Nouvel objectif, nouvelles attentes pour Caden Clark
MONTRÉAL – Le petit crochet vers le haut de la surface, la détente du pied gauche, le poing brandi en guise de célébration, le sourire à un million de dollars. Tout ça, c'est Caden Clark qui l'a fait. Mais il a dû revisionner cet enchaînement d'actions sur vidéo, « probablement une centaine de fois », pour finir par y croire.
La séquence date du 23 janvier. Clark disputait son deuxième match en six jours avec l'équipe nationale senior des États-Unis. Le simple fait d'être là était un accomplissement en soi. Il avait été appelé pour la première fois trois ans plus tôt, pour un match amical contre la Bosnie, mais n'avait pas quitté le banc.
Depuis, rien. Mais sa renaissance en fin de saison dernière au CF Montréal a attiré l'attention.
Pour ce camp hivernal sur lequel les cadres habituels de l'équipe américaine avaient fait l'impasse, Clark a reçu une invitation et un gros vote de confiance du nouveau sélectionneur Mauricio Pochettino. Il a joué 90 minutes, et servi une passe décisive, dans une victoire de 3-1 contre le Venezuela. Puis son but contre le Costa Rica, après avoir envoyé comme substitut en deuxième demie, a marqué les esprits, y compris le sien.
« Ce n'est que le lendemain que j'ai vraiment réalisé ce que j'avais fait, a partagé Clark vendredi au Complexe sportif Marie-Victorin. C'était étrange de revoir ça sur vidéo. Je voyais que c'était moi, mais c'est comme si ce n'était pas réel. J'ai rêvé de marquer un but comme celui-là pendant toute mon enfance et j'étais très heureux de finalement y arriver. »
Clark dit avoir apprécié ses interactions avec Pochettino, un entraîneur réputé qui est arrivé à la rescousse de la sélection américaine après des passages à Tottenham, au Paris St-Germain et à Chelsea. Sur le terrain, il a appris à connaître un homme brillant et créatif qui l'a exposé à de nouvelles idées. « Et sur une note personnelle, je n'ai jamais rien vu de tel, poursuit-il. Après le deuxième match, il a passé 30 minutes avec ma famille dans le lobby de l'hôtel, à parler de tout et de rien. C'était spécial, très spécial. »
Même s'il a laissé une impression positive, le milieu de terrain de 21 ans sait qu'il ne peut s'asseoir sur ses lauriers s'il souhaite rejouer un jour pour le drapeau étoilé. Son prochain défi sera de confirmer que ce qu'il a montré l'été dernier à son arrivée au CF Montréal (quatre buts, quatre passes décisives en neuf matchs) repose sur du solide.
La pression pour y arriver ne viendra pas que du sud de la frontière. Ses performances en bleu-blanc-noir l'an dernier ont élevé les attentes. D'aucun le considérerait comme l'unique valeur sûre dans un secteur offensif remanié. Mais ce statut est sans cesse à renouveler.
« On a eu un très bel échantillon à la fin de la saison, on a vu ce qu'il est capable de faire avec l'équipe nationale. Mais maintenant, il faut qu'il concrétise, demande le président et chef de la direction du club Gabriel Gervais. Est-ce qu'il est capable de garder ce rythme-là pendant une année complète? C'est ça le défi de plusieurs joueurs, de concrétiser les performances d'une année à l'autre. »
« Il y a plusieurs joueurs dont je pourrais dire qu'ils ont un plafond très élevé. Maintenant, est-ce qu'ils vont rester disciplinés, est-ce qu'ils vont travailler fort, est-ce qu'ils vont être capables de répéter les bonnes performances? Ça va dépendre beaucoup d'eux autres et de notre staff qui va travailler avec eux. »
Après des années difficiles à New York et au Minnesota, une dégringolade qui lui avait fait réaliser toute la fragilité d'une carrière professionnelle, Clark a réussi à se recentrer et à trouver une paix intérieure qui lui a permis de renaître à Montréal. Il arrive avec la même approche pour sa première saison complète avec l'Impact, confiant que l'atteinte de ses buts en découlera.
« Bien sûr il y aura des attentes, à commencer par les miennes. L'idée, c'est de ne pas les laisser encombrer mon esprit, relativise-t-il. Avec l'équipe nationale, c'est la clé. Je voulais marquer, je voulais bien paraître. Mais c'est la loi de l'attraction : plus on pense à quelque chose, plus on veut que ça arrive, moins ça risque d'arriver. »
On pourrait débattre de l'interprétation que fait Clark des principes de la loi de l'attraction. Mais si ça fonctionne pour lui, c'est tout ce qui compte.