MONTRÉAL – Quelques jours avant que son équipe ne débarque au stade Saputo pour y entamer le sprint final de la course aux séries dans l’Association Est, l’entraîneur-chef de l’Union de Philadelphie Jim Curtin a ajouté sa voix au torrent d’éloges qui déferle depuis quelques semaines sur son homologue montréalais.

« Pour moi, le travail que Wilfried Nancy a accompli à Montréal est l’une des plus belles réalisations par un entraîneur de la ligue cette saison, a dit Curtin en point de presse cette semaine. Il y en a plusieurs, mais ce qu’il a fait ne devrait pas passer sous silence. Son équipe est très bien structurée. C’est difficile de se préparer à l’affronter. Elle est très dynamique en transition. On devrait en avoir plein les bras. »

Nancy n’a pas versé dans la fausse modestie quand on lui a demandé de réagir aux propos de son prochain adversaire.

« Ça me rend très fier, je ne vais pas mentir. Dans la vie, il faut reconnaître les qualités personnelles quand elles sont là et donc je suis reconnaissant des mots de mes collègues. Je suis content », a commenté le pilote recrue.

« Après, en tout humilité, je ne suis pas surpris parce qu’en tant que personne, je me connais et je sais ce dont je suis capable. Maintenant, je sais aussi que le chemin est long et que dans le football, il y a des hauts et des bas. Mais je dois apprécier le moment. Moi, personne ne me connaissait. J’avais juste en tête de faire mon travail, de faire ma passion. Et ma passion, c’est de transmettre, c’est d’essayer d’avoir un style de jeu clair et défini pour qu’on soit capable de reconnaître le style de jeu par rapport à mon nom et au nom du club. »

Nancy a pris soin de préciser qu’une partie des compliments revenait à ses joueurs, « qui sont capables d’appliquer ce que je mets en place », et à ses adjoints « parce qu’ils me permettent de libérer ma créativité ». Mais ses joueurs n’ont apparemment aucun problème à ce que leur coach accapare les projecteurs.

Dans la foulée des propos de Joaquim Torres et Victor Wanyama la semaine dernière, Djordje Mihailovic a livré le plaidoyer le plus ardent en faveur de Nancy.

« Je sais que je ne suis pas dans une position pour être objectif, mais je crois que le travail qu’il a fait lui vaut d’être considéré pour le titre d’entraîneur de l’année, a dit le milieu de terrain. C’est mon opinion. Pensez aux critiques et aux doutes dont on a été la cible durant la saison. On a été capables de mettre ça dans notre poche arrière et de l’utiliser pour avancer où nous sommes présentement. »

« Il est un entraîneur phénoménal, il est fantastique dans sa gestion de ses joueurs, a poursuivi Mihailovic. Il sait exactement ce qu’il doit faire pour soutirer le maximum de chacun d’entre nous. Je crois que c’est ce qui lui permet de se démarquer de ses pairs. »

Philadelphie, un modèle

Nancy a aussi rendu la politesse à Curtin, un homme dont le profil n’est pas sans rappeler le sien.

Après sa carrière de joueur, Curtin a accepté un poste d’entraîneur au sein de l’académie de l’Union avant de graduer au sein de la première équipe dans un rôle d’adjoint. Il a accédé au poste d’entraîneur-chef en 2014 et accomplit depuis un boulot colossal dans un marché où on ne dépense pas sans compter.

L’an dernier, l’Union a remporté le championnat de la saison régulière de la MLS, un accomplissement qui a valu à Curtin le titre d’entraîneur par excellence du circuit. Cette saison, Philadelphie compte sur dix joueurs formés au club et un seul joueur désigné. Malgré ses moyens modestes, l’équipe de la Pennsylvanie occupe le troisième rang du classement de l’Association Est avec six matchs à jouer au calendrier.

La réalité de Nancy est similaire à celle de Curtin. L’entraîneur montréalais ne compte présentement qu’un joueur désigné à sa disposition et a fait jouer cinq jeunes formés au club cette saison. L’éclosion de Mathieu Choinière, qui approche les 1500 minutes de jeu, représente l’une des belles réussites au dossier de Nancy cette saison.

« J’aime la manière dont Philly pense au processus, a spécifié l’ancien adjoint de Mauro Biello, Rémi Garde, Wilmer Cabrera et Thierry Henry. J’ai regardé leur match contre Cincinnati cette semaine, ils avaient beaucoup de jeunes joueurs. Bon, ça a paru un peu parce que Cincinnati a eu beaucoup d’occasions de marquer, mais j’ai quand même aimé comment ils laissent les jeunes s’exprimer. C’est le reflet de la philosophie de leur entraîneur. Sa façon de voir le football avec les jeunes joueurs ressemble beaucoup à la mienne. Il a un bon mélange de joueurs d’expérience et de gars plus jeunes, mais sa façon de travailler et de bâtir une chimie d’équipe est vraiment au point. Je vais être honnête, c’est ce que j’aimerais arriver à faire. »  

L’Union se présentera à Montréal samedi après-midi fort d’une séquence de cinq matchs sans défaite (4-0-1). Il montre une fiche de 3-4-6 cette saison sur les terrains adverses.

Le CF Montréal tentera de reprendre où il avait laissé avant la trêve internationale qui s’achève. À son dernier match, le Club de Foot est revenu de l’arrière pour signer une impressionnante victoire de 2-1 face à Atlanta United.