MONTRÉAL – Peu importe la tangente que prendra sa saison au retour de la présente trêve internationale, le CF Montréal aura ramené bien des sceptiques à l’ordre.

La plus récente victoire de l’équipe contre Atlanta United a provoqué une vague d’admiration envers Wilfried Nancy et les résultats qu’il arrive à soutirer de son groupe à sa première saison dans un poste d’entraîneur-chef.

Rappelez-vous : avant le début de saison, les joueurs du CF Montréal ont été appelés à réagir en bloc aux pronostics négatifs dont ils faisaient l’objet sur différentes plateformes. Les prévisions les plus clémentes les plaçaient au 13e rang, sur 14 équipes, au classement final de l’Association Est. Sur le site officiel de la MLS, on les avait condamnés à la cave du polarisant « Power Rankings », un état des force hebdomadaire hiérarchisant les 27 clubs de la ligue.

Six mois plus tard, ces mêmes experts qui avaient prédit des conséquences catastrophiques au départ de Thierry Henry commencent à faire leur mea culpa.

Dans la foulée de la victoire contre Atlanta, l’analyste Matthew Doyle a rendu hommage à Nancy pour avoir maximisé le potentiel jusque-là insoupçonné des joueurs qui ont été mis à sa disposition. Doyle soutient que les succès du CF Montréal sont davantage liés au travail de l’entraîneur qu’à celui du directeur sportif Olivier Renard puisque peu des trouvailles de ce dernier ont joué un rôle significatif dans les résultats de l’équipe.

« C’est parce que Nancy a soutiré davantage des joueurs qui étaient déjà là et parce que Djprdje [Mihailovic] et Kamal [Miller] ont élevé leur niveau de jeu, a écrit Doyle. Ce n’est pas un désaveu à l’endroit de Renard, qui a eu le courage de bouger pour aller chercher Djordje, Miller et [Mason] Toye. Il mérite lui aussi du crédit. Mais Nancy en mérite plus. Du magnifique travail de sa part. »

Le nom de Nancy apparaît même de plus en plus dans les discussions au sujet des candidats au poste d’entraîneur de l’année en MLS. Le stratège montréalais, qui a été désigné l’entraîneur de la dernière semaine dans le circuit Garber, a notamment attiré l’attention du commentateur d’ESPN Taylor Twellman. Selon ce dernier, « bien que le Revolution de la Nouvelle-Angleterre épate et que Bruce Arena mérite d’être considéré, Nancy accomplit des choses que personne n’avait vu venir. Personne, littéralement, n’avait prédit un rendement qui s’approche de celui du CF Montréal. »

Le respecté journaliste Jonathan Tannenwald, qui couvre le soccer pour le Philadelphia Inquirer, a abondé dans le même dans un tweet envoyé à ses 23 000 abonnés.

« Il est évident que Bruce Arena remportera le titre d’entraîneur de l’année, mais j’espère sincèrement que Wilfried Nancy terminera deuxième au scrutin. Oui, on peut ajouter Peter Vermes, Gary Smith et possiblement Hernan Losada, si D.C. United continue de gagner, à la liste des candidats. Mais je ne crois pas que Nancy reçoit le respect qu’il mérite pour ce qu’il fait à Montréal. »

« Il n’y a pas de secret »

Joaquin Torres se réjouit de voir les projecteurs ainsi braqués sur son coach.

« Ça serait génial si Wilfried pouvait remporter cet honneur, pour lui mais aussi pour le groupe. Ça serait très mérité s’il pouvait avoir cette reconnaissance », a réagi l’Argentin par l’entremise d’un interprète mercredi.

« Il a su construire un beau groupe, un groupe solide, mais aussi installer des concepts clairs au niveau du jeu, de la manière de jouer. Wil est quelqu’un qui veut jouer au football et c’est ce qu’il a su instiller à ce groupe, a enchaîné Torres. Pour le reste il n’y a pas de secret : c’est d’être clair, d’être frontal dans sa manière de s’exprimer, de dire les choses. Il n’a pas de secret pour ses joueurs. Ça fait partie intégrante des succès du groupe cette saison. »

Le milieu de terrain Victor Wanyama estime que Nancy a su doter le CF Montréal d’une identité claire, une idée générale à laquelle il a su rallier tous ses joueurs. Il apprécie aussi de son coach son attention aux détails dans la quête d’une croissance constante.

« Il prend nos petites erreurs, nous les montre sur vidéo et nous explique comment on peut les enrayer pour devenir encore meilleurs. Mais c’est plus que ça. Même quand on fait ce qu’il demande de nous, il regarde ailleurs et trouve quelque chose qui nous permet d’atteindre un autre niveau. » 

Torres, par contre, se permettrait peut-être d’ajouter un mot à Matthew Doyle au sujet des trouvailles faites par Olivier Renard. Lui-même déniché dans l’obscur championnat grec, le petit attaquant a jusqu’ici amassé quatre buts et cinq passes décisives en 16 titularisations à sa première saison en MLS.

Nancy est peut-être un maître dans son domaine, mais il est aussi possible qu’on ait sous-estimé le talent contenu dans le groupe qu’il dirige.

« Le fait qu’on fasse tous partie d’un nouveau projet, ça nous a encouragés à travailler en silence, peu importe ce qui se faisait autour, avec une certaine confiance justement par rapport au talent qui se dégageait dans ce groupe, indique Torres. On a continué à travailler, continué à grandir pour éventuellement avoir des résultats sur le terrain. »

Avec six matchs à jouer, le Club de Foot occupe le septième et dernier rang permettant d'accéder aux séries dans l'Est. Seulement trois points séparent les équipes installées aux troisième et huitième rangs. Montréal disputera sa prochaine rencontre le 16 octobre contre l'Union de Philadelphie, qui est présentement troisième dans l'Est avec 42 points.