires en duels, générer des chances dans le tiers offensif et prendre des risques. »

Tout ça concorde avec ce que Leconte, son entraîneur avec l'équipe U18 de l'Académie la saison dernière, a observé au fil de son développement. Mais il précise que ça n'a pas toujours été le cas. Pour toute l'insouciance que Guboglo a affichée au Minnesota, son ancien mentor le décrit comme un jeune « qui parfois se posait beaucoup de questions ».   

« [Cette confiance], il l'avait en lui. Ce qu'il fallait, c'était de lui faire comprendre que même s'il y avait de l'échec, même s'il n'y arrivait pas, il fallait continuer et ne pas hésiter à prendre des risques parce que son jeu est beaucoup basé là-dessus, nous expliquait Leconte cette semaine. Il a quand même beaucoup de qualités pour ça et si tu lui enlèves ça, sans dire qu'il devient un joueur normal... »

« C'est pour ça que ça m'a fait plaisir de le voir rentrer comme ça. On sait que ce n'est jamais facile d'arriver dans le monde pro et de montrer toute de suite ses qualités, de ne pas avoir peur. Ça m'a fait extrêmement plaisir parce que c'était un gros travail qu'il y avait à faire avec lui. Il y a eu des fois où il doutait de lui. C'est bien de voir qu'il a progressé et qu'il est devenu aussi fort mentalement, pas juste physiquement. »

Guboglo, qui a grandi à Ottawa, a intégré l'Académie de l'Impact en 2019. Leconte et lui ont commencé à travailler ensemble il y a trois ans. L'entraîneur se souvient d'un joueur « qui a toujours eu des grosses qualités physiques », mais qui n'a pas toujours su comment s'en servir. On imagine un conducteur sans expérience qu'on placerait derrière le volant d'une grosse cylindrée.

« Il a fallu le construire au début. Il a fallu lui faire comprendre qu'un joueur comme lui devait prendre soin de son physique. Il sentait que c'était un outil très fort pour lui. Mais il a dû comprendre comment utiliser tout ça, prendre soin de lui à l'extérieur du terrain, la préparation invisible et tout. Ça a été le premier travail qu'il y a eu à faire avec lui. »

Le monde des adultes

Leconte se souvient d'un joueur, au niveau U15, qui pouvait s'inquiéter de la moindre courbature ou se laisser affecter par une moins bonne journée. « C'était de lui faire comprendre que dans un match, ça peut arriver de ne pas avoir ses jambes et de devoir vivre avec ça, de peut-être changer ta façon de jouer. »

Aux yeux de Leconte, un déclic est survenu il y a deux ans, quand Guboglo a été convoqué par la sélection d'Haïti pour participer au championnat U17 de la CONCACAF. Il y a pris part à trois matchs contre le Salvador, le Suriname et le Honduras.

« Je dirais que ça a été un gros déclencheur. Quand il est revenu, il s'est rendu compte des qualités qu'il avait. Ça a été un moment charnière, un moment important de sa carrière où j'ai senti beaucoup de maturité. Il est passé dans le monde des adultes dans sa tête. Il a compris ce que demandait le monde pro. »

Guboglo est à une autre grosse étape de sa carrière. Quels sont les plans pour lui à court terme? Est-il réaliste de le voir hériter des minutes qu'on croyait destinées à Jahkeele Marshall-Rutty et Dawid Bugaj?  

La route qu'il voit s'étirer devant lui, longue et droite, le surprendra assurément avec des courbes déstabilisantes. Comment réagira-t-il à ces inévitables changements de direction?

« Je ne sais pas assez ce qui se passe au quotidien avec la première équipe, c'est un peu difficile pour moi de le dire, mais je pense qu'il a une carte à jouer malgré tout, estime Leconte. On l'a vu sur sa rentrée, mais ça sera à lui de confirmer aussi. C'est une chose d'avoir un contrat, mais l'important c'est de continuer d'avancer. »

« Comme je lui ai dit, le chemin, c'est le plus dur maintenant. Des fois, les jeunes pensent qu'avoir le contrat, c'est la finalité. C'est encore plus dur, ce qu'il reste à faire. Le prochain niveau est encore plus exigeant et difficile. Ça va être son gros challenge maintenant, mais c'est vrai que je pense qu'il a les outils pour y arriver. »