MONTRÉAL – Clément Bayiha s’est senti bien seul quand ses anciens coéquipiers ont repris le boulot sur le tapis vert du Stade olympique au début du mois de janvier. Pour la première fois en six ans, aucun uniforme ne lui était réservé dans le vestiaire de son club de cœur.

Alors qu’il restait une année d’option à activer à son premier contrat professionnel, Bayiha a été libéré par le CF Montréal au cours de l’entre-saison. Même si le temps de jeu s’était fait rare au cours des deux dernières saisons, l’ancien académicien de 22 ans croyait encore en ses chances de prendre du galon jusqu’à gagner un poste de régulier dans l’effectif de Wilfried Nancy.

« C’est sûr que ça m’a fait un choc de ne plus être à Montréal. J’étais à l’Académie depuis tout jeune, j’avais réussi à monter pro... ça a fait un choc de ne plus être là », répète-t-il.

« Quand la présaison a commencé, ça m’a fait vraiment bizarre de les voir jouer sans moi, de ne plus passer mes journées avec mes bons amis. J’étais avec eux il n’y a pas si longtemps et maintenant, je les regardais de loin. J’en parlais avec eux, ils me manquaient. »

Bayiha ne pouvait toutefois se permettre de verser dans la nostalgie éternellement. « Je devais penser à moi aussi », a-t-il vite compris. Pendant qu’il tournait tranquillement la page sur son ancienne vie, son agent s’activait en coulisses pour lui trouver une nouvelle rampe de lancement.

Des portes se sont ouvertes en Europe et juste avant la fermeture de la fenêtre hivernale de transferts internationaux, Bayiha s’est engagé avec HamKam, le petit nom du Hamarkameratene, un club norvégien qui vient d’être promu en première division du championnat national pour la première fois depuis 2008. C’est là qu’il voyait la plus belle occasion d’obtenir la visibilité nécessaire pour progresser dans le plus haut niveau de son sport.

Arrivé lundi à Hamar, une petite ville « à peu près grosse comme Sainte-Thérèse » juste au nord d’Oslo, Bayiha a pu compter sur l’accueil rassurant de Julian Dunn, un ancien coéquipier en équipe nationale qui vient lui aussi de plonger dans l’aventure européenne. Il s’est entraîné trois fois durant la semaine avant de prendre part au premier match préparatoire de sa nouvelle équipe vendredi. Utilisé pendant toute la deuxième demie, il a servi la dernière passe sur le but décisif dans une victoire de 2-1 sur un club de troisième division.

« J’avais l’objectif de trouver un club qui m’offrait une bonne opportunité de me prouver, d’avoir cette chance de montrer ce que je suis capable de faire. Maintenant que je l’ai, je n’y pense plus vraiment [à Montréal]. Maintenant, j’ai juste une chose en tête, c’est de vraiment montrer mon talent et c’est tout. »

Bayiha a déjà pu constater que HamKam joue en 3-5-2 et déploie ses joueurs d’une façon similaire à celle préconisée par Nancy à Montréal. C’est à la position de latéral droit, celle où il tentait de faire compétition à Zachary Brault-Guillard depuis deux ans, que l’ailier de formation tentera de faire sa place. Son principal rival pour un poste de titulaire sera Aleksander Melgalvis, un joueur local de 32 ans qui a passé toute sa carrière dans le championnat norvégien.

« Il est plus expérimenté, c’est une bonne concurrence. Mais je suis arrivé avec la détermination de jouer. Peu importe qui il y a devant moi, j’arrive avec la détermination et l’envie de jouer. »

Bayhia n’a eu que quelques centaines de minutes à se mettre dans les jambes au cours des deux dernières saisons. Son année 2020, marquée par l’arrivée de Thierry Henry et la gestion d’une pandémie, l’a vu peiner à apprivoiser un nouveau rôle, mais aussi à rester en santé. En quatre apparitions sur le terrain, il n’a même pas joué l’équivalent d’un match complet.

La saison dernière, l’arrivée d’un entraîneur plus familier avec la structure de formation du club et les joueurs qui en sortaient l’a gonflé d’espoir, un sentiment qui s’est avéré infondé. Il n’a obtenu que trois départs, dont un en championnat canadien.

« Je ne vais pas te cacher qu’à chaque année, je voulais plus de minutes. À ma première année, j’en ai eu plus que les autres. Les deux dernières, je voulais ces minutes et elles ne sont pas venues. C’est le choix des coaches. C’est sûr qu’avec mon autre année d’option, j’avais toujours le même objectif de montrer ce que je peux faire, d’avoir plus de régularité. C’était mon objectif premier, avoir une certaine régularité, me sentir bien quand je joue et pouvoir avoir cette confiance du coach et me laisser aller. »

« J’aurais voulu que Wilfried me fasse plus confiance, c’est sûr, poursuit-il. Peu importe lui ou Thierry Henry, mais lui me connaissait mieux, donc c’est sûr que oui, je m’attendais à avoir plus de minutes. C’est sa décision. J’ai essayé de changer cette décision, mais c’est lui qui fait les choix. C’est sûr que j’étais déçu. Il y a eu de la frustration aussi, mais c’est le monde pro. Soi c’est l’un, soit c’est l’autre. »

À Montréal, ça a été l’autre. Bayiha espère maintenant que les choses seront différentes pour lui en Scandinavie. La nouvelle recrue a deux mois devant lui pour cimenter son statut au sein de sa nouvelle équipe. La saison de la Eliteserien doit débuter le 2 avril.