MONTRÉAL - Après son arrivée avec l'Impact de Montréal le 22 janvier 2019, Kevin Gilmore a pris des décisions qui ont fait les manchettes et, ne serait-ce que temporairement, mis le soccer professionnel à l'avant-scène à Montréal. Ç'a de nouveau été le cas mardi.

À un peu plus de 24 heures d'un match de grande importance pour l'équipe montréalaise dans sa quête pour une place dans les séries éliminatoires de la MLS, le CF Montréal a annoncé le départ immédiat de Gilmore.

La nouvelle, qui a eu l'effet d'une bombe, a été rendue publique en milieu d'après-midi par voie de communiqué.

Gilmore, qui occupait les fonctions de président et chef de la direction, continuera d'agir à titre de consultant auprès de l'organisation, « en se concentrant sur les dossiers spéciaux jusqu'à la fin de cette saison », précise le communiqué, qui parle d'une « décision mutuelle ».

Gilmore a expliqué son départ à l'aide de trois phrases insérées dans un paragraphe du communiqué officiel de l'organisation.

« Le contexte des 18 derniers mois a été très difficile, tant au niveau de la pandémie que de celui du club, et très éprouvant sur le plan personnel pour moi et ma famille. Ceci a ultimement mené à ma décision de quitter l'organisation. Je suis très reconnaissant du temps que j'ai passé avec le CF Montréal et je remercie les propriétaires du club, le conseil d'administration et l'équipe de m'avoir donné l'occasion de travailler avec eux. »

Selon Patrick Vallée, directeur communications et diffusion du CF Montréal, Gilmore n'accordera pas d'entrevue aux médias. Par ailleurs, toujours selon Vallée, il n'y aura pas d'intérim et le processus est déjà en marche pour trouver un successeur.

Au passage, Vallée a aussi indiqué que Joey Saputo, président du conseil, n'a nullement l'intention de prendre la relève de Gilmore. Enfin, a confié Vallée, Saputo n'écarte pas la possibilité de tenir une conférence de presse pour traiter du départ de Gilmore.

Toutefois, rien n'est prévu cette semaine, pour éviter de faire de l'ombre aux deux matchs cruciaux qui attendent le CF Montréal, mercredi contre le Dynamo de Houston et dimanche, face à Orlando City, au stade Saputo.

Si le CF Montréal gagne ces deux matchs, il participera aux séries éliminatoires de la MLS.

Le CF Montréal est également qualifié pour la finale du Championnat canadien, face au vainqueur du duel entre le Toronto FC ou le Pacific FC, un club de la Première Ligue canadienne, mercredi.

La date de cette finale n'est pas connue.

Structure et identité

Rapidement après son arrivée en fonction avec l'Impact de Montréal, Gilmore s'est mis à la tâche avec deux thèmes qui sont revenus fréquemment dans ses interventions publiques: structure et identité.

Selon Gilmore, ces deux thèmes passaient d'abord et avant tout par la sélection d'un directeur sportif, et celle-ci s'est matérialisée à la fin du mois de septembre 2019 avec l'embauche du Belge Olivier Renard.

Environ six semaines plus tard, Gilmore et Renard ont posé un geste qui a propulsé l'Impact de Montréal au-delà des frontières de l'Amérique du Nord avec la nomination du légendaire footballeur français Thierry Henry dans le rôle d'entraîneur-chef du club.

Ces deux nominations sont survenues quelques semaines après la première décision d'importance de Gilmore, celle de congédier l'entraîneur-chef Rémi Garde, le 21 août 2019.

Entre le départ de Garde et l'arrivée de Renard, l'Impact a remporté le Championnat canadien, ce qui lui donnait un billet pour la Ligue des champions de la Concacaf.

Toutefois, cette aventure ainsi que la saison 2020 de la MLS ont été lourdement perturbées par la pandémie du coronavirus. Du coup, la possibilité de vivre une autre saison du genre a poussé Henry à remettre sa démission, en février 2021, pour se rapprocher de sa famille en Europe.

Un mois plus tôt, Gilmore a posé un geste qui s'est avéré au moins aussi percutant que l'embauche de Henry, en dévoilant une nouvelle identification de l'équipe: le CF Montréal, accompagné d'un nouveau logo. Après presque 30 ans d'histoire, le nom et le logo de l'Impact disparaissaient du décor montréalais.

« C'est un processus qui s'est amorcé il y a près de deux ans. On voulait une identité qui reflète celle de Montréal et des partisans de l'équipe », avait alors indiqué le président Saputo lors d'un événement virtuel, quien avait profité pour lancer un appel aux partisans.

« C'est difficile de laisser partir les choses que l'on aime, mais la réalité est que pour avoir un impact, il faut se défaire de l'Impact. L'Impact a eu un grand impact local et on peut en être fiers. »

Or, la pilule n'a jamais véritablement passé, particulièrement auprès de certains des partisans les plus vigoureux de l'équipe. Plusieurs d'entre eux ont affiché ouvertement leur mécontentement, entre autres sur les réseaux sociaux.

À la suite du retour de l'équipe à Montréal cet été, après un relâchement des mesures sanitaires liées à la COVID19, on a même rapporté des gestes de violence entre groupes de partisans, dont un qui aurait impliqué un supporter vêtu d'un chandail avec le nouveau logo de l'équipe selon des informations qui ont circulé.

Au début du mois de septembre, la direction de l'équipe a décrété la fermeture de la section 132 pour une période indéterminée, et interdit l'accès au stade Saputo à plusieurs supporters.