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Deux matchs de D.C. United dirigés par Hernán Losada contre Montréal ont marqué Olivier Renard

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Le président du CF Montréal Gabriel Gervais et le vice-président et chef de la direction sportive Olivier Renard étaient tout sourire. Pour remplacer Wilfried Nancy à la barre de l'équipe, ils ont réussi à dénicher un entraîneur bien de son temps. L'Argentin Hernán Losada est jeune – il est âgé de seulement 40 ans -, polyglotte – il maîtrise notamment l'espagnol, l'anglais, le français et le flamand – et surtout, il embrasse parfaitement la philosophie de développement du CF MTL.

Losada a connu des débuts plutôt fulgurants avec Beerschot en faisant passer le club d'Anvers de la deuxième à la première division belge au terme de la saison 2019-2020. Son travail n'est pas passé sous silence, puisque D.C. United l'a débauché en janvier 2021 pour relancer l'équipe de la capitale américaine, qui venait de vivre l'une des plus horribles campagnes de son histoire.

Les choses se sont cependant abruptement conclues après 41 seulement rencontres dans la contrée de Fugazi, mais Losada a néanmoins eu le temps de laisser une forte impression auprès de Renard, particulièrement lors des 2 matchs que D.C United a disputés contre le CF Montréal.

« Si vous regardez les statistiques, nous avions été super dominés, a rappelé Renard au sujet des parties du 23 juin et 8 août 2021. Le premier match, disputé à [Fort Lauderdale], s'était terminé 0-0, mais ils avaient réussi 21 ou 22 (27 vérification faite, NDLR) tirs au but et nous seulement 4.

« Le deuxième, nous avions été battus 2-1 avec plus ou moins le même style (D.C. United avait dominé 18-6 au chapitre des tirs au but, NDLR). Hernán préconisait un jeu très offensif avec plus ou moins la même tactique que nous. C'était important d'avoir une continuité dans les idées, par rapport aux joueurs, et de ne pas tout changer. C'est l'entraîneur qui va s'adapter au club et non l'inverse. Ma philosophie a toujours été de privilégier un match nul de 3-3 à un de 0-0. »

« Je suis un ancien numéro 10, alors j'ai toujours pensé à comment gagner un match et non à comment ne pas le perdre. Je me demande continuellement comment créer plus de chances de marquer. Le football est un sport spectaculaire. Il ne faut pas oublier que nous devons vendre un produit et que les fans veulent revenir au stade. Il faut jouer pour gagner, mais dans le plaisir. »

Le problème, c'est que du plaisir, il n'y en a pas toujours eu pendant le court passage de Losada à Washington. Dans un article publié le 21 avril 2022, The Athletic expose le malaise ambiant qui planait pendant le règne du technicien argentin grâce à de nombreux témoignages anonymes.

Parmi les choses qui lui sont reprochées, notons d'exiger des joueurs qu'ils suivent un régime strict et qu'ils se pèsent régulièrement au centre d'entraînement de l'équipe. « Si vous étiez trois livres au-dessus de la limite, vous étiez mis à l'amende », a dit une source à The Athletic. « Ils ont passé de l'un des entraîneurs les moins exigeants de l'histoire de la ligue à l'un des plus stricts, a relativisé un autre intervenant cité par The Athletic. Olivier Renard s'en inquiète-t-il?

« Il faut toujours vérifier avec les on-dit, mais d'un autre côté, il faut être capable de reconnaître que Hernán n'avait pas tout faux non plus, a répondu Renard. Quand j'entends que les joueurs avaient de la difficulté à se peser, j'ai envie de leur dire qu'il faut d'abord être un professionnel. Deux ou trois livres, c'est peut-être une blessure qui change à jamais le cours d'une carrière...

« C'est d'ailleurs l'une des choses qui sont le plus reprochées à MLS (que les joueurs ne sont pas en forme, NDLR). C'est important d'avoir des règles. Personnellement, je me souviens bien plus des professeurs qui ont été les plus durs avec moi, ceux qui ont essayé de me rendre meilleur. Fondamentalement, j'aime mieux quelqu'un qui est trop professionnel plutôt que pas assez. »

« Moi aussi, j'ai déjà été ce joueur qui pose des questions et qui n'est pas content de certaines décisions, a continué Losada. Maintenant que je suis de l'autre côté, je sais que c'est un travail qui n'est pas facile. C'est un travail extrêmement compliqué, mais c'est un travail que j'aime.

« Je suis un jeune entraîneur qui continue d'apprendre beaucoup de choses. Je sais que j'ai des choses à corriger, mais je suis prêt à devenir une meilleure personne et un meilleur coach. C'est un défi de garder un groupe de 30 joueurs heureux et motivés. Cela dit, depuis ma nomination, j'ai reçu 20-25 messages d'anciens joueurs et membres du personnel qui sont heureux pour moi. C'est normal de mettre l'accent sur quelques messages négatifs, sauf que je n'ai rien à cacher. »

Losada a également eu maille à partir avec son ancienne direction, lui reprochant notamment d'être frugale au chapitre des dépenses. Entre autres choses, l'Argentin aurait aimé que l'équipe embauche un troisième joueur désigné et il a milité pour l'utilisation d'un bus beaucoup plus confortable pour transporter les joueurs et le groupe d'entraîneurs avant et après les matchs.

Des récriminations qui auraient très bien pu être exprimées par n'importe quel entraîneur qui est passé par Montréal au cours des dernières années. D'ailleurs, le président Gabriel Gervais a réitéré que le club ne cherchera jamais à attirer une grande vedette internationale en ses rangs.

« Notre projet est très clair : nous sommes dans le développement des jeunes. Nous voulons servir de tremplin pour les équipes nationales et les clubs européens, a exprimé Gervais. Nous ne sommes pas comme nos rivaux de la 401 (Toronto, NDLR). Ce n'est pas notre philosophie. »

« Quand quelqu'un est écarté d'un club, il dit des choses sous le coup de la frustration, a conclu Renard. Si Hernán n'était pas d'accord avec notre philosophie, il ne serait pas ici aujourd'hui. »

À noter que le CF Montréal devrait annoncer au cours des prochains jours ou semaines l'identité des adjoints qui complèteront le personnel d'entraîneurs de l'équipe la saison prochaine. Rappelons que l'entraîneur adjoint Kwame Ampadu, le préparateur physique Jules Gueguen ainsi que l'analyste vidéo Maxime Chalier ont aussi accompagné Wilfried Nancy à Columbus.